Chouette, une petite nouveauté de Rap Metal, ça fait longtemps qu’on n’a pas couvert le genre sur NIME !

Lance le disque… Le doute s’installe… Puis la perplexité… Enfin, la consternation…

Chouette, une nouvelle daube à chroniquer, ça fait longtemps que je n’avais pas trouvé un disque sur lequel je pourrai vomir toute ma bile de musicien raté reconverti en scribouillard miteux.

Que voulez-vous, je suis d’un naturel positif, toujours à voir le bon côté des choses, à moins que ce ne soit le fruit des anti-dépresseurs que je viens de m’enfiler par suite des écoutes répétées de "Detox", dont le nom s’avère du coup prémonitoire en ce qui me concerne. Précisons d’emblée que je n’ai rien contre le genre, j’aime même certains morceaux de HOLLYWOOD UNDEAD, c’est dire si je vais loin ! Idem pour le Hip-Hop, j’en ai bouffé des masses dans ma jeunesse à cause de mes satanés collocs. Alors ok, ça remonte à loin, mais même de nos jours, je ne crache pas sur un petit CYPRESS HILL, un NTM ou bien évidemment les immenses BEASTIE BOYS (RIP Adam Yauch), dont je garde un souvenir ému sur scène, quelque part dans un coin reculé de Belgique (à moins que mon enthousiasme alors juvénile ne soit le fruit d’abus de Tripel Karmeliet).

Mais là, franchement, ça ne fonctionne pas du tout, je suis désolé (pour eux, mais aussi pour moi). Pourtant, les gaillards ont du kilomètre au compteur, quoi, merde ! Formés en 1994, les Californiens n’en sont pas à leur premier méfait, la cuvée 2023 étant tout de même leur quinzième disque. À croire que productivité ne rime pas en l’occurrence avec qualité. S’auto-proclamant rois du G-Punk (en référence à la G-Funk, vous l’avez ?), (HED) P.E., dont le blase signifie Heavy Head Planet Earth ou un truc comme ça (les versions diffèrent), officie clairement dans un registre Fusion, allant du Rap au Punk Rock, s’essayant à l’occasion à étirer leur spectre vers des samples BEASTIèsques ou des envolées plus Hardcore. Sur le principe, pourquoi pas ? Dans la pratique, en fait, pas du tout.

Écrire de bonnes chansons dans un genre précis est un challenge en soi. Peu finalement y parviennent réellement. Cultes sont ceux qui réussissent à inventer un morceau qui peut se décliner dans différents styles. Du genre de "Seven Nation Army" des WHITE STRIPES ou de "Baby One More Time" de Britney SPEARS (on ne ricane pas au fond, je suis sérieux). Déclinez ces titres en Techno, en Reggae, en Metal, en Funk, en-ce-que-vous-voulez, ça marchera toujours. Mais le faire en mixant les influences à ce point, il faut être sacrément doué, béni par Satan, s’appeler le Grand Maître du Metal, sinon, c’est la foirade assurée. D’aucuns diraient que cela s’appelle : "péter plus haut que son cul". Et comme le disait Pierre Thomas Nicolas Hurtaut : "pisser sans péter, c’est aller à Dieppe sans voir la mer". Autant j’adore la mayonnaise, autant je ne mangerais pas des jaunes d’œufs crus et de l’huile d’olive séparément. Bref, vous l’aurez compris, "Detox" est raté, mais il m’appartient quelque peu d’argumenter, paraît-il, faute de quoi ma chronique passerait sous les fourches caudines de mes bien estimés collègues. Mais par où commencer ?

Je pourrais vous parler de l’absence de ligne de basse décente, par exemple. Quand on prétend avoir des racines Funk, Soul ou Reggae, c’est tout de même gênant (pour eux). Rien ne ressort de cette base formatée pour séduire les deux côtés des amateurs de sensations fortes. Pas un motif entêtant, pas de groove, ça slappe parfois dans le vide, histoire de cocher la case, avant de basculer sur un autre schéma visant à faire headbanguer le métalleux de base, sans conviction, sans transition, sans énergie.

Je pourrais également vous narrer le manque de flow des MC apprentis chanteurs, qui se la jouent bad-boys aux penchants hardcore mais devraient plutôt se mettre à l’autotune façon PNL, singeant régulièrement l’ami Zach de la Rocha (RAGE AGAINST THE MACHINE), des tentatives de pompage odieux de LIMP BIZKIT (déjà, quelle idée de vouloir copier la bande de Fred Durst), des scratchs sortis des années 80 par DJ Scratchy-scratch et Sidney, des petites tentatives d’agression sorties de nulle part en mode KNOCKED LOOSE (aucun rapport avec le schmilblick), du manque total de cohérence, d’inspiration dans l’écriture des refrains (pas un seul ne reste en tête à l’issue des quarante minutes que dure "Detox", un comble quand on prétend à autant d’accessibilité).

Bref, (HED) P.E. bouffe à tous les râteliers, et se plante par là même les ratiches dans le bitume en mode "American History X". Mais le pire reste cette absence d’idée dans la recherche mélodique, de verve, de talent, d’accroche. Tout cela a été entendu mille fois depuis trente ans, et en beaucoup mieux.

Si vous êtes encore là, c’est que vous avez perdu cinq minutes de votre vie à lire ma vile prose. Ne la souhaitant pas vaine, n’en perdez pas quarante de plus à écouter la leur.

Note réelle : 1,5/5. Ça reste audible, c’est juste incroyablement médiocre. Moins que I PREVAIL (celle-là est gratuite, j’avoue), mais très mauvais quand même.

PS : en lisant les reviews sur les internets, je me demande si on a écouté le même disque...