Dans le milieu vaste, sombre et opulent en sorties du Raw Black Metal, il existe un public fidèle et dédié à cet univers underground et qui reste accroc à ces sonorités brutes, authentiques violentant le corps dans un peau à peau maléfique, frontal, direct et crude à la fois. Pour les non-initiés le Raw est synonyme d’enregistrement sur un quatre pistes afin d’obtenir le son le plus indéfinissable possible. Mais il n’en est rien. Vous parler des figures de proue, des pères fondateurs ou des fils de la horde actuelle relèverait d’un lexique à construire et à proposer à tous les damnés et/ou les curieux de ce webzine. Un jour peut-être.

VAMPIRSKA n’est pas un inconnu a sein de cette scène. Américain de son état, le sieur Ahravorna biberonné plus que nécessaire aux LLN (Les fameuses Légions Noires) – collectif français légendaire des années 90s promulguant une philosophie et une éthique très underground, s’opposant aux velléités commerciales ou à l’expansion du Black Metal vers un large public, et cultivant l’obscurité et le mystère en refusant notamment interviews, concerts ou autres outils médiatiques – avec des groupes tels que MÜTIILATION, BELKÈTRE ou bien encore BRENORITVREZORKRE et VLAD TEPES s’en est passablement enivré au point d’en conserver aussi quelques postures et de jouer aussi avec une certaine forme d’anonymat.

Pour en revenir à cet album, il reste très adoubé par les fans au point d’être porté aux nues parmi les meilleurs albums Black Metal de 2024 et à la lecture intense et renouvelée des titres de "A Liminal Heart Paints The Deepest Shade Of Serenity" je les comprends. Si certes le concept de vampirisme est quelque peu éculé, les ambiances de VAMPIRSKA ne convole certainement pas vers le Gothico-Black Metal de qui on sait. Non, la musique d’Ahravorna est bien plus tourmenté que cela. En effet, avec bien plus de subtilités en comparaison de ses précédents albums, VAMPIRSKA a gagné en mélodicité et en atmosphères. En utilisant parcimonieusement les claviers, notre Américain s’est adjugé par exemple un titre exemplaire sombrement mélancolique et détaillant des paysages sonores mélancoliques et hivernaux du plus bel effet. Je parle de "The Angels Cry, Altered Evocation To Inflict Hopelessness". À l’écoute de celui-ci je ne peux que me rappeler certains titres tout aussi superbes présents sur le "In Times Before The Light" de COVENANT. Très réussi, "The Angels Cry, Altered Evocation To Inflict Hopelessness" donne ce coup de fouet émotionnel poussant à écouter l’album avec plus de passion encore.

Et d’autres titres sauront galber un peu plus la superbe hantée de ce disque. "Duality Of Dreams, A Vampyre’s Deathly Sorrow" et ses trépignements frénétiques d’une batterie aux abois et d’une précision redoutable (notons que Ahravorna sait y jouer depuis ses huit ans…), ou bien encore la planante et hypnotique "The Memories Of Drowning, The Shadow Of Living In This Disease… Nothing To Break The Cycle" (désolé pour la longueur des titres mais mon éthique personnelle et mon respect des artistes ne me permettent pas de tailler dans le gras ou de leur adjuger des sigles ou bien plus encore de les affubler de sobriquets. Encore désolé donc !) avec son mid-tempo fiévreux et spectral juste envoutant et mélancolique à souhait. Mention spéciale aussi au titre "…Fear the Moon, And Fear The Flesh That Breaks And Bleeds" qui comme ceux précités riffe du tonnerre.

En sus d’une technique irréprochable et d’une production bien honorable, VAMPIRSKA joue une carte singulière. Notre Américain est toutefois assez éloigné d’un ORDER OF NOSFERAT, bien plus belliqueux et brouillon notamment au travers des deux albums que le duo germano-finlandais nous a présenté en 2024, autant qu’il ne peut se rapprocher davantage de la musique d’un autre amateur de l’imagerie vampirique : le Hongrois de DENEVÉR. Les aficionados de belles mélodicités, d’une lugubrité acceptable sans trop en faire, et curieux avant tout de découvrir un Black Metal qui a du chien en auront pour leur compte. Ahravorna est à surveiller eu égard à son inspiration et à son jeu instrumental irréprochable. Un très bon disque de 2024.