Dans les années 2000, les sacripants Suédois de ONDSKAPT ne faisaient pas de la figuration. En proposant des albums résolument sombres et malsains à l’instar du "Dödens Evangelium" sorti cinq ans auparavant, mais aussi du séminal "Draco Sit Mihi Dux", ils creusèrent un sillon jonché d’infernalités, de venins et de bile. Acerbus le maître chanteur et principal compositeur de cette entité possède tous les attributs de l’infréquentabilité, et cette aversion qu’il revendique à autrui transpire avec acidité dans ses compositions. "Arisen From The Ashes" aura mis cinq ans à sortir, la faute au déménagement du frère d’armes d’Acerbus, le bien-nommé Nabemih indisponible quelques temps, au départ de Wredhe parti conspirer avec SHINING, mais surtout à l’investissement du sieur Acerbus au sein de IXXI ; groupe de Black Metal d’arrachés de service qui comprenait en son sein notamment le génialissime Nattdal (LIFELOVER) décédé en 2010.

Signé chez Osmose Productions, "Arisen From The Ashes" marche sur les pas de l’album qu’il succède. En effet la recette reste inchangée et s’articule autour d’aspects rythmiques plutôt en mid-tempo sous couvert bien entendu de quelques passages frénétiques de blasts bien sentis. ONDSKPAT réussit toujours depuis ses débuts à capturer un peu notre attention d’écoute. La raison pourrait être le ressenti général que l’on perçoit des ambiances que ONDSKAPT crée. C’est quasi impalpable mais je remarque qu’une sorte de diablerie accompagne de façon oppressante les riffs poisseux, les lignes de basse nettement perceptibles. Des titres comme "A Graveyard Night" ou "Vehicle Of Stone" représentent à mes yeux des éclats des enfers. Hantés, habités, infestés, ces deux horreurs se larvent parmi les salaceries infectes et les torpeurs aigries. Il faut dire aussi que le chant d’Acerbus a son petit effet sur l’investissement de "Arisen From The Ashes" à plonger dans les abîmes. Son jeu vocal, jamais trop criard, jamais exubérant ni démonstratif est au service de l’esprit malin de ONDSKAPT. Le son de la batterie légèrement mis en avant dans le mix, et son jeu rythmique joue aussi des tours à notre esprit en le rendant servile.

Si sur certains titres, la sauce Satan prend nettement le pas, sur d’autres elle prend moins. La deuxième partie de l’album et en-deçà de la première et c’est assez net. Je dirai même qu’elle s’accentue au fur et à mesure que les titres se succèdent, même si le titre éponyme fort heureusement est une bénédiction – que dis-je ! – une malédiction qui tombe à pic et évite de justesse un empêtrement. ONDSKAPT ne produit pas son meilleur album mais concrétise tout de même une belle réalisation. Les riffs flirtent régulièrement avec la dissonance, leur donnant un charme envoûtant certain et se faisant les dignes compagnons d’augustes ténèbres.

Je reste moins bluffé que les deux précédents albums mais je ne boude pas mon plaisir à réentendre certains titres de "Arisen From The Ashes" qui me procure toujours cette invariabilité hypnotique. Le résultat est honorable mais ne clouera pas mon cercueil. Dix ans vont passer maintenant, dix ans où ONDSKAPT ne va plus donner signe de vie avant de sortir un ultime album : "Grimoire Ordo Devus" que je vous chroniquerai prochainement, et qui comprend aussi quelques sombres pépites mais aussi quelques reproches. Pour l’heure ONDSKAPT n’est plus, la bête est retournée dans son antre hostile entourée de clapots rougeoyants et brûlants qui la protègent fidèlement.