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2012 2 Portal Of I
2014 2 Citadel
2017 1 Urn
2023 1 Exul

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- Style : Cormorant, Kalisia, Opeth, Xanthochroid, Iapetus
 

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NE OBLIVISCARIS - Exul (2023)
Par WËN le 8 Mai 2023          Consultée 3060 fois

Si NE OBLIVISCARIS fait incontestablement partie de mes plus belles découvertes post-2010 et si leur "Portal Of I" (2012) se classe sans même être chahuté parmi mon top 5 - tous styles confondus - du nouveau millénaire, c'est vous dire avec quelle fébrilité je m'accroche à chaque écho d'une sortie en devenir la part du combo (et je vous l'assure, c'est chose rare). Pourtant, passé cet intense et premier full-length, force est de constater que les six de Melbourne (ou presque) n'étaient plus parvenus à me faire vibrer autant que je l'aurais désiré : "Citadel" (2014), s'il frôlait l'excellence, demeurait audacieux mais tout de même légèrement moins flamboyant que son aîné en subissant de plein fouet la perte - somme toute ingratement logique - de l'effet de surprise, tandis que "Urn" (2017) ne parvenait à m'émouvoir qu'en de trop fugaces moments.

Une réelle pause s'imposait-elle déjà ? Seul le groupe serait à même de pouvoir répondre à ce genre de considérations. Cependant, par ces quelques sorties plus anecdotiques strictement destinées aux inconditionnels du combo (singles et éditions spéciales concernant des titres emblématiques du premier album) et chargées de maintenir un semblant d'activité durant les six longues années (tout de même) séparant "Urn" de ce successeur, nous ne saurons qu'y percevoir un groupe fatigué de tourner et désireux de prendre du recul sur ses dernières œuvres. Car si nous connaissons tous les enjeux inhérents à un second album (et plus encore à un troisième) souvent contraint à un agenda plus serré et donc d'une moindre phase allouée à la composition (parfois même étalonnée sur la route), là où un jet initial profite de bien plus de liberté, de soin et de temps (tout est lié) au moment d'en peaufiner les derniers détails, nul doute que les gars de NE O aussi. Il leur fallait rentrer au bercail. C'est d'ailleurs le secret le moins bien caché de cet "Exul", dont le sens étymologique renvoie au concept d'expatriés (ex-sul, éloigné de son sol natal). Il était donc nécessaire pour NE OBLIVISCARIS de se ressourcer et de prendre à nouveau le temps de fourbir ses instruments, d'aiguiser son art et, c'est chose faite, de retrouver une spontanéité salvatrice !

Et laissez-moi vous dire, que c'est un groupe transfiguré qui nous revient là, bien décidé à reconquérir les plus dubitatifs de son auditoire, et à élargir encore sa fan-base du même coup. C'est ce que nous promet dès son entame cet exaltant "Exul", exutoire excellemment garni d'exquises esquisses. Les gimmicks de composition habituels, ce riffing échevelé, ces accalmies batterie/violon/basse, cette dualité des chants (Xenoyr/Charles, dont le chant clair est dorénavant irréprochable) et les plans raisonnablement exubérants de ce Metal Prog extrême propre aux Australiens sont bien évidemment de la partie, avec une intensité retrouvée et à un niveau - il faut le dire - dont je ne les pensais plus forcément capables.

En cela, "Exul" est enivrant. Regorgeant d'idées, chacune dépassant voire surpassant la précédente pour un plaisir sans cesse renouvelé, l'album sait nous offrir tout un assortiment de remarquables moments. Des plus puissants débordements d'allégresse devant tant de maestria (piochez un peu partout dans "Equus", ou visez l'incroyable partie instrumentale de "Graal"), aux emportements les plus sourds ("Misericorde I", ses riffs accrocheurs et la sulfureuse apparition d'une basse possédée qui vient se déhancher au gré de leurs circonvolutions, qui sans transition saura adopter un tempo martial à vous en ravager les sens, pour subtilement se mouvoir en un impromptu break acoustique), NE OBLIVISCARIS n'est pas avare en allégories lorsqu'il s'agit de se jouer ET de jouer avec nos émotions (rage, nostalgie, appréhension, affolement, voire une certaine plénitude, le tout pour un ébahissement total et sans concession).

Pas de temps mort ici, mais surtout, surtout, pas de remplissage (là où son prédécesseur n'était pas exempt de longueurs). Non seulement chaque composition (7'30 pour la plus courte) se suffit à elle-même en nous proposant son lot de surprises des plus variées : l'introduction au violon et toute en ambiances jazzy de "Misericorde II", les lignes de basses audacieuses de "Suspyre" et de "Graal", ici un duo basse clinquante/chant extrême ("Equus"), là un grisant et passionné solo de guitare Blues/Hard (de f*ck ?!) excessif en tout, d'abord hypnotique pour mieux se décliner en un long pont ambiant bardé de visions hypnagogiques et cauchemardesques, en passant par des arpèges tissés à même les plus brûlants déserts sur "Graal" (Karl Sanders, si tu nous lis). Mais en plus, chacune n'aura de cesse de se laisser redécouvrir alors que s'enchaîneront les écoutes (via la richesse des grooves disparates de basse et de batterie, Dan Presland est dans la place mais hélas plus pour longtemps). Même le court instrumental de clôture piano/violon sur fond de chœurs éthérés demeure fascinant.

NE OBLIVISCARIS semble se recentrer ici sur ses acquis, pas de révolution majeure à noter mis à part peut-être au sein des moments les plus acoustiques qui parviennent à davantage se diversifier ("Suspyre", "Equus"), et là, les cordes (violon/alto/violoncelle (*)) qui s'entremêlent et théorisent leur science en de tragiques sommets harmoniques (la montée progressive de "Equus", la fabuleuse entame du solo de "Misericorde I" où l'on entend distinctement tout ce beau monde, ou encore leur échange plein de passion et de tension sur "Misericorde II"). Des thèmes on ne peut plus actuels ("Equus" est dédiée aux victimes des incendies qui ont dévoré l'Australie en 2019-2020) et un mix clair et puissant qui sert admirablement le propos d'un groupe dont la musique fourmille de tant de détails viendront compléter ce tableau qui ne manque donc pas d'attraits.

Bref, si vous narrer par le menu détail les folies d'un NE OBLIVISCARIS au mieux de sa forme n'a définitivement que peu de sens, vous aurez en tout cas bien compris que beaucoup d'excellentes choses, donc, nous sont proposées ici par le sextette australien qui, non content de dépoussiérer son patronyme pour rappeler à notre bon souvenir son sens premier ("n'oublie pas"), signe un retour en grâce de la plus éblouissante des façons. Certes, "Exul" est la remise du pied à l'étrier d'un groupe arraché bien malgré lui à sa terre natale par le rythme effréné des tournées, mais c'est en plus un disque qui demeure farouchement beau et qui n'aura aucune peine à s'inscrire en digne successeur d'un "Portal Of I", celui-là même que j'attendais (pas si) secrètement depuis maintenant quelques années. S'il ne rivalise pas avec cet album primordial, il se place en tout cas aisément au niveau d'un "Citadel" en bénéficiant justement, cette fois-ci, de l'élément de surprise en plus.

Un rythme effréné, des rebondissements à outrance, l'alternance outrancière des tempi, le tout en une cinquantaine de minutes. Je suis comblé.

Note réelle : 4,5/5.

:::

(*) violoncelle signé Dalai Theofilopoulou, surtout connue pour avoir accompagné SÓLSTAFIR et The OCEAN en tournée, mais officiant aussi dans ANTIQVA (dont le line-up comprenant du NE OBLIVISCARIS, du ABYSSIC, du RIVERS OF NIHIL et du CRADLE OF FILTH, a de quoi m'intriguer).

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   (2 chroniques)



- Xenoyr (chant extrême, textes)
- Tim Charles (chant clair, violon, alto, claviers)
- Benjamin Baret (guitare)
- Matt Klavins (guitare)
- Martino Garattoni (basse)
- Dan Presland (batterie)
- Alana K (invitée, chant)
- Emma Charles (invitée, violon)
- Dalai Theofilopoulou (invitée, violoncelle)


1. Equus
2. Misericorde I - As The Flesh Falls
3. Misericorde Ii - Anatomy Of Quiescence
4. Suspyre
5. Graal
6. Anhedonia (instrumental)



             



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