Si je m'attendais à une telle montée en puissance ! Après quelques ajustements, la formation suédoise revient en pleine possession de ses moyens après avoir éprouvé son nouveau line-up, quoique pas tant que ça, étant donné que sa tournée en soutien à "Dawn Of The Dragonstar" a été brutalement interrompue après six concerts… Pas de quoi décourager nos gains lurons qui décident de remettre rapidement le couvert avec un album aux couleurs froides bien à l'image de leurs contrées nordiques, non sans faire un clin d'œil appuyé à un célèbre album d'IMMORTAL dont le visuel s'exprimait lui aussi avec moult étendues gelées.

Et ce déjà quatrième album affirme des ambitions matérialisées par une pièce conquérante portant le nom du groupe. Au bout de ces quatre minutes, on se dit que l'exercice n'est clairement pas vain, et que ce titre, premier single, ouvre "At The Heart Of Wintervale" sous les meilleurs auspices. Jusque-là, ce n'est pas la première fois qu'un album de Power Metal s'ouvre sur un tube ultra fédérateur. Sauf que le titre éponyme enfonce le clou, le jeu plus moderne et même auréolé de quelques blast-beats de la jeune recrue Isak Olsson arrivée à point nommé pour la tournée. Du haut de ses vingt-cinq ans, le benjamin de la bande n'est qu'une confirmation du vivier de talents insolents que constitue la ville de Falun, connue pour nous avoir donné SABATON.

Le niveau d'écriture de ce nouvel album est proprement ahurissant. Et une fois passé les deux titres suivants, on sait déjà que TWILIGHT FORCE a remporté la partie. Le premier, "Dragonborn" avec sa mélodie de flûte entraînante, et sa batterie façon Humppa, se mue au fil des secondes en un hymne aux variations gérées à merveille par un sens de l'écriture particulièrement brillant. Si bien qu'à la première écoute, je me suis demandé ce qui s'était passé. Et "Dragonborn" est le titre qui m'a d'emblée impressionné. Mais plutôt que de faire dans la tradition et de terminer son album avec le titre-fleuve qui passe les dix minutes, TWILIGHT FORCE nous en concocte deux !!! Et "Highlands Of The Elder Dragon", majoritairement menée par l'excellent piano de Daniel Beckman est incroyablement riche ; la musicalité et l'inspiration sont clairement au rendez-vous et il y a là-dedans autant de matière que sur toute la discographie de POWERWOLF. J'exagère à peine, la diversité de leurs influences s'exprime avec brio.

La messe est dite d'ores et déjà et le refrain de "Skynights Of Aldaria", tenu par les blast-beats, remet la puissance de frappe aux premières loges. La messe est dite. Pourquoi alors ne pas pousser ce disque en Sélection du Site alors ? "At The Heart Of Wintervale" est un très bon disque de Power Symphonique, à la production exemplaire, au mix clair et luxuriant à la fois, servi, je ne l'ai pas précisé, par un Alessandro Conti au sommet de son art, bien qu'il contribue parfois aux réminiscences RHAPSODYesques ("Skynights Of Aldaria", "Sunlight Knight"). Cependant, deux pièces de dix minutes c'était osé, au point que "The Last Crystal Bearer" souffre clairement de la comparaison avec "Highlands Of The Elder Dragon". On ne peut pas non plus passer outre une dose de kitsch assez salée ("Sunlight Knight"), qui en mettra certains sur le reculoir, là où d'autres plongeront la tête la première. Comme souvent il y a deux écoles, et TWILIGHT FORCE a depuis le début de sa carrière toujours fait en sorte que l'orientation soit pour le moins radicale.