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2012 Ouroboros
2017 Three Faces Of Antoine
 

- Style : Kingcrow, Lifewalker, Osyron, Speaking To Stones
- Membre : Stratovarius, Dreamtale, The Magnificent

STATUS MINOR - Three Faces Of Antoine (2017)
Par HAPLO le 30 Décembre 2021          Consultée 995 fois

En temps normal, je n’ai pas pour habitude de me prendre particulièrement la tête avec le détail des paroles qui illustrent les différents titres d’un album propre à notre style favori sur NIME. Il faut bien dire que la majeure partie des combos cloutés qui meublent nos Kroniques ne font pas toujours grand cas de textes transcendantaux ou d’histoires particulièrement chiadées pour dérouler leur musique : sentiments séculaires et basiques, rapports humains, conflits intérieurs, voir quelques coups de gueule anti-système émaillent ces diverses prestations instrumentales qui, pour ces dernières, chatouillent souvent plus agréablement nos oreilles qu’un long discours théorique aussi fondamental soit-il.

Aussi, quand un groupe s’attaque à une aventure pouvant s’avérer autant casse-gueule qu’un concept-album, le choix est souvent fait de l’asseoir sur une histoire relativement claire retranscrite dans un booklet ou que la maison de disque fait connaître à l’occasion de la promo entourant la sortie du petit bijou. Quand il n’est pas qu’un simple argument commercial racoleur, un concept-album s’affiche, amorce parfois un début d’intrigue, s’amuse plus rarement à diffuser quelques fausses pistes… Bref, une production qui s’annonce souvent comme un élément emblématique de la discographie du combo en question !

C’est donc le cœur léger et l’esprit serein que je me suis collé à la Kro du troisième opus studio de la power-classieuse formation finlandaise STATUS MINOR paru en 2017 sous le titre énigmatique de "Three Faces Of Antoine" ; album manifestement assez peu commenté sur le Ternet contrairement à son grand frère "Ouroboros" (2012) l’ayant précédé de cinq longues années et qui avait reçu un accueil critique assez favorable. Cette formation, créée par deux ex-KENZINER, développant alors un Power Metal mélodique s’avérant être suffisamment varié et accrocheur pour laisser espérer un bel envol vers une maturité métallique prometteuse après cet essai réussi.

Or, en commençant à gratter sur le dernier-né de STATUS MINOR, que ne découvre-je donc pas que "Three Faces Of Antoine" est en réalité un concept-album basé sur une histoire "terrible et sombre" dont les rares critiques existantes se limitent souvent à la répétition stérile de ces deux termes tout en se gardant bien d’en dire plus… Chafouiné par des copié-collés qui ne font pas avancer mon schmilblick autant que par mon anglais du Larzac qui m’empêche d’en apprendre plus à l’écoute, même attentive, de l’album, et vu que les paroles brillent par leur absence des sites pourtant spécialisés, je continue à me fixer sur la musique de ce drôle de combo : une musique tranchante et rythmée, efficacement portée par la voix si particulière au zeste éraillé d’un Markku Kuikka en pleine possession de ses moyens et qui m’accroche tant par ses riffs solides auxquels colle une double grosse caisse dynamique que par ses mélodies grinçantes ou accrocheuses et sa belle patte artistique d’ensemble. Le charme opère… finalement, je me fous de l’histoire !

Oui mais voilà, sans un être un intello du disque, et commençant à fantasmer sur de lourds secrets derrière les trois plages narratives (dont les deux premières frappent par leur côté ordinaire car correspondant respectivement à la rencontre du héros avec sa future femme "Helen" puis la naissance de ses enfants "Max And Pattie"), je commence quand même à me poser quelques questions sur ce qui sous-tend cet album de prime abord très réussi et à la musicalité tant épaisse qu’attrayante.

Car, il faut bien reconnaître qu’avec "Three Faces Of Antoine", les Finlandais démontrent qu’ils maîtrisent parfaitement leur sujet : qu’il s’agisse du magistral "Slenderman" dont le rythme lent et totalement envoûtant est sublimé par une voix réellement habitée, du long et travaillé "Feel My Hunger" lui-même jalonné par pas moins de trois soli au fil desquels l’ami Sami Saarinen démontre toute la palette de son art, ou encore du prenant et mélodique "Turn Back Time" à la ligne rythmique si délicieusement oppressante ou au solo claviers/guitare si bien entremêlés ; STATUS MINOR alterne avec bonheur les ambiances comme les jeux d’instruments sans pour autant perdre l’auditeur et tout en conservant une vertueuse cohérence d’ensemble.

Mais l’esprit humain est curieux par nature… Et il est généralement têtu : c’est donc à demi effrayé par ce que je pense comprendre de la dernière plage narrative ("Me") que j’en viens à interroger le combo via son réseau social pour tenter d’en savoir plus sur les paroles ou la source d’inspiration de "Three Faces Of Antoine". Un message signé Sami Saarinen me revient dans les dents avec en bonus la photo de la couverture d’un bouquin paru sous le titre de "Hunting The Devil" par Richard Lourie qui relate les méfaits (le mot est faible) et la traque du "Boucher de Rostov", de son vrai nom Andreï Tchikatilo, reconnu au final coupable de 52 meurtres particulièrement sanglants ; le bonhomme ayant fini sa triste existence une balle dans la nuque après qu’il eut été condamné à cette sanction expéditive par la justice russe en 1994.

Or, il apparaît que tout en étant manifestement l’un des prédateurs les plus torturés (et ce terme n’est pas choisi au hasard !) que l’histoire moderne ait connu, Andreï Tchikatilo menait en parallèle une vie plus que normale : époux correct (première narration), père aimant (deuxième récit) alors qu’il continuait de kidnapper puis de massacrer ses victimes (récit final). Transposant cette histoire dans une société anglo-saxonne contemporaine, STATUS MINOR explore ainsi par le biais d’une musique bariolée aux sonorités aigre-douce et aux atmosphères changeantes, mais souvent oppressantes, ces trois faces de la personnalité de ce mari/père/tueur déjanté… Bluffant !

Loin de faire l’apologie des atrocités perpétrées par ce qu’il convient d’appeler un monstre, les finlandais explorent musicalement ces zones parfois sombres de l’âme où se télescopent le masque que nous portons, nos angoisses ou encore nos pulsions bestiales. Le joliment mélodique mais énigmatique instrumental "The Tunnel", fort de son thème lead lent et mélancolique retranscrit parfaitement selon moi ce grand écart entre calme et tempête intérieurs. Il en ressort qu’en connaissant la trame de fond qu’illustre la musique, aussi bonne soit-elle, que l’écoute n’est du coup plus la même. STATUS MINOR reste talentueux et inspiré mais prend soudain une gravité, une profondeur dramatique qui pourrait légitimement en rebuter quelques uns… On comprend presque mieux l’absence totale de communication sur ces éléments par Lion Music lors de la sortie de "Three Faces Of Antoine" !

Ayant tout naturellement accroché à ces riffs solides, à ces belles rythmiques offensives appuyées sur une batterie dynamique, le tout étant couronné par le timbre de voix si particulier de Markku Kuikka indiscutablement en grande forme, et ayant surtout été absorbé par les ambiances délicieusement épaisses tout en étant jalonnées de fragilité qui ressortent de l’ensemble des titres que recèle "Three Faces Of Antoine", je ne peux dissimuler que la source d’inspiration des Finlandais ait quelque peu refroidi mes ardeurs. Pour la faire courte : penser aux frasques bien gore de ce dégénéré de Tchikatilo m’a un brin pourri mon groove face à une musique par ailleurs d’excellente facture. À l’image de ce que l’on dit parfois pour certains humoristes, peut on rire de tout ? Et en l’espèce, peut-on baser une prestation musicale (aussi bonne soit elle !) sur n’importe quelle tragédie humaine alors que l’auditeur souhaite généralement se changer les idées face à une réalité déjà pas toujours très friendly.

"Three Faces Of Antoine" m’a rapidement et très sincèrement plu. C’est la raison pour laquelle j’agrafe un 4/5 musicalement très mérité sur cette pochette artistico-zarbi. Cependant, j’ignore aujourd’hui si je trouverai l’envie et la fausse insouciance de le réécouter dans son intégralité: paradoxe d’une œuvre d’art que l’on apprécie sans pour autant avoir envie de la contempler. La juxtaposition de ces trois faces étant peut être un peu trop obscure pour moi.

- pour la quasi-perfection :"Slenderman",
- pour les soli :"Feel My Hunger",
- pour la rythmique démonte-pneus : "Turn Back Time".

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- Markku Kuikka (voix)
- Sami Saarinen (guitare)
- Jukka Karinen (claviers)
- Eero Pakkanen (basse)
- Rolf Pilve (batterie)
- Guest/session :
- Linus Nyman (narrateur)


1. Helen
2. Our Common Curse
3. Turn Back Time
4. The Tunnel
5. Free Me
6. Hard To Find
7. Max And Pattie
8. Feel My Hunger
9. Slenderman
10. Me



             



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