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POWER MéLODIQUE  |  STUDIO

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2012 Ouroboros
2017 Three Faces Of Antoine
 

- Style : Kingcrow, Lifewalker, Osyron, Speaking To Stones
- Membre : Stratovarius, Dreamtale, The Magnificent

STATUS MINOR - Ouroboros (2012)
Par HAPLO le 3 Août 2023          Consultée 663 fois

Aaah l’Amour… Toujours l’Amour ! Ce thème, usé jusqu’à la corde dès que l’on parle de musique, n’est cependant pas la première chose qui vient à l’esprit quand on évoque le style qui fait notre bonheur sur NIME. Car exprimer ses (doux) sentiments ou se remémorer en sanglotant sa dernière relation amoureuse ne rentre pas encore vraiment dans le fameux tiroir à clichés qui collent à la peau d’une population métallique qu’on illustre plus aisément en train de boire de la bière sans limites au milieu d’un pentacle entre deux séances de headbanging ou à montrer ses fesses lors de concerts à nos journalistes paresseux et trop contents de faire vivre le mythe… Et pourtant !

Pourtant, la Flamme dévorante de la passion, les abîmes si profondes ou si glauques de la tristesse, de l’isolement ou encore du repli sur soi collent si bien avec l’acidité électrique déversée par des guitares abrasives, la colère comme la puissance d’une voix éraillée ou encore le martèlement plombant d’une double grosse caisse... qu’on en vient à se demander comment ces images d’Épinal satanico-alcolo-potaches survivent encore aujourd’hui. L’homme moderne est friand d’étiquettes et de cases bien rangées !
Sans pour autant se servir de leur musique comme d’une bouteille de whisky qu’on descend d’un trait après une rupture, de nombreux combo métalliques l’ont bien compris et placent les préoccupations sentimentales au centre de leurs compos, même les plus acérées… en les portant, il est vrai, souvent à leur point de rupture : passion dévorante, perte brutale de l’être aimé, attirance immorale ou liaisons maudites unissant des opposés… Les titres, histoires, concept-album, Metal-Opéra pullulent sur ces sujets (je suis certains que ces lignes ont évoqué des noms dans ton esprit ô lecteur cultivé !) et prouvent s'il en est besoin que Metal et passion amoureuse sont intimement liés vu que l’un et l’autre peuvent soulever des montagnes !

Et ce n’est pas tant à l’amour crémeux ou à ses pétales d’artichaut que s’intéressent les cinq Finlandais de la formation Power Mélodique de STATUS MINOR qu’aux passions et déchirements cycliques qu’il déchaîne, ceci au travers de l’allégorie de l’Ouroboros, terme d’origine grecque représentant habituellement un dragon ou serpent se mordant la queue, et qui peut signifier que tout évènement finit par là où il a commencé… dans un tourbillon sans fin. On est donc loin de la gentille boîte de chocolat offerte lors d’un rendez-vous convenable le soir du Bal des Sirènes !
Rassemblés autour du (bon) guitariste Sami Saarinen vers 2002, ces talentueux instrumentistes mettent en musique et pondent une première galette studio en 2009 avec le très digne et percutant "Dialog" qui, même s'il laisse entrevoir de jolies potentialités, reste néanmoins très marqué par les amours de jeunesse SYMPHONY X-iennes de cette gentille brochette de métalleux nordiques. STATUS MINOR semble mal parti pour crever le plafond de l’originalité, et même si sa musique s’avère honorable (et écoutable !) le groupe vient à son tour enrichir un vivier comptant déjà de très nombreux prétendants à la (petite) notoriété bien fragile ! Le second opus, si il y en a un, sera donc décisif. Ce sera chose faite avec cet "Ouroboros" qui paraît en avril 2012 et par lequel la formation finlandaise au line-up inchangé plante clairement le décor : l’histoire d’une passion amoureuse contée de ses prémices jusqu’à son terme et portée par la musique puissante, bellement rythmée et foutrement mélodique que déploie avec tout son savoir-faire STATUS MINOR.
Et c’est vrai que côté emballage, le combo met les petits plats dans les grands pour ce chapitre deux caractérisé par une musicalité remarquable ainsi qu’un soin tout particulier porté au niveau du son comme des arrangements… à l’image de l’esthétique évocatrice d’une pochette illustrant l’Ouroboros composé d’un couple incrusté dans le cycle de ses sentiments et nimbé par le rouge de la passion et le blanc nauséeux de l’oubli.

Formant un ensemble dynamique et fichtrement véloce, le tout empreint d’une grande variété instrumentale (je pense ici plus particulièrement à de très belles séquences de piano comme aux orchestrations claviers qui ne font pas décors en carton !) ainsi qu’à un sens aigu des variations, les musiciens de STATUS MINOR se font clairement plaisir et développent des ambiances tant ciselées qu’oppressantes ou enivrantes. On reproche souvent au Prog un chouïa technique d’être chiant, parfois avec raison, mais heureusement des formations ambitieuses comme celle que nous rencontrons ici savent encore le rendre captivant ! Et c’est bien la qualité première de cet "Ouroboros".

Mais que serait cette musique, aussi attrayante qu’elle puisse être, sans la voix modulaire et si délicieusement éraillée d’un Markku Kuikka en pleine forme et manifestement habité par son sujet ? Jouant avec cet organe clair dont la légère fêlure attirante à l’oreille n’est pas sans évoquer une forme de colère sourde ou à l’opposé une lassitude usée aux jeux des sentiments, ce vocaliste original est en outre doublé sur trois des neuf titres que compte au total "Ouroboros" par le chant féminin énergique mais sachant également être tout en nuances de Miss Anna Murphy (ELUVEITIE – CELLAR DARLING) qui place talentueusement son expérience ainsi que son grain de sensualité au service de la cause… Les voix s’intègrent de fait parfaitement à une musique musclo-mélodique qu’elles embellissent tout comme à un sujet de relation amoureuse puis de séparation qu’elles personnifient pleinement !
D’autant plus que contrairement à d’autres love-concept-stories, on ne tombe pas ici dans l’inflation de verbiage où la minutie de la narration en vient à éclipser tous les instruments : STATUS MINOR maîtrise pleinement les dosages, allant même sur une majorité de titres qu’offre "Ouroboros" à proposer de longues intros musicales ou des bridges oxygénants avant que les belligérants ne (re)prennent la parole… soigné que je vous dis !

L’album figurant un cycle, j’en encouragerai l’écoute complète sans risque de tomber sur un méchant trumeau ou de poser par inadvertance l’oreille sur une bouse avérée. "Ouroboros" est globalement homogène, la qualité, et donc le plaisir si l’on accroche au style, seront bien présent. Au vu de mon attirance immodérée pour ce Prog tracto-léché comme une certaine expérience en matière d’ouroboros amoureux, j’ai particulièrement apprécié la très entraînante pièce d’ouverture "The Wind" où la voix accrocheuse le dispute à un refrain rentre-dedans et mélodique sans oublier ce joli solo de guitare tant rapide que piquant… Mais également le très catchy "Glass Wall" dont les prestations vocales comme instrumentales frisent la perfection avec ce rythme en faux plat et des mélodies obsédantes ; ou encore le déchirant "Sail Away" qui scelle cette histoire du haut de ses 10’43 et qui concentre selon moi, tous les ingrédients très positifs de ce deuxième album : longue intro instrumentale au rythme syncopé, refrain marquant et pêchu, solo guitare acrobatique, break avec voix féminine seule reprenant le refrain, fin en apothéose à deux voix avé les chœurs et ligne de piano seule sur des notes espacée… simplement magnifique.

Petite mention spéciale également pour les deux titres centraux "Like A Dream" et "Confidence And Trust", qui viennent joliment interrompre sans tomber dans le gnan-gnan, la cavalcade rythmique lancée par STATUS MINOR depuis le début d’album, avec des ambiances douces et intimistes portées par un piano impérial et qui marquent par la même occasion le sommet amoureux de l’histoire et le début de son déclin.

De fait, que manque t’il donc à cet Ouroboros pour décrocher la timbale NIMIEnne des cinq étoiles ? Les Finlandais sont certes appliqués et délivrent ici un Metal de qualité mais restent quand même sur des chemins sagement balisés qui, s'ils embellissent le genre, ne le révolutionnent pas non plus. Un chouïa d’originalité, de risque, de folie, aurait sans doute fait la différence… transformant un très bon album en album d’exception. Ce n’est selon moi pas le cas ici, même si tous ces ingrédients, comme indiqué plus haut, sont très vertueux.

Chaudement enlacé par les Sœurs Succubes dans le lit XXL à baldaquin du Grand Maître du Metal dont je me réjouis du départ au HellFest (qu’il sponsorise, et oui !), c’est l’esprit embrumé par le cognac grand cru que j’ai piqué dans sa Cave Infernale que j’attribue un 4/5 amplement mérité à cet "Ouroboros" soigné et réellement ambitieux. Méditant sur le cycle de l’amour, je contemple mes complices de pêché plongées dans un lourd sommeil réparateur… vivement que ce moment revienne !

- pour l’allumage sur les chapeaux de roues : "The Wind",
- pour l’immersion accrocheuse : "Glass Wall",
- pour la longue et belle clôture de fin de cycle : "Sail Away".

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   HAPLO

 
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- Markku Kuikka (voix)
- Sami Saarinen (guitare)
- Jukka Karinen (claviers)
- Eero Pakkanen (basse)
- Rolf Pilve (batterie)
- Guest/session
- Anna Murphy (voix féminine tracks 4-6, 9)
- Rick Altzi (voix additionnelle)


1. The Wind
2. Hollow
3. Glass Wall
4. Like A Dream
5. Confidence And Trust
6. Stain
7. Smile
8. Flowers Die
9. Sail Away



             



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