Les Australiens de VOID OF VISION embrassent la tendance actuelle de séquencer les livraisons, nous offrant ici le dernier EP de leur trilogie avec "Chronicles III: Underworld", un an exactement après le premier de la série, en octobre dernier. "Lust" pour commencer, suivi par "Heaven" et maintenant "Underworld", voilà le menu proposé par ce jeune groupe formé au milieu des années 2010. L’approche consistant à occuper l’espace médiatique en sortant des titres régulièrement plutôt qu’un disque tous les deux-trois ans semble se répandre, si l’on en juge par les comportements de références telles que GHOST, HALESTORM, ou bien AVATAR pour ne citer qu’eux. Clown (SLIPKNOT) et Sully Erna (GODSMACK), vont même plus loin lors de récentes interviews, avançant qu’ils ne comptaient plus sortir d’albums mais plutôt des chansons au fil du temps. Fini le format LP ? Cela reste à voir.

Concernant le combo de Melbourne, ils reviennent donc en cette fin d’année avec trois tracks seulement, pour un peu moins de dix minutes au total. Vous n’aurez donc aucune excuse à ne pas tenter l’affaire. Au pire, le calvaire sera bref. La formule évolue assez peu dans l’ensemble, proposant un Metalcore teinté d’Indus et d’Électro de bonne facture quoiqu’assez peu original, à l’instar d’un groupe comme MOTIONLESS IN WHITE. "Hell Hell Hell" en est la parfaite illustration. Porté par un son boosté aux stéroïdes, le morceau fonctionne très bien, mais ne révolutionnera en rien le genre.

En revanche, "ASMR" est bien plus intéressant. Très influencé par NINE INCH NAILS, on retrouve, au-delà du son dantesque, des émanations de Trent Reznor, pour le meilleur à mon sens. Le côté torturé, la progression malgré une durée restreinte, transmet vraiment quelque-chose de particulier. D’aucuns crieront sans doute au plagiat. Je préfère pour ma part profiter pleinement d’une composition officiant sur un créneau finalement peu pratiqué. À noter pour les fines bouches (hum), que "ASMR" est l’acronyme de "Autonomous Sensory Meridian Response", terme utilisé pour décrire une sensation de picotement ou de chair de poule en réponse à des stimuli sonores ou visuels spécifiques (chuchotements ou mouvements lents par exemple) pouvant provoquer la relaxation voire le plaisir. En l’occurrence, la référence me semble plutôt destinée aux plus de dix-huit ans, si vous voyez ce que je veux dire, bande de petits pervers… Mais il est vrai que ce groove invite à bien des déviances.

Pour le reste, Jack Bergin et James McKrendrick, le duo de chanteurs, font d’ailleurs du bon boulot dans l’ensemble, l’un officiant en clean l’autre dans un registre extrême. Les couches synthétiques sont très présentes sur ce "Chronicles III: Underworld", donc autant prévenir : allergiques s’abstenir ! Je trouve en revanche qu’elles sont ici plutôt bien senties, prenant clairement le pas sur les guitares, mais collant particulièrement bien à l’esprit du songwriting. Là où les deux premiers EP manquaient de cohérence, ce travail de studio l’apporte justement ici, jusqu’à soigner l’enchainement des pistes, de telle sorte que l’on pourrait quasiment considérer que les trois titres constituent un morceau unique.

Sans doute le meilleur des trois EPs proposés, au final. Très sympa à écouter.

Note réelle : 3,5/5, arrondi à 4 pour marquer la différence avec les deux précédents.