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2011 One
2013 Altered State
2015 Polaris
2018 Sonder
2023 War Of Being
 

- Style : Animals As Leaders, Spiritbox, Lifewalker, Volumes, Valis Ablaze, Unprocessed, Shattered Skies, Periphery, Monuments, The Contortionist
 

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TESSERACT - Sonder (2018)
Par HAPLO le 22 Octobre 2023          Consultée 485 fois

Fin d’après-midi sur le Campus de l’Académie Spatiale, Secteur 3, bâtiment réservé aux futurs officiers de l’infanterie mécanisée de première ligne. Cours de philosophie de combat du Major Wudchack.

"- Messieurs les aspirants ! L’art de la Guerre ne s’acquiert pas en déroulant un foutu PowerPoint sur un putain d’écran tactile dans une fichue salle climatisée mais dans la boue sanglante d’un champs de bataille! On m’a néanmoins demandé d’injecter en mode chausse-pied quelques notions de culture générale dans vos vilaines caboches de chair à Bantha… C’est ce que je vais m’efforcer de réaliser durant cette petite heure en espérant que ça allégera quelque peu vos souffrances le jour où vous devrez récupérer sous le feu de l’ennemi l’une de vos guiboles avec le seul bras qui vous reste !"
(en chœur) : "- Oui Major !"

"- Très bien ! Aspirant Dwayne Hicks, que pouvez-vous dire à vos camarades concernant le TESSERACT et ses implications en matière de stratégie offensive ?
- Oui Major ! On considère généralement qu’en géométrie, le tesseract, aussi appelé 8-cellules ou octachore, est l'analogue quadridimensionnel du cube (tri-dimensionnel) : Le tesseract est au cube ce que le cube est au carré. Transposé à la science militaire, cela pourrait impliquer de créer et d’exploiter une nouvelle dimension d’action offensive à laquelle l’ennemi ne s’attend pas et qui sort de ses schémas habituels !"

"- 5 sur 5 Hicks! Aspirant Hudson, faites-nous rêver avec votre culture anglo-saxonne en nous révélant la signification du terme "Sonder" et en quoi il peut enrichir l’art militaire !"
"- Oui Major! Le terme anglophone de "Sonder" a été créé récemment par un certain John Koenig, étudiant au Collège de Macalester au Minnesota qui souhaitait élargir son vocabulaire afin d'écrire de la poésie plus librement. Il a ainsi inventé le "Dictionary Of Obscure Sorrows" dans l’optique de formaliser un ouvrage contenant tous les mots dont il avait besoin, y compris des émotions qui n'avaient jamais été décrites linguistiquement. D’une manière très synthétique, "Sonder" recouvre la notion de projeter sa complexité individuelle sur l’ensemble des êtres qui nous entourent, même ceux que nous ne faisons que croiser dans la rue et que nous ne reverrons jamais durant notre vie ; êtres pour lesquels nous ne sommes finalement nous-mêmes qu’un visage fugitif à l’extrême périphérie de leur propre vie. Cette empathie collective basée sur l’introspection individuelle ne dois néanmoins pas oblitérer notre mission principale : Tuer ou être tué !"
"- Vous finirez Général Hudson !"

C’est sur cet horizon lumineux que nous laissons nos légions d’acier rêver de gloire pour rejoindre les (non moins brillants) cinq musiciens britanniques de TESSERACT, menés par le très talentueux guitariste syndicalement sous-accordé Acle Kahney, et voir en quoi leur appropriation de ce terme poético-imaginaire de "Sonder" titrant leur quatrième opus studio, va influencer leur art déjà pensé sous le signe d’une nouvelle dimension. Considérée comme figurant parmi les pionniers du courant Djent, la formation balance son premier pavé dans la mare métallique en 2011 avec un "One" qui apparaît alors comme un véritable Ovni parvenant à marier une technicité d’ensemble hors du commun, une synchronisation rythmique à faire cauchemarder un horloger suisse ainsi qu’un sens avéré de la mélodie comme de la hargne dont beaucoup pourraient s’inspirer. Malgré le départ (temporaire) du vocaliste Mister Tompkins, les Anglais ne se démontent pas et vont même jusqu’à pondre une œuvre lumineuse ("Altered State" – 2013) qui cloue très talentueusement le bec aux jaloux qui les attendaient à l’angle de l’hypercube, certains que ces jeunes prodiges se casseraient la gueule après s’être emmêlés les pieds dans leur circonvolutions rythmiques.
L’enfant prodigue ayant repointé le bout de son nez, c’est avec un nouvel-ancien Daniel Tompkins derrière le micro que les Anglais tentent de rééditer leur exploit en 2015 au travers d’un "Polaris" qui s’avère un chouia décevant car cherchant à reproduire le moment de grâce du chapitre précédent qui s’en est allé avec le chanteur Ashe O'hara et qui ne reviendra pas… TESSERACT perdure mais n’épate plus. La sortie un an plus tard de l’EP "Errai", par lequel nos Djenteux d’outre-Manche proposent les versions réarrangées de quatre pistes tirées de "Polaris", ne fera qu’accentuer ce sentiment de malaise avec des sonorités quelque peu popisantes qui sèmeront la pagaille parmi les fans historiques dont certains voient déjà leur combo préféré se diluer dans un bouillon de culture bien trop consensuel !

Ce sont donc trois longues années qui seront nécessaires à ce surprenant groupe au line-up enfin stabilisé pour pondre l’album suivant attendu par de nombreux aficionados dont l’espoir est à la hauteur de la fébrilité lors de la sortie de "Sonder" en avril 2018 : que nous-ont donc concocté ces mathématiciens rythmiques capables d’être géniaux mais ayant aussi prouvé qu’ils pouvaient être décevants ?
Ben disons-le tout de go, et malgré des critiques globalement très positives saluant le retour d’un TESSERACT Grand Cru (chroniques qui m’ont paru marquées pour certaines d’entre-elles par le syndrome du copier-coller et oui, ça arrive !), "Sonder" ne m’a pas fait tomber de mon fauteuil préféré lors de la première écoute… ni des suivantes d’ailleurs. Que l’on se comprenne bien ô cher lecteur pointilleux ; TESSERACT semble quand même avoir entendu les critiques ciblant ses réalisations 2015-2016 et opère un salvateur retour aux sources en présentant un Metal aux riffs pendulaires et massifs reposant sur une assise rythmique conciliant la solidité du béton armé comme la vélocité rafalante d’une mitrailleuse lourde sortant de son bain d’huile. Tompkins, tout en revenant (très) ponctuellement à quelques séquences hurlées, met en avant un art consommé de la mélodie qu’il positionne plus dans la nuance que dans la puissance. En outre, les musiciens de TESSERACT, en proposant un format compact de 36 minutes, s’axent clairement sur l’essentiel : des lignes rythmiques au cadencement pendulaire hypnotique et au groove indiscutable, une synchronisation rythmique chirurgicale qui a forgé leur renommée, des transitions savamment dosées entre lignes lourdes et passages aux relents atmosphériques associés à une voix de tête pas toujours bien ressentie dans notre genre de prédilection mais sachant ne pas sombrer dans le gnian-gnian. Le son équilibré et puissant qui marque les huit cartouches de "Sonder" est quant à lui parfaitement adapté à l’art si particulier des Britanniques et participe pleinement à cette musique aux ambiances amples qui déroule finalement très bien.

Alors, oui, je me suis indiscutablement laissé charmé par des titres ambitieux comme le racé et puissant "Luminary" fort de son refrain massif et mélodique qui lance admirablement le bouzin, le remarquablement travaillé "Juno" dont les flèches oscillent entre un Metal ample aux ondes ravageuses et des lignes chirurgicales plaçant divinement la basse d’Amos Williams en avant ou encore le prenant "Smile" opposant des passages à la puissance oppressante face à des séquences minimalistes… le tout s’avérant d’une efficacité redoutable !
Cependant, malgré leurs bonnes dispositions et un retour qualitatif indéniable après les appréhensions générées par un "Polaris" mitigé et surtout un "Errai" anxiogène aux yeux des puristes, TESSERACT ne parvient pas selon moi à renouer avec la divine brutalité et la pureté des lignes de ses deux premiers opus. Sans être un idéologue du "c’était mieux avant", "Sonder" m’a quelque peu laissé sur ma faim avec des titres clairement anecdotiques ("Orbital", "The Arrow") ou dont les jeux, malgré de belles idées de compositions, apparaissent comme une petite intellectualisation un chouia stérile d’un groupe qui touche les limites de sa signature artistique ("Beneath My Skin/Mirror Image"). "Sonder" se veut ainsi rassurant mais pas lumineux !

Sirotant un lait-fraise en terrasse de mon estaminet préféré au cœur de la grande cité, je suis soudain assailli par des millions d’images et de sentiments correspondant aux démêlées complexes et personnelles des centaines de passants qui m’entourent… et pour qui je ne suis qu’une silhouette fugace. Paralysé par ce maelstrom d’individualités tenues en otage par leur quotidien, je parviens à griffonner sur le petit ticket de caisse un exigeant 3/5 pour ce "Sonder" avec lequel TESSERACT prouve qu’il est bien vivant mais dont la rémission n’est pas pleinement achevée. Hâte d’entendre leur prochain album !

- pour la nouvelle dimension :"Juno",
- pour la voix hurlée :"Smile",
- pour l’anecdote : "Orbital".

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- Daniel Tompkins (chant)
- Alec « Acle » Kahney (guitare)
- James Monteith (guitare)
- Amos Williams (basse)
- Jay Postones (batterie)


1. Luminary
2. King
3. Orbital
4. Juno
5. Beneath My Skin
6. Mirror Image
7. Smile
8. The Arrow



             



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