Les valeurs sûres. Les gardiens du temple. Les parangons.
Autant d’apostrophes bien aisées pour parler de Heavy Metal en 2022. Un style codifié, qui a connu une genèse en deux temps, une croissance exponentielle qui a accouché de sous-genres quasi aussi populaires que leur matrice. Tout genre arrivé à son apogée depuis un moment finit par connaître une phase de déclin mais au milieu de laquelle des formations de troisième génération sont vouées aux gémonies, nonobstant quelque considération sur la qualité de leur propos.

Nombreuses sont ces entreprises méritantes, qui à défaut d’apporter la nouvelle vague, travaillent durement pour proposer le meilleur matériel possible. La plus allemande des formations suédoises, MANIMAL, appartient à cette famille de besogneux. "Purgatorio" avait déjà fait partie des résultats satisfaisants d'AFM avec le BARINSTORM du même millésime, et j'ai passé un peu de temps sur cet album avant de finalement m'en lasser plus rapidement que "Trapped In Shadows" avec lequel MANIMAL m'a ouvert son jeu.

Le marathon promotionnel commence fin 2021 avec un EP, forcément obsolète car comprenant des titres devant se retrouver sur la réussite de décembre, cet "Armageddon" talentueusement illustré par le stakhanoviste Stan W-Decker. Je serai passé directement à l'album pour retrouver très vite mes marques. Le Heavy, quand il est bien fait, a cette capacité à rassurer l'amateur, et à lui apporter le plaisir simple, la recherche de puissance, l'habitude de certaines harmonies, d'un certain son…

MANIMAL est le groupe parfait pour ça. Et "Armageddon" sans doute le meilleur album de sa carrière, donc le choix évident pour s'abreuver. Comme beaucoup de formations modernes attachées à la tradition du genre, le quartette évolue à mi-chemin entre le Heavy en acier trempé PRIESTien teinté d'ACCEPT et le Power Metal. D'ailleurs l'album s'articule globalement autour de deux types de morceaux : les mid-tempi plombés où la production, une nouvelle fois excellente, assoit un peu plus le propos, et où les cervicales sont mises à l'épreuve. "Chains Of Fury" est parfait pour l'exercice. Même si du côté des "bangers" un peu plus enlevés, "Burn In Hell" ou "Slaves Of Babylon" feront parfaitement leur office. Sans parler de réelles speederies, on a tout de même du martelage en règle, la pièce-titre en est un bon représentant, même si le classicisme de "Evil Soul" a aussi du bon.

MANIMAL a le chic pour proposer le Heavy puissant que l'on aime, et qui sous ses atours très classiques, parvient à nous éclater la tête, car il ne manque pas d'idées. Et c'est en "Path To The Unknown" que l'on trouve les meilleurs arguments. Derrière un Heavy apparemment balisé (ce que nous a proposé "Evil Soul" juste avant), les riffs et les enchaînements ne sont au final pas si évidents qu'ils y paraissent et on passe un beau moment… Une constante sur "Armageddon" qui, s'il n'a pas encore rejoint "Trapped In Shadows" en nombre d'écoutes, le dépasse déjà qualitativement, de la tête et des épaules. Si vous trouvez que CAGE ou BRAINSTORM mettent bien trop de temps à sortir de nouveaux opus, jetez-vous sur le quatrième album des Suédois.