Après leurs deux premiers albums distribués de façon underground dans les milieux de connaisseurs, les américains de BLEEDING THROUGH arrivent début 2003 à attirer l’attention d’un nouveau label (Trustkill Records) et espèrent ainsi sortir un peu de ce relative anonymat.
Histoire de ne pas perdre de temps, ce "This Love, This Is Murderous" déboule dans les bacs dès le mois de septembre de la même année.

Si certains clichés du groupe les desservent nettement avec un look Emocore, BT est un combo riche d’une identité assez marquée, en lien avec une foultitude d’influence.
Si on devait résumer rapidement, une classification Metalcore s’imposerait mais l’affaire est diablement plus corsée avec ce "TILTIM" car il est truffé d’influences.
Evidemment, le Hardcore suinte par tous les pores de cette galette. Avis aux amateurs. La voix de Brandan est puissante et possède un joli degré de variations et de modularité. Voix claire, voix growlée, screamée, vous allez être gâtés.
Avec un "Number Seven With A Bullet", on pourrait croire à la présence d’un Corey Taylor derrière le micro ! Ce morceau sera forcément fortement apprécié par les mordus de SLIPKNOT dans sa période qualitative et énergique dans sa construction et dans le riffing des guitares

Un peu plus loin, c’est l’excellent titre "Mutilation" qui ne pourra que faire mouche: il repose clairement sur une influence du riffing du Mélodeath de Göteborg : AT THE GATES n’aurait d’ailleurs à ce titre par renié le morceau. Cette rythmique entêtant de batterie sur lit de guitares si typique ! Miam !
Attention, aucune surprise tant le Death est aux portes de cette entreprise ("Love Lost In A Hale Of Gunfire") autant que le Metalcore plus classique et bien mélodique ("On Wings Of Lead", faisant penser à du IN FLAMES par moments) qui vous rapprochera d’un AS I LAY DYING ou un HEAVEN SHALL BURN par exemple. "What I Bleed Without You" et "Revenge I Seek" me replongent dans mes meilleurs moments en compagnie de WALLS OF JERICHO.

Une fois ce cadre fixé, je ne peux que vous dire que BLEEDING THROUGH nous avait pourtant prévenu dès les premiers instants avec un sample tiré du film "Les Anges de Boston" (en français pour "The Boondock Saints") indiquant "For a few seconds, this place was Armageddon, there was a firefight !". C’est un véritable déluge à la fois de décibels mais également de voix rauque. Il est possible de profiter de la présence en guest de Ryan Downey (BURN IT DOWN, ex-HARDBALL, ex-TIME IN MALTA) sur "City Of The Condemned" qui vient encore diversifier l’ensemble : en effet, vous ne pourrez pas vous méprendre quant à sa participation en featuring car il œuvre sur un tout autre registre par rapport à son comparse d’aventure.

Mais la grosse satisfaction de l’ensemble est indéniablement le fait que le classique sentiment d’une entreprise monolithique n’est pas de la partie. Il s’agit (trop) souvent du reproche fréquemment formulé à l’encontre des premiers opus de Metalcore du début des années 2000 : un bloc presque indigeste de riffs saturés et un chant growlé sans grande modularité. La réussite de BLEEDING THROUGH est de nous proposer 12 morceaux, sans repos ni répit certes, mais assurément d’une diversité assez rare tout en maintenant une forme de mélodicité constante (même si parfois plus délicate à dénicher je vous le concède !).

12 titres qui font la part belle à la brutalité tout en étant estampillé Metalcore ? Oui, c’est bien le pari vraiment gagnant de BLEEDING THROUGH pour ce troisième LP. Une entreprise courageuse et assez rare pour être soulignée qui permet d’aboutir à 45 minutes hautement qualitatif et sans concession.
"This Is Love, This Is Murderous" marque clairement de son empreinte la discographie des Américains et logiquement laisse entrevoir un avenir intéressant à ces derniers.
Espérons que cet essai transformé ne sera pas sans lendemain.

Note réelle : 3,5/5, cette fois-ci arrondie à la supérieure pour l’ensemble .

Top : "Mutilation", "Number Seven With A Bullet", "Dead Like Me", "Revenge I Seek".