Au commencement, était un Punk Hardcore assez pur, tendance barjotté.

C’est ainsi que l’aventure de POGO CAR CRASH CONTROL (P3C) a démarré avec cet EP séminal éponyme, en 2016. Si le groupe est aujourd’hui difficilement catégorisable, se baladant allègrement entre New Wave, Thrash et Groove Metal, P3C s’est pourtant lancé avec des racines bien définies et claires, si l’on admet l’adjonction d’une bonne dose de folie que je qualifierai de Pattonesque (pensez à certaines loufoqueries de MR BUNGLE ou plus encore à DEAD CROSS, le projet Hardcore du génie scatophile & clownesque). Les fans des DEAD KENNEDYS et de Jello Biafra devraient pouvoir y trouver leur compte également ("Royaume De La Douleur").

Ce premier jet démontre déjà une identité marquée, principalement à travers le rythme, mais surtout le chant et les textes d’Olivier, dont l’énergie débordante m’évoque les aspects les plus "Rock" de la MANO NEGRA, dans une version plus moderne évidemment ("Consensuel" : en un mot ou en deux mots, ôtez-moi un doute ?). C’est cette envie qu’il convient de retenir de cet opus, plus qu’une quelconque maîtrise instrumentale, même si la basse de Lola Frichet castagne bien au fond du mix. Mais a-t-on jamais reproché aux SEX PISTOLS de jouer comme des manches ? Les frangins Péchinot font le boulot demandé, pied au plancher, ni plus, ni moins.

A posteriori, la mutation métallique du combo est difficilement anticipable à l’écoute de ces 17 minutes, tant la musique de la formation francilienne ne contient aucun élément préfigurant du virage à venir, si ce n’est cette hargne sèche et frontale, à l’instar du "Crève", qui vient encore conclure les concerts en 2024. Mais si P3C ne fait pas de quartier, on peut déceler néanmoins quelques signes de sophistication ("Royaume De La Douleur", encore lui, sans doute le meilleur titre de la galette).

Pour un premier cri, le travail sur les voix est vraiment intéressant. Simon vient régulièrement prêter renfort à Olivier dans une alternance de contrepoids, de chœurs et d’harmonies plutôt bien vues. Les compositions, bien que courtes, contiennent leur lot de surprises dans leur construction, ce qui évite toute lassitude à mi-parcours (pour un EP, ça serait un comble). Le son est déjà bien abouti, notamment bien abrasif sur les grattes pour mieux complémenter la rondeur de la basse. En parlant des guitares, elles sont plus travaillées que ce que la première écoute pourrait laisser penser. Il y a toujours un petit gimmick qui traîne au fond, bien branlé, limite vicelard et un peu foutraque (les DEAD KENNEDYS, encore et toujours).

Après, il n’y a rien de bien dingo à tout cela, on ne va pas se mentir. Même les fans de Punk en conviendront. Les refrains sont insignifiants, même si deux trois paroles feront sourire, dans le bon sens du terme. Subsiste néanmoins ce sentiment que POGO CAR CRASH CONTROL en a gardé sous la pédale, détonnant franchement dans le paysage musical, tout en intuitant par petites touches de sincères qualités, quoiqu’encore un peu maladroitement restituées. Et puis, au-delà de toute considération intellectualisée et pédante à la Juan Branco (quelqu’un a des nouvelles, d’ailleurs ?), il y a déjà cette fougue, cette ardeur insensée et perchée, premier degré assumé, mélange de volonté de tout casser et d’attitude désabusée, qui a juste envie d’en découdre, sans se soucier des conséquences.

Pour vous, ce n’est peut-être suffisant, mais pour moi ça veut dire beaucoup ! Et si au final, t’es toujours pas content : "Ta gueule et crèèèèèèèèève" !