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- Style : Evanescence, Lacrimosa, Lacuna Coil, Theatre Of Tragedy, Prehistoric Animals
 

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LOVELORN DOLLS - Darker Ages (2018)
Par HAPLO le 20 Juillet 2022          Consultée 878 fois

Mais que sont donc devenus nos deux gentils allumés électro-gothico-métalliques belges plus connus sous leurs noms d’artistes bibliquement antagonistes de Miss LadyHell et du Sombre Corpus Christi depuis la parution de leur dernière confiserie musicale titrée "Japanese Robot Invasion" (année terrienne 2014) ?

De leurs vrais noms respectifs Bernard Daubresse et sa divine Diva Kristell Lowagie, nos doux-dingues ont poursuivis leur petit bonhomme de chemin bigarré sur une scène métallique belge qui sait si bien nous révéler de tels OVNI improbables à l’insolence éclectique qui les rend néanmoins si attachants. Mêlant intelligemment effets électroniques et batterie programmée tonitruante à la voix faussement désincarnée de LadyHell, les LOVELORN DOLLS ont su y associer des rythmiques guitares joliment pesantes et lancinantes, créant ainsi une signature artistique unique et séduisante au travers d’ambiances atypiques dont les relents de désespoir sont habillement compensés par des effets flashy de boule à paillettes !

Mis en orbite en 2013 avec le fantasmagorique "House Of Wonders" puis dès l’année suivante par le plus abouti "Japanese Robot Invasion" déjà cité, nos deux poético-olibrius parviennent à se faire une place plus qu’honorable dans ce courant de niche connu et fréquenté par de (trop) rares adorateurs. C’est dire si quelques-uns les attendaient vicieusement au tournant de ce troisième opus… verrue redoutée de la maturité susceptible de confirmer tous les espoirs portés par nos gentils zèbres ou à l’inverse, capable d’offrir le spectacle navrant d’un jolie prise de pied dans le tapis du salon : gaufrage ou pirouette ?

Paru le 9 février 2018, "Darker Ages" annonce la couleur avec une très belle pochette monochrome (oui, elle vient de loin celle-là !) qui rompt avec le style bande-dessinée schizophrèno-cartoonesque des opus précédents, illustrée par la photographie claire-obscure de ce qui semble être notre égérie préférée à la beauté sombre et soignée dont les seuls compagnons visibles sont un corbeau et un crâne humain… ce qui laisse supposer qu’on ne va peut-être pas s’éclater sur le dancefloor jusqu’à pas d’heure ! Et en effet, les LOVERLORN DOLLS y déploient une musique, qui, si elle n’est pas mortifère, repose tout de même sur des ambiances pesantes aux rythmes lents et marqués, aux riffs lourds, aux teintes globalement sombres, indiquant par là que nos deux amis semblent avoir passé un cap ou en tout cas veulent nous faire part de sentiments plus épais et surtout plus inquiets qu’à l’accoutumée… reste à savoir si le bouffon sera toujours apprécié même si il ne fait plus glousser.

Première question essentielle : grossier plagiat ou hommage appuyé ? J’aurais tendance à m’aligner sur la seconde piste tant la ficelle est grosse, mais également distillée avec un talent certain pour un album où de très nombreux arrangements/effets/ambiances font clairement référence à un THEATRE OF TRAGEDY sur sa première partie de carrière ("Theatre Of Tragedy" – "Velvet Darkness They Fear" – "Aegis") entre 1995 et 1998. Voix cristalline épaulée par une seconde voix plus aiguë, tempo lent avec des frappes volontairement appuyées, alternances entre passages aux riffs lancinants et lignes dépouillées mais sur les mêmes appuis mélodiques, séquences répétitives aux vues clairement hypnotiques… Les LOVERLORN DOLLS nous replongent ainsi dans ces années bénies où la voix diamantifère de Liv Kristine mêlée à des ambiances gothico-riffées ainsi qu’à une batterie à la régularité obsédante m’ont fait découvrir le Metal sous l’angle proche de la fascination qu’offre le sourire d’un vampire : le baiser puis la morsure.

L’introductif "Darker Days" illustre à la perfection cette vertueuse jonction en ouvrant les hostilités, fort d’une LadyHell assumant à elle seule les growls bestiaux comme le chant de la sirène : nos amis belges parviennent à y marier très intelligemment une ambiance lourde et lente à des mélodies aériennes, provoquant la joie des retrouvailles plutôt que la déception du déjà-fait. Ils parviennent en outre à maintenir ce plaisir de la (re)découverte au travers de titres comme le très efficace "Love Missile" basé sur l’opposition entre séquences chargées puis instrumentalement rudimentaires, le plus punchy "Maniac Girl" dont les effets de percus apportent une petite note colorée et donc bienvenue, ou encore le prenant "Dead Sea" où la profondeur va grandissante comme si elle nous attirait au fond des flots.

Seconde question transcendantale : que serait un cocktail des îles sans sa petite dose de rhum ? Passée la première impression rafraîchissante, les agrumes te tombent sur l’estomac sans pour autant offrir la douce volupté brumeuse qui fait si bien voyager. "Darker Ages", par son épaisseur et sa monochromie me fait regretter le petit grain de folie que nos deux zinzins de l’espace belge avaient su si bien intégrer à leurs deux opus précédents : à l’image de titres comme le rythmé mais trop linéaire "Lament", du minimaliste et sans surprise "Shining Star", du sympathique mais prévisible "Happy Endings" ou encore de l’anecdotique "Legenda Natura" qui n’apporte pour ainsi dire rien de neuf à l’ensemble… LOVERLORN DOLLS semble ici s’enfermer volontairement dans une spirale grisâtre en nous faisant partager ses lourdeurs d’âmes dans une succession quelque peu répétitive d’où est exclu ce petit côté électro-peps qui fait pourtant tout leur charme.

À signaler tout de même, malgré une batterie programmée qui manque cependant d’un chouïa de profondeur ainsi qu’un petit titre dans la langue de Molière (ce que j’avais particulièrement apprécié sur le premier opus !), la présence de modestes soli guitares néanmoins forts appréciables car brillant par leur absence jusqu’à présent dans les compos concoctées par notre couple maudit. Loin d’être manchot, l’ami Corpus Christi nous régale même d’un solo assez long et bien mené sur le titre de clôture "Another World". On se prend à espérer que ces bonnes prédispositions perdureront.

Cependant, malgré cette tournure un peu plus profonde et solennelle (je n’irai pas jusqu’à parler de gravité), "Darker Ages" reste un bon album à la musicalité attrayante et sur lequel les LOVERLORN DOLLS prennent le risque de nous montrer leur art sous un prisme unique qui n’est ici plus qu’une simple composante de leur musique : Les fans apprécieront sûrement, quant aux autres, je les encourage à écouter d’abord "House Of Wonders" et "Japanese Robot Invasion" pour savourer pleinement cette légèreté déjantée si vivifiante. Ils apprécieront sans doute d’autant plus par la suite cette parenthèse de vague à l’âme en tendance monochrome.

Perché sur l’épaule de soie et de dentelle noires de la sombre Kristell, j’attends que la séance de photographie soit achevée pour tapoter affectueusement à trois reprises avec mon bec sur son cou : un 3/5 emblématique qui me semble correspondre à l’ambiance tant triste que gracieuse qui se dégage de "Darker Ages". Laissant ma belle Dame en noir seule avec son crâne, je m’envole vers ce ciel chargé au-delà duquel je devine le soleil… J’espère que les LOVELORN DOLLS le verront pointer sur leur prochain album !

- pour rêver dans le noir : "Love Missile",
- pour le punch et les percus : "Maniac Girl",
- pour l’hommage appuyé à ToT : "Darker Days".

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   HAPLO

 
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- Ladyhell (voix, arrangements, composition,)
- Corpus Christi (basse, composition, guitare, programmation, synthés.)


1. Darker Days
2. Dead Sea
3. Lament
4. Shining Star
5. Happy Endings
6. Psalms (in The Name Of God)
7. Love Missile
8. Maniac Girl
9. Legenda Natura
10. Another World



             



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