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2013 Retrospective
 

- Style : Day Six, Deep Purple, Pain Of Salvation, Pink Floyd
 

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ASTRAKHAN - Retrospective (2013)
Par HAPLO le 3 Mai 2023          Consultée 529 fois

Mais c’est quoi encore ce groupe sorti de nulle part qui titre son tout premier album paru en novembre 2013 "Retrospective" ? Comme si il y en avait déjà beaucoup à raconter alors qu’on a jamais, ô grand jamais, entendu parler ni même écouté ces cinq drôles de Suédois…

Mais qu’est-ce que ça veut dire cet album bizarroïde qui, au lieu de débuter sur un méchant titre catchy qui te met un bon uppercut auditif et la bave aux lèvres, s’ouvre sur une mélodie quasi a cappella enrobée d’une ambiance nostalgique et très calfeutrée ?

Ce truc, c’est ASTRAKHAN ; un combo qui ne tombe pas du ciel mais qui est originaire des vastes contrées glacées qui hébergent déjà un certain Daniel Gildenlöw (PAIN OF SALVATION), lui-même bien connu pour ses pérégrinations musicales trans-stylistiques, ses riffs décroche-mâchoire ainsi que ses ambiances oniriques qui savent si bien te mettre les larmes aux yeux… J’adore la Suède ! En outre, cette référence n’est pas complètement désintéressée puisque le bassiste Per Schelander (à l’origine de la création du combo avec son claviériste de frère Jörgen) a lui-même œuvré sur quelques titres d’un PAIN OF SALVATION durant la passe "Road Salt One/Two" dont le célèbre single "Linoleum" ainsi qu’avec les Danois de ROYAL HUNT… Éclectisme nordique ! Aussi, sans être un clone bête et méchant du gang de l’ami Gildenlöw, ASTRAKHAN n’en renie par pour autant ses influences et s’inscrit dans ce courant Métallique particulier ayant planté la tente au carrefour du rugueux et du mélodique, du classique et de l’avant-garde, du populaire à l’uni-personnel. Une drôle de bestiole en somme !

Les frères Schelander, soucieux de créer une musique au son unique, vont donc s’entourer de zicos accomplis pour personnifier ce beau projet. Ils vont, entre autres, s’adjoindre les précieux services d’un vocaliste du cru dont l’organe hors-norme va donner son cachet unique à ASTRAKHAN. Qu’on se le dise, l’ami Alex Lycke ne possède pourtant pas une voix de compétition à briser les vitres, au sexe savoureusement indéterminé ou encore capable d’atteindre des sommets neigeux en matière d’aigus. Non, la voix du bonhomme, tout en étant très humaine et très masculine, dégage néanmoins une chaleur et une émotion que j’ai rarement expérimenté jusqu’à maintenant : Lycke manie avec virtuosité cette capacité douce-amère à la flexibilité impressionnante en y intégrant une grande expressivité, et s’autorise ainsi à jouer littéralement avec cet instrument au gré des mélodies ou variations instrumentales… démontrant ponctuellement que cette voix au timbre si particulier, à la chaleur si intimiste, peut également monter dans les tours et faire œuvre de puissance. On est ici dans un registre proche, mais non similaire, de l’organe vocal tant salué d’un certain Daniel Gildenlöw. Bref, le truc inoubliable.

Cependant, sans pour autant se laisser enfermer par ce (glorieux) modèle, les zicos d’ASTRAKHAN s’en inspirent intelligemment pour embarquer l’auditeur dans leurs tribulations musicales clairement marquées tant par le style que par le son du Rock-Heavy pionnier des 70-80s aux résonances indiscutablement PINK FLOYDiennes, aux bons vieux claviers typés analogiques ou encore aux variations franchement vintage où des ondes mélodiques répétitives côtoient un art consommé de la transition allant de la ligne de piano orpheline à la rythmique trapue elle-même agrémentée de soli en embuscade décochés par un Marcus Jidell économe mais gourmet dans ses interventions.
Piégé par la voix suave et accrocheuse de Lycke, on se laisse facilement entraîner par cet arrière-fond punchy-crunchy où les Suédois vont également piocher à pincées millimétrées dans un petit réservoir d’AOR old school qu’on a également plaisir à retrouver ici (je pense en particulier à un arrière-goût de JOURNEY).

Aussi, sans réinventer la roue, mais jouant à fond sur l’étiquette d’une patte artistique attractive, ASTRAKHAN parvient à concilier la touche d’une musique simple, directe, pas prise de tête pour deux sous, intégrant des plans et autres gimmick que nous connaissons tous, à des ambiances intimistes très prenantes : le tout desservit, il faut le reconnaître, par une maîtrise vocale et instrumentale remarquables.

Le brillantissime "Higher Ground" illustre à merveille selon moi cet assemblage réussit entre sentiers connus et chaleur d’un style qui se démarque : intro bellement mélodique aux arpèges lents mêlés à une voix tant proche qu’intimiste qui enclenche sur une rythmique lourde limite dissonante, puis come-back sur les arpèges renforcés par le socle basse-batterie ainsi qu’un chant qui monte en puissance, solo guitare pêchu et technique pour finir sur une reprise combinée lead/piano du thème mélodique… Émotion et puissance sont ici mariés avec intelligence et progressivité : ASTRAKHAN montre que non seulement, il a quelque chose à raconter, mais qu’en plus il le raconte bien !
Dans la même veine, le savoureusement contrasté "Shadow Of The Light" (qui apparaît comme le véritable titre d’ouverture), fort de son refrain catchy et de ses séquences dépouillées ou encore le vibrant comme hargneux "Extrême Média Makeover" à l’ambiance diablement prenante, indiquent clairement tout le joli potentiel de cette formation du pays des géants que personne n’attendait.

Ce "Retrospective" et les dix cartouches qu’il contient n’en demeure pas moins un album de départ qui comporte quelques menus réglages à affiner si ASTRAKHAN ambitionne de progresser et de durer. À mon goût un peu snob de Maître Pinailleur première classe, le chant si original et attractif d’Alex Lycke qui concourt tant à la patte artistique du combo s’avère in fine un chouïa trop verbeux en ayant tendance à remplir tous les interstices jusqu’à en masquer quelque peu les instrumentistes dont on aimerait d’ailleurs profiter un peu plus sur des séquences plus larges. Leur virtuosité comme leur feeling ne faisant aucun doute… On souhaiterait en goûter davantage !
Et pour être enfin complètement transparent avec toi, ô lecteur clairvoyant, les Suédois dont je viens pourtant de vanter l’art de l’amalgame réussit, se laissent un tantinet entraîner sur la pente de la facilité avec quelques titres passe-partout aux virages prévisibles et qui semblent manquer d’un "putain de p’tit chépakoi" de derrière les fagots pour les propulser. Qu’il s’agisse du très convenu "Propaganda" au refrain facile mais dont la répétition finit par assoupir, du rapide mais très classique dans sa conclusion "State Of Mind" ou encore de l’équivoque "Under The Sun Part 2" clôturant l’opus avec une séquence chœurs pas loin de me rappeler les mélopées broadwaysiennes d’un JESUS CHRIST SUPERSTAR et dont la présence / cohérence m’interrogent un peu ici.
Le hasard des goûts et des dates nous tirant parfois la langue, il se trouve que les Suédois monteront en 2020 une série de concerts afin de reprendre en live le fameux Opéra Rock d'Andrew Lloyd Webber et Tim Rice (pour lequel le non moins célèbre Ian Gillan, voix mythique de DEEP PURPLE, interprétait Jésus sur l’album d’origine ben voui!). On est donc sans doute ici dans le domaine des signes annonciateurs…

Les Suédois d’ASTRAKHAN entament ainsi un parcours avec ce "Retrospective" qui, loin de revenir sur leur glorieux passé, les catapulte dans l’avenir. Plein de promesses quant à la marge de progression de ce drôle de combo venu du nord, "Retrospective" est intéressant à découvrir pour tous les amateurs de Prog’ en recherche de son chaleureux mais qui veulent rester sur des chemins balisés… Sans oublier cette voix qui fait chaud à l’âme ! Bienvenue à ce Grand Khan venu du Nord.

Perdu et seul dans les grandes steppes gelées quelque part entre Akkastugan et Vaisaluokta je regarde le soleil blafard sombrer dans le lac d’Akkajaure aux reflets glaciaires… Il fait déjà -12°C. Utilisant ma dernière cartouche d’alcool gélifiée face à l’obscurité qui gagne, je trace dans la terre givrée un très mérité 3/5 pour ce "Retrospective" à la fois rassurant et rafraîchissant : ce n’est que le début d’une histoire… vivement la suite !

- pour la (très) bonne surprise : "Higher Ground",
- pour le ying et le yang : "Shadow Of The Light",
- pour la chouette ambiance : "Extrême Média Makeover".

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- Alex Lycke (chant)
- Marcus Jidell (guitare, mandoline)
- Jörgen Schelander (claviers, piano)
- Per Schelander (basse)
- Martin Larsson (batterie)
- Guests & Additionnals :
- Andreas Novak (voix additionnelle)
- Maria Rådsten (voix additionnelle)
- Jonas Sjöblom (percussion, flûtes)
- Martin Pålsson (trombone)
- Martin Hall (guitare acoustique.)


1. Under The Sun Part 1
2. Shadow Of The Light
3. Propaganda
4. Higher Ground
5. Noname Lane
6. Extrême Média Makeover
7. Long Gone Generation
8. Modern Original Sin
9. State Of Mind
10. Under The Sun Part 2



             



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