Elle est bien particulière cette formation qui a attiré l'attention sur elle avec le réussi "Pentecost" qui éclairé une fin d'année 2020 bien moribonde, et qui a conséquemment accompagné mes premiers vrais trajets routiers au printemps suivant. Trois ans plus tard, la couche de poussière sur le grimoire est intacte, et même si je n'y suis pas revenu depuis un bon moment, les mélodies planantes du troisième effort des Anglais de WYTCH HAZEL me font toujours du bien rien qu'à leur évocation.

Colin Hendra a profité de ces temps incertains de pandémie pour lancer deux projets ; un show acoustique donné dans une église suédoise à l'occasion du Muskelrok Festival 2022, et un album solo, tous les deux pour le moment inédits. Sa priorité reste néanmoins son WYTCH HAZEL auquel il a consacré la deuxième partie de 2020 : des sessions d'écriture éprouvantes qui ont amené l'artiste à trouver les ressources au plus profond de lui-même, renforçant le rapport très spirituel qu'il a déjà de base avec sa musique.

Visiblement satisfait de son contrat avec Bad Omen Records qui en a profité pour rééditer la compilation "Surrender & The Truth" sous le titre "Early Music" (et une pochette à mon avis moins fascinante que la première de 2013), WYTCH HAZEL évolue désormais en effectif plus réduit, puisque Colin s'est quasi occupé de tout cette fois-ci, en attendant l'arrivée d'un nouveau frappeur pour renforcer la cohésion du groupe.

Tous ses éléments sont censés nous mettre face à un album aux thématiques plus combatives, ce que quelques arrangements peuvent sous-entendre (le single "Angel Of Light" avec son boléro et son shuffle) mais dans le fond, c'est le culte d'une certaine lumière qui nous est délivré. Si les textes constituent un point de référence pour certains, et ont pu contribuer à la constitution du fan-club qui désormais soutient financièrement les activités du groupe, c'est bien la musique qui séduit encore, avec cette façon d'allier un son très rustique, de beaux sons de guitare gorgés d'un doux overdrive et souvent harmonisés (les introductions de "Time And Doubt" et même l'ouverture de l'album sont éloquentes à ce sujet).

Le travail vocal de Colin est là aussi à remarquer, car s'il a pris soin de soigner l'ambiance d'une manière générale en agrémentant de nombreuses parties de piano et surtout d'un orgue d'église, les chœurs soutenant ses mélodies vocales viennent donner de l'épaisseur aux intentions, jusqu'à les laisser a capella à la fin de "Time And Doubt". D'un point de vue technique, ce quatrième recueil – "Sacrament" - est une criante réussite.

Pourtant, je retourne plus volontiers vers "Pentecost". Pourquoi ? Je pense que le mélange acoustique/électrique s'estompant sur ce nouvel album, il manque une certaine chaleur qui s'accommodait particulièrement du discours de WYTCH HAZEL, même si on la retrouve un peu dans la deuxième moitié du disque. C'est dommage car "Future Is Gold" est une franche réussite dans le registre plus intimiste. En contrepartie, les influences relevées (en particulier celle de FLEETWOOD MAC) tendent à s'estomper au profit d'une patte WYTCH HAZEL assez facile à identifier désormais au milieu d'autres groupes qui œuvrent dans ce que certains commencent à appeler l'Adventure Rock ; une niche dans laquelle on retrouvera des formations modernement rétro comme TANITH ou encore HÄLLAS.

Je ne fais pas partie des admirateurs ou de ce qu'on pourrait appeler des fans de WYTCH HAZEL. En revanche, je trouve que ces Anglais ont réussi à affirmer leur propre discours, qu'il sait se montrer séduisant, en proposant une version apaisée et sereine d'un Heavy Metal originel dont la matrice est tout de même plus sombre et tortueuse que ce que "Sacrament" affirme avec beaucoup de tranquillité. Sans aucun doute un bon album, qui prend le temps de se faire sa place durablement, quand bien même il m'aura fait l'effet inverse de son prédécesseur, qui avait pris son temps pour me séduire largement, là où ce quatrième effort m'avait d'abord fait grande impression (l'attente sans doute), impression que je dois mesurer finalement après un mois en sa compagnie.