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- Style : Comeback Kid, Hatebreed, Thrown, Incendiary, Johnny Booth

KNOCKED LOOSE - You Won’t Go Before You’re Supposed To (2024)
Par KOL le 17 Juin 2024          Consultée 1286 fois

Il y a quelque-chose de primal, de viscéral, de terrifiant dans le premier hurlement qui ouvre ce troisième (seulement) LP des Américains de KNOCKED LOOSE. La violence de cette introduction me rappelle brièvement ce que j’avais ressenti il y près de trente piges en lançant le CD de "The Great Southern Trendkill" de PANTERA. Pas de chichi ici (si tu dérapes, on te chie dessus de toutes façons), le ton est donné d’emblée et saura magnifiquement tenir la distance tout au long des 27 minutes de l’opus. Court, peut-être, mais vu l’intensité que les p’tits gars du Kentucky ont foutue dedans, ma foi, ce n’est peut-être pas plus mal…

Quand on te crache à la gueule que "You Won’t Go Before You’re Supposed To" (tu ne bougeras pas ton cul tant qu’on ne t’auras pas dit de le faire, traduction non littérale mais c’est bien ce que cela signifie en filigrane, pour les anglophobes) de manière aussi déterminée, ben tu poses gentiment ton derche sur le tabouret, te fais rouster la tronche de toutes parts, tu prétends sourire proprement en mode « même pas mal », et quand ça s’arrête, tu comptes tes chicots et tu dis « merci messieurs ».

Fleurtant depuis quelques années avec une reconnaissance plus large, le groupe aurait pu faire ce que tant d’autres ont entrepris avant eux : adoucir légèrement la recette pour basculer dans la catégorie des groupes qui comptent aux yeux d’un plus grand nombre. Ce n’est pas nécessairement sale, et voir même compréhensible quand on officie sur certaines niches. ARCHITECTS, PARKWAY DRIVE, GOJIRA : les exemples sont légion, sans pour autant que l’intégrité profonde de ces formations ne puisse être remise en question et qui ont su proposer des opus de qualité même après leur mue plus mainstream. Mais KNOCKED LOOSE ne mange pas de ce pain-là (il les collent plutôt souvent dans le museau comme dirait Chuck Norris), et a littéralement fait l’inverse, tant cette cuvée 2024 est sans doute la plus brutale de leur courte discographie. Mais paradoxalement (ou pas), c’est à mes yeux la plus aboutie également.

De l’eau a coulé sous les ponts depuis "A Different Shade Of Blue" en 2019. Un très bon EP, qu’il me reste à chroniquer d’ailleurs, en 2021 ("A Tear In The Fabric Of Life"), quelques concerts ici et là, et puis… Pas grand-chose. Ah, si Cole Crutchfield a pris sa gitoune sous le bras et s’est barré, laissant place libre à Nicko Calderon. Soit… N’empêche qu’ils se sont faits rudement attendre les bougres, mais force est de constater que ces atermoiements valaient le coup. Pour décrire simplement le style du combo, essayez d’imaginer du gros Hardcore metallique à la HATEBREED ou INCENDIARY, quelques riffs malsains que SLAYER n’aurait pas reniés, et un côté déstructuré pas si éloigné du Mathcore ou d’un CODE ORANGE. En ce qui les concerne, l’appellation Metalcore serait bien trop restrictive.

C’est donc parti pour un peu moins d’une demi-heure de castagne, de riffs gras mais tranchants, de breakdowns, de hurlements par le braillard en chef, ce bon vieux Bryan Garris, casquette vissée sur le crâne tel un Riley Gale (POWER TRIP, rip), leader de la meute assoiffée qui constitue KNOCKED LOOSE. D’une durée moyenne de trois minutes, les titres vont droit au but, et c’est un vieux supporter du PSG qui vous le dit, ne lambinent pas en chemin, mais parviennent par quelque sorcellerie à être suffisamment riches pour poser des ambiances malsaines tout en s’avérant assez chaotiques, dans le bon sens du terme. Si les premiers essais avaient pu me frustrer avec des pistes de deux minutes à peine, il me semble que le gang d’Oldham County a retenu la leçon récitée déjà avec efficacité sur leur précédent LP, étirant un chouya la longueur des chansons pour leur offrir une dimension plus maîtrisée.

Chaque titre est une tuerie absolue, de l’opener "Thirst au plus posé et conclusif "Sit & Mourn", qui démontre une facette nouvelle des Ricains. Mais s’il ne me fallait retenir qu’un seul morceau de "YWGBYRST" (dit comme ça, on dirait un groupe de Black Atmo chroniqué par Storm, certes), ce serait sans doute "Suffocate", qui invite la damoiselle POPPY au massacre. Sordide, éprouvant, ultime exutoire, pesant douze tonnes et demi (j’y tiens, j’ai pesé précisément la bestiole), la piste est absolument sublime, en ce qu’elle porte autant son blaze que la pochette de "Vulgar Display Of Power" était révélatrice du contenu du disque à l’époque. L’impression d’avoir un sac platique noué autour de la gorge est bien prégnante. En parlant de guests, "Slaughterhouse 2" voit Chris Cerulli rendre la pareille à Bryan Garris, qui était venu gueuler sur "Slaughterhouse" à l’occasion du dernier album (raté) de MOTIONLESS IN WHITE. Si c’est-y pas mignon cette bromance, toussa toussa…

Au vu de tous ces commentaires laudatifs, vous vous demandez certainement, chers lecteurs, pourquoi "You Won’t Go Before You’re Supposed To" ne figure pas en sélection du site. Primo, j’ai déjà pas mal squatté la catégorie reine de NIME ces derniers temps et laisse ainsi volontiers la place à mes camarades. Secundo, il n’y a rien ici de véritablement novateur dans la formule proposée par KNOCKED LOOSE. Simplement une efficacité de tous les diables, une plénitude dans la maitrise instrumentale et rythmique, et une authentique intensité qui vous prend à la gosier comme aux tripes pour ne pas vous lâcher, avant de vous laisser choir votre corps au sol, vidé de toute résistance.

Bref, un très solide 4,5/5 et une grosse baffe en prime.

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- Bryan Garris (chant)
- Nicko Calderon (guitare)
- Isaac Hale (guitare)
- Kevin 'pacsun' Kaine (batterie)
- Kevin Otten (basse)


1. Thirst
2. Piece By Piece
3. Suffocate (ft. Poppy)
4. Don’t Reach For Me
5. Miss Covers All
6. Take Me Home
7. Slaughterhouse 2 (ft. Chris Motionless)
8. The Calm That Keeps You Awake
9. Blinding Faith
10. Sit & Mourn



             



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