La recette KNOCKED LOOSE n’a beau se montrer ni particulièrement subtile, ni spécialement novatrice, elle n’est reste pas moins diablement consistante et efficace, jugez-plutôt : riffs de mammouths en rut enchainés à la plancha, ambiances malsaines soutenus par de petits leads de guitare vicelards, le tout rehaussé par un gueulard de service qui partage généreusement ses tripes à chaque mot éructé, y’a pas à dire, ça fonctionne toujours auprès de votre humble serviteur. Tancé par l’un de nos bien-aimé lecteurs sur mon addiction pour le Melodeath, je tiens à m’insurger tant le champ métallique que je couvre sur ces sombres pages est large, pour peu que l’on se donne la peine de tester les mixtures à priori peu ragoûtantes.

Depuis "A Different Shade Of Blue", les péquenauds du Kentucky ont trouvé la formule magique en étirant quelque peu la durée de leurs compositions, jusque-là bloquées sous les trois minutes. Et ce n'est pas le départ de Cole Crutchfield, remplacé par Nicko Calderon ici à la guitare rythmique, qui changera quoi que ce soit. Sur cet EP, KNOCKED LOOSE va lorgner sur le Death, voire le Deathcore, pour venir nous matraquer comme un car de CRS à une manif, un cran au-dessus du niveau de violence ressenti jusqu’à présent. "Forced To Stay" en est la plus criante des démonstrations, maniant temps forts et temps faibles à la perfection.

À nouveau produit par Will Putney (FIT FOR AN AUTOPSY), chaque arrangement est au poil et ne se révèle jamais anecdotique, prolongeant les atmosphères suffocantes concoctées par Garris et sa bande. Gavé de breakdowns plus destructeurs les uns que les autres, "A Tear In The Fabric Of Life" ne détonne nullement du reste la discographie des Américains et s’inscrit pleinement dans la lignée de son prédécesseur, avec une fierté bravache, le menton bien en avant ("God Knows", sans doute LE morceau du disque).

Certains aiment le tuning, d’autres les langoustines au Saint-nectaire. Qui sommes-nous pour juger ? Moi, j’aime ce Hardcore Metallique sale et poisseux, pervers et sadique. Si vous jetez une oreille à "Permanent", sachez que vous allez en chier des boules de pétanques. Vous n’êtes pas là pour apprécier, mais pour subir, tel un viking posé sur ses appuis au milieu d’un wall of death en cours de formation. L’issue est connue, elle n’en reste pas moins brutale mais savoureuse.

Sur à peine plus de vingt minutes, KNOCKED LOOSE éparpille façon puzzle. "Where Light Divides The Holler" ouvre les hostilités qui ne s’arrêtent qu’à l’ultime seconde de la galette. Simple – basique, comme dirait ORELSAN (paie ta réf), mais ma foi, c’est un bon résumé de la formule proposée. Concept-album orienté autour de l’histoire d’une personne en proie à un extrême chagrin (et visiblement un petit peu de colère tout de même, à l’évidence), et accompagné d’un court-métrage de circonstance réalisé par Magnus Jonsson, disponible sur ioutioube, le potentiel anxiogène des images alliées à la musique décuple l’impact du rendu de l’œuvre. Je ne saurais donc que trop recommander l’expérience aux amateurs.

Note réelle : 3,5/5, que j’arrondirai néanmoins arbitrairement à la baisse. KNOCKED LOOSE a fait, et fera mieux, en instillant quelques hooks supplémentaires à ses viles mandales, sans pour autant aller aguicher le touriste.