Il est rare que je sorte des sentiers battus et que je me risque à écouter - et d'autant plus à chroniquer (*)- des styles qui me sont peu familiers, mais je dois bien avouer m’être laissé amadouer, voire séduire par VEIL OF MIST.

Formation rémoise évoluant dans un Gothic Metal Symphonique pur jus, "Another End Is Possible" est le second album studio du trio, prenant une direction plus sombre et orchestrale que "Disenchantment" sorti sept ans plus tôt.

À l'instar de nombreux groupes en période de COVID, l'occasion a été de plancher sur l'écriture, l'enregistrement et le mixage d'une nouvelle galette, et la magie du "télétravail" a permis entre autres de débaucher Alex Landenburg (KAMELOT) derrière les fûts comme batteur de session, rien que ça.

L'intensité est ainsi soutenue dès les premières secondes de "Indelible", et l'énergie libérée tant dans le rythme imposé par les percussions que par les cordes, associée à la voix désenchantée mais bourrée de prestance d’Amandine Rosselle sort des carcans d'un Gothic Metal trop élégiaque ou mou des genoux. "A Scarlet Path To Virtue" démarre ainsi également pied au plancher et assène un riff simple mais efficace.

Le chant d’Amandine Rosselle est singulier dans son timbre, sortant des sopranos conventionnels soporifiques, et évoluant aisément dans du mezzo voire du contralto sur des titres plus sombres tels que "Letter From Heaven Street". Le travail d'approfondissement de sa tessiture semble même aller jusqu'à chercher du chant saturé sur "A Scarlet Path To Virtue" doublant le chant masculin en scream sur la fin du couplet. L'autre point fort de la frontwoman est sa diction fluide sur une constitution de vers plutôt complexes : point d'accent frenchy à couper au couteau ou de saccades dans le phrasé, rythmant ainsi efficacement les titres.

Sans péjoration, une routine s'installe dans la construction des morceaux, attaquant généralement frontalement, suivi de passages mid-tempo acoustiques, avant l'introduction d’harmonies ou d’orchestrations, apportant un côté fédérateur aux titres.

Un petit bémol demeure dans l'aspect d’essoufflement des pistes au fur et à mesure de l'album, tous les chevaux et bangers étant lâchés d'entrée de jeu, l'intensité décroît de manière plus remarquable sur certains titres comme "The Light Of A Century" ou "Foreseeable End". Remarque faite, ces derniers arborent en contrepartie un aspect mélancolique plus prononcé, et mon côté Coreux doté d'une sensibilité de table basse n'est peut-être pas assez formaté pour me plonger totalement dans les compositions. Je m’incriminerai dans le doute. Allez, en toute honnêteté, "Unconditional" (traitant de la maternité/paternité) m’a quelque peu piqué au vif.

Les deux titres bonus réenregistrés pour l'occasion et issus d’anciennes compositions pâtissent de la comparaison avec les huit pistes originales de l'album, beaucoup plus matures et structurellement détonantes avec le reste, mais s'agissant de bonus, je ne cracherai pas davantage dans la soupe !

"Another End Is Possible" apparaît donc logiquement comme l'album de la maturité pour VEIL OF MIST, et bien que non exempt de quelques longueurs, la qualité de son autoproduction est irréprochable et délivre un Metal à la fois réfléchi et introspectif, tout en gardant une dynamique prononcée.
Depuis la sortie studio, le trio est redevenu un quintet avec la réintégration de leur ancien guitariste Cédric Vassal et l'embauche d'un batteur (John), prêts à défendre leur production en live auprès d'une scène locale (a minima) chanceuse.

Note réelle : Un bon 3,5/5, les amateurs plus aguerris du style y trouveront certainement leur compte !

Morceaux préférés : "Letter From Heaven Street", "A Scarlet Path To Virtue (The Archangel Of Terror pt. II)", "Indelible".

(*) Anecdote : il m'aura fallu une quarantaine d'écoutes pour accoucher de ces quelques lignes, comme quoi l'exercice n'est pas inné si tant est qu'il faille sortir de sa zone de confort !