Après un "A Portrait Of Sacrificial Scars" très convaincant, producteur d’un bel art noir et dépressif, dépravé et possédé au possible dont je vous conseille fortement l’écoute, DEADSPACE nous revient à l’été 2023 avec cet EP autoproduit et un album, "Unveiling The Palest Truth", signé avec le label Immortal Frost Productions – d’ailleurs un rapide coup d’œil sur le catalogue à venir de la maison de production nous apprend la signature de quelques autres acteurs significatifs de la scène tels que AZAGHAL, LIBER NULL ou bien encore les tarés géorgiens de PSYCHONAUT 4.

Pour couper court à toutes tentatives de mystère, j’ai choisi de vous chroniquer cet EP plutôt que l’album long format pour une raison fort simple : l’EP autoproduit de quinze minutes supplante le "Unveiling The Palest Truth".
Première des raisons, le son ! Étouffé quelque peu sur l’album, il rend brouillon le message sonore et j’ai beau chercher le sens d’un tel désir de rendu je n’y vois qu’un espoir regrettable de DEADSPACE de faire traîner sa composante originelle DSBM sous des lauriers captant des drones dissonants à la BLUT AUS NORD et des cieux Sludgy. À contrario l’EP qui nous intéresse ici, "Within Haunted Chambers", prolonge l’aspect très SHINING du précédent album. Serait-ce alors l’ultime effort abouti qui purge le DSBM du groupe avant une nouvelle orientation ? Très certainement, mon intuition me l’indique mais ça ne vaut pas grand-chose vous me direz. Néanmoins après lecture de quelques interviews, l’intuition se confirme bien. Il me faudra donc un petit temps de deuil et d’acceptation alors ! La décision est bien louable en tout cas et sonne comme le gage d’une certaine forme de maturité, le point d’étape étant d’expérimenter à nouveau sa création pour la transcender, la faire évoluer et la perpétuer à nouveau.

Quoiqu’il en soit nos Australiens féconds jouissent déjà d’une petite célébrité sur la scène. Sept albums et trois EP en moins de dix ans leur ont permis de s’imposer autre part que dans des limbes inconnus. Leurs efforts de composition n’ont pas été vain car je dois bien le dire, DEADSPACE n’a jamais fait de la merde. J’aimerais pouvoir les qualifier de dignes descendants de SHINING mais ce serait aussi circonscrire quelque peu leurs ambitions. Néanmoins, cet EP confirme tout l’enthousiasme que je leur accorde depuis leurs débuts. J’aime particulièrement le jeu habile du chanteur, Chris Gebauer, impressionnant, cri déchirant et lacérant qui fait bien mieux que Kvarforth (et bim !). Sa tessiture est remarquable, ample et profonde à la fois, elle s’accorde parfaitement à leur Black Metal traversé de claviers dictant parfois un Doom Atmosphérique aux relents suicidaires et nihilistes. J’ai toujours apprécié leurs accointances désespérées que l’on retrouve chez MIST OF MISERY par exemple avec une production moins puissante. Le riffing est toujours superbe, quelques notes néoclassiques nous rappellent que le groupe s’anime aussi d’un romantisme sombre et décadent, comme le dévoile la seconde moitié de "Rapture".

"Within Haunted Chambers" n’y va pas par quatre chemins (il compte trois titres !), ces quinze minutes sont radieuses en mélodies tout autant qu’elles assombrissent l’horizon par leur propre sabordage. A l’image de ce que j’ai toujours aimé chez DEADSPACE, cet EP est puissant, hypnotique et barré/timbré (veuillez rayer la mention inutile).