"Ma quête désespérée du groupe jouant le plus lentement tend irrémédiablement à être achevée. Je pensais avoir touché le fond avec Shape of Despair mais bien mal m'en pris car ces trois finlandais ,pour qui la musique de hippie, entraînante et joyeuse ne leur inspire que dégoût et pitié, viennent me contredire. Et au vu de leur musique, on veut bien les croire sur le fait qu'ils détestent tout ce qui va vite. Pire encore, ces messieurs souhaitent revenir à du vrai doom sans fioritures et sans nappes de clavier évidemment. Bref une fois les influences BLACK SABBATH digérées, Reverend Bizarre n'écoute plus rien, si ce n'est son propre art.

Entouré d'un son résonant au possible et surtout très bon pour un premier album, l'ensemble sonne très ""ancien"", sans aucune connotation péjorative, définitivement à la BLACK SABBATH. Voilà qu'ils nous font partager leur vision dégoûtante de la vie, gorgée de tristesse de mélancolie et d'idées pour le moins originales. La musique de Reverend Bizarre est pachydermique! C'est lourd et affreusement lent. Les guitares piochent dans leur registre le plus grave, accompagnées de la basse très mixée en avant. Les quelques notes aigües apparaissant aussi souvent que le dahut n'y changent rien et sont tout aussi tristes. Dans le même temps, les voix accompagnent chaque note de musique, et celà note après note, tout en racontant à chaque fois une histoire sombre et bien peu joyeuse.

Magister Albert excelle dans le rôle du révérend, une voix claire, loin des abysses d'autres chanteurs de doom, qui oscille sans arrêt entre ""aigüs"" et graves, sorte de sermon solennel contre lequel on semble impuissant. L'aspect lithurgique est souvent présent, renforcé par les quelques arrangements typés écclésiastique. Les thèmes semblent plus concrets que les âmes et les noirceurs des enfers, ce n'est pas pour autant que Reverend Bizarre ne nous ballade dans les entrailles du malheur et du désespoir. Quelques trouées de ciel viennent agrémenter des morceaux où les riffs plus que répétitifs sont géniaux, et en plein milieu d'une complainte le rythme s'accélère brusquement pour se transformer en doom/heavy parsemé de solos déjantés et très roots. Du sans fioritures, à l'ancienne, et malgré tout superbe.

Enfin la petite pause Doomsower laisse l'auditeur se sortir d'un tel torrent de torpeur avant de réattaquer pour un véritable chemin de croix de plus de 21 mn, ultime moment doomissime, où les notes bardées de plomb attaquent et pilonent l'auditeur pendant plus de 10 mn avant de daigner évoluer un peu. Des mélodies superbes, et comble de tout, jamais ennuyeuses, allez savoir comment ils trouvent les bons riffs pour tenir l'auditeur en haleine, déjà essouflé de ressentir une telle tristesse. Au fil des morceaux, le rythme se ralentit misérablement au point de s'embourber irrémédiablement et de laisser distancer par des touches plus épiques et plus positives en fin d'album.

C'est bon mes amis vous êtes arrivés au bout de votre peine, la longueur effarante des morceaux doublées de plus de 73 mn de musique vient de vous faire comprendre à quel point vous avez de la chance de voir les choses aussi positivement. En attendant de se replonger dans des tréfonds que l'on aime bien finalement."