Serait-ce l’album de trop ? Peut-être pas quand même faut pas déconner, le Black Metal de ONDSKAPT restera toujours au-dessus de la mêlée. Néanmoins il était sans doute temps que cela s’arrête, concédons-le. "Arisen From The Ashes" avait dévoilé quelques craquèlements bien identifiables, alors quand "Grimoire Ordo Devus" - après dix sombres années de césure – paru toujours chez Osmose Productions, les aficionados du groupe se mirent en branle pour se délecter d’un probable dernier festin. Dans l’intervalle, Acerbus (le compositeur principal de ONDSKAPT depuis sa création) s’était délesté de tous les autres membres après avoir décidé de faire de ONDSKAPT, un groupe impliqué à jouer le plus possible en live.

Armé de jeunes loups et une pandémie plus loin, "Grimoire Ordo Devus" sortait enfin des entrailles de l’enfer pour déployer l’étendard de Satan et courir férocement et fièrement à la gorge des ennemis de ONDSKAPT. Car ce groupe a toujours eu l’ambition et la volonté d’être le porte-parole des démons, et Acerbus son porte-voix. Du reste, à l’instar de groupes tels que FUNERAL MIST, WATAIN, OFERMOD ou bien encore DEATHSPELL OMEGA, il est aisé d’attribuer à ONDSKAPT cette étiquette « sataniste » tant l’ambiance qu’il délivre à chacun de ses méfaits pue le Mal et l’occultisme.

Depuis sa tendre jeunesse Acerbus - qui dormaient occasionnellement dans les cimetières pour s’imprégner des gisants - est saisi par l’obscurité et l’anti-religiosité. En constituant ONDSKAPT avec Nabemih en 2000, nos suédois ont sublimé leur fiel atrabilaire en intensité cinglante et sombre au service de rythmes hypnotiques et de riffs malsains. Depuis le premier album de ONDSKAPT, le non moins fameux "Draco Sit Mihi Dux" adulé à raison par beaucoup, Acerbus & Co ne se sont jamais dévoyés ni ne se sont jamais embarrassés à faire autre chose qu’un Black Metal crude et hanté par un bestiaire maléfique. Cette ambition a toujours constitué l’aura et le fil rouge de la discographie de ONDSKAPT, et ce dernier album n’y échappe heureusement pas.

Maintenant il est le moins passionnant des quatre selon moi. La faute sûrement à une moindre audace à provoquer cette espèce de mélasse hypnotique, cette gêne infecte, cet inconfort malaisant qui ont toujours fait remarquer ONDSKAPT comme une entité à part et toute puissante. "Grimoire Ordo Devus" passe et repasse mais ne captive pas tant que cela, hormis " Anima Malum Daemonium" et peut-être les trois derniers titres que l’on apprécie à se passer en boucle. Acerbus a tenté quelques incartades, notamment en proposant quelques effets sonores (le passage du film « Witch » de David Lynch au milieu du titre "Possession", l’outro de Alfred Schnittk concluant "Excision" et donc l’album), ou en constituant chacun des titres comme les chapitres d’un rêve prolongé. Mais hormis cela, et malgré les qualités indéniables des vocaux ténébreux de Acerbus, la production limpide de cet album, pas grand-chose d’autre ne m’emballe. Rien à redire, c’est bien joué, les riffs sont catchy mais sans doute trop linéaires. Les blasts ont pris trop de place, les dissonances ne se manifestent plus de la meilleure des façons et ont été réduites à peau de chagrin…

Vous l’auriez compris, "Grimoire Ordo Devus" me laisse sur ma faim mais me permettra toujours d’animer quelques soirées enneigées. Les abîmes des enfers, leurs visions d’horreur et les ambiances malsaines me manqueront cependant davantage, et me condamneront à toujours me retourner vers les trois autres albums et en particulier les cultissimes "Draco Sit Mihi Dux" et "Dödens Evangelium".

Note réelle : 2,5/5.