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1988 Vivid
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1988 Vivid
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LIVING COLOUR - Vivid (1988)
Par DARK BEAGLE le 6 Mars 2024          Consultée 691 fois

L’histoire de LIVING COLOUR n’est pas des plus banales et elle ressemblerait presque à un conte de fée pour Metalleux s’il n’y avait pas toute cette dimension sociale autour du groupe. LIVING COLOUR, à la base, c’est Vernon Reid, un guitariste de Jazz qui commençait à se faire connaître. La formation a eu divers line-up avant de se stabiliser en 1986 autour de Corey Glover au chant, Will Calhoun à la batterie et Muzz Skillings à la basse (ce dernier sera le seul concerné par un changement de personnel quelques années plus tard) et elle fait ses armes en donnant des concerts, principalement au CBGB, le célèbre club newyorkais. Là où nous rentrons dans le domaine du conte, c’est quand Reid faisait quelques piges pour l’album "Primitive Cool" de Mick Jagger et que ce dernier est allé voir jouer son guitariste. Le chanteur des STONES a été très agréablement surpris par ce qu’il a entendu et il a fait en sorte que la bande de Reid puisse enregistrer sous sa direction deux démos, qui confortèrent Epic dans l’idée de signer LIVING COLOUR – ce n’est pas tous les jours que l’on a un parrain aussi prestigieux.

Car il faut bien comprendre un truc : un groupe de noirs qui joue du Rock, d’autant plus une musique assimilée au Metal, ce n’est à cette époque pas vendeur. Entre une certaine misogynie et une suprématie blanche, ce n’était pas l’univers le plus open minded qui soit. Et ce n’était pas non plus vendeur pour les radios et labels « noirs » qui ne voyaient pas forcément le Rock d’un très bon œil – trop éloigné de certains clichés raciaux. Les deux millions d’exemplaires vendus de "Vivid" ne doivent cependant rien au hasard. Outre sa qualité exceptionnelle que nous découvrons une fois le disque posé sur la platine, il y a avant tout un single qui a complètement changé la donne, "Cult Of Personality", dont le clip tournait en heavy rotation sur MTV. Là encore, il n’y a pas vraiment de hasard, la chanson est suffisamment bonne pour qu’elle soit très demandée.

Et c’est justement "Cult Of Personality" qui ouvre le bal de cet album à la pochette très bariolée, qui offre un patchwork étonnant. Et ce n’est pas le titre le plus représentatif pour expliquer le style de LIVING COLOUR si tant soit peu un seul pourrait le définir. Non, LIVING COLOUR, c’est un brassage musical qui ratisse large, mais qui reste cependant cohérent, un truc assez inclassable, que l’on va donc ranger dans la catégorie Fusion pour tous ces passages Funky qui émaillent "Vivid". Nous retrouvons également des touches Jazz (beaucoup de soli déconstruits de la part de Reid ; on aime ou on déteste, mais ils apportent sa personnalité aux morceaux, ils contribuent à les rendre encore moins conformistes), de Reggae, mais également de Punk. Un melting pot qui aurait pu être dangereusement instable, mais qui tient bien la route.

"Cult Of Personality" démarre avec un speech de Malcolm X et s’achève sur la voix de John Fitzgerald Kennedy. Entre, nous avons droit à un riff bien Metal, direct, sec et accrocheur, une section rythmique qui prend de l’espace, groovy à souhait et bien moins téléphonée que les standards de l’époque côté Rock, ainsi qu’un chanteur expressif, à la voix chaude éraillée juste ce qu’il faut. Il y a un joli travail mélodique d’effectué sur les refrains, le solo de Reid fait grincer des dents ou non et la chanson offre un premier contact franc et plaisant. La suite n’a pas à rougir, la qualité d’écriture se veut très constante, quel que soit le genre abordé. Et c’est une sacrée balade à laquelle nous sommes conviés, nous, pauvres fous à s’être laissé aguicher par la curiosité !

Difficile de ne pas succomber à la terrible introduction de "Desperate People", qui conduit à un autre titre bien Heavy et inutile de chercher à résister à la sublime "Open Letter (To A Landlord)", qui alterne les passages calmes et les riffs typiquement Hard Rock avec un sens de l’enchaînement rare. A l’opposé du spectre, nous avons "Funny Vibe" qui est un Funk bien dense ponctué par quelques passages plus typiquement Metal sur laquelle apparaissent Chuck D et Flavour Flav de PUBLIC ENEMY (qui prendront le pli de collaborer avec des groupes Metal, cf ANTHRAX) qui viennent déverser leur flow, ou encore ce "Memories Can’t Wait", cover des TALKING HEADS éblouissante puisque le groupe se l’est complètement appropriée, elle se fond parfaitement dans l’ensemble et si même si nous connaissons l’originale, il y a moyen de se faire surprendre.

Nous retrouvons Mick Jagger à l’harmonica sur "Broken Hearts", le titre qui pourrait s’assimiler le plus à une ballade, même si Reid reste prêt à intervenir à tout moment. L’aspect Soul de ce titre est très plaisant et permet de souffler un peu avant une fin d’album riche en couleurs. Le ROLLING STONES vient justement faire quelques chœurs sur "Glamour Boys", plus chaloupé et très dansant, qui donne l’impression d’être emmené en croisière dans les Caraïbes. C’est très vivant et le groupe continue dans sa lancée pour nous balancer un Funk épileptique ("What’s Your Favorite Colour ?") et un morceau terriblement accrocheur, à la guitare enivrante, "Which Way To America ?" qui met fin au débat de bien belle façon, à l’opposé de l’opener question style, mais les deux se marient pourtant très bien.

Et si le tout semble joyeux, ce n’est pas toujours le cas. Les paroles du groupe tranchent également avec pas mal de formations de Hard Rock de ces années-là. Ça ne parle pas trop de filles, de faire la fête ou de sexe, les sujets sont souvent sociétaux et se veulent même plutôt bien écrits (là encore, se pencher sur "Open Letter (To A Landlord)" revient à se prendre une autre petite baffe, le texte écrit en collaboration avec la poétesse urbaine Tracie Morris parle de ces promoteurs immobiliers qui n’hésitent pas à raser des quartiers pauvres pour construire des immeubles plus classieux ou middle class par-dessus, du point de vue d’une personne qui vit dans cette pauvreté et qui ne la renie pas, les souvenirs restant malgré tout). Reid œuvre pour plus d’égalité entre les blancs et les noirs, il a fondé la Black Rock Coalition en 1985 pour lutter contre les discriminations dans l’industrie musicale et ses combats se ressentent dans ses textes, même s’il sait également déconner parfois.

Avec "Vivid", LIVING COLOUR frappe très fort, il s’agit d’un premier album magistral ou rien n’est vraiment à jeter. Nous pouvons très bien trouver un ou deux titres un peu plus faibles, mais cela reste très convainquant malgré tout. Le groupe semble avoir deux ans d’avance et se démarque dans un paysage musical avec lequel il n’a finalement pas grand-chose à voir, si ce n’est de partager les mêmes pages des magazines de l’époque avec MÖTLEY CRÜE, POISON ou RATT par exemple. "Vivid" est encore aujourd’hui très moderne dans sa conception ; la prestation de la section rythmique a peut-être un peu vieillie – elle claquerait encore plus aujourd’hui – mais le disque fonctionne toujours très bien et donne envie de bouger. Impossible de rester statique face à tant d’entrain et devant cette réussite insolente. Et dire qu’après ça le groupe n’allait pas se reposer sur ses lauriers !

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   DARK BEAGLE

 
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- Corey Glover (chant)
- Vernon Reid (guitare)
- Muzz Skillings (basse)
- Will Calhoun (batterie)
- Mick Jagger (harmonica, choeurs - invité)
- Chuck D (chant - invité)
- Flavour Flav (chant - invité)


1. Cult Of Personality
2. I Want To Know
3. Middle Man
4. Deperate People
5. Open Letter (to A Landlord)
6. Funny Vibe
7. Memories Can't Wait
8. Broken Hearts
9. Glamour Boys
10. What's Your Favorite Colour ? (theme Song)
11. Which Way To America ?



             



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