L.A. GUNS fut un temps plutôt populaire aux USA lors de ce qui sera la fin de la période dorée du Glam Sleaze. Ils sortirent une poignée d’albums vraiment sympas (les trois premiers) avant de sombrer corps et âme dans l’oubli. Comme leurs pairs, le groupe, va alors connaitre les albums ratés et les multiples changements de line up.
On a même depuis 2006 deux versions du groupe en parallèle ! D’abord c’était la version de Tracii contre celle de Phil et Steve Riley et aujourd’hui c’est la version de Phil et Tracii (l’amitié y a que ça de vrai !) contre celle de Riley ! Au niveau crédibilité ça fait vraiment tâche !

Bref après un virage qui se voulait plus Metal et plus sombre ("American Hardcore" en 1996) le groupe qui s’était séparé, en 1995, de son chanteur original (Phil Lewis) va opérer un retour vers son style caractéristique. En, cette fin des 90s, beaucoup de groupes de cette époque vont tenter simultanément un retour (aidés par John Kalodner). On parle de RATT, GREAT WHITE etc….
L.A GUNS saute dans le wagon et espère avoir sa part du gâteau.

Quid de ce nouveau line-up : déjà welcome Jizzy Pearl (ex. LOVE/HATE, et qui ira ensuite, bien vite, chez RATT !) et on conserve aussi Johnny Crypt le bassiste arrivé sur "American Hardcore" qui lui reste mais pas pour longtemps. Une fois l’album fini Crypt quittera le groupe et ne participera même pas à la tournée (dans le livret on a une photo live et c’est un autre bassiste : Chuck Garric !). D’entrée de jeu on peut dire que même si la voix de Jizzy n’est pas mauvaise, elle est bien plus éraillée que celle de Lewis ce qui donne une patine plus rêche a l’ensemble. Pas horrible mais moins mélodique que Phil.

À cette période Tracii est le guitariste live du groupe de Gilby Clarke… donc il va demander à Gilby de produire le disque. Et oui quand c’est la dèche tu préfères appeler tes potes plutôt que de viser un producteur prestigieux que tu ne pourras jamais te payer ! Pas chien notre ami Clarke emmène son autre poto mister Teddy Andreadis (ex GUNS N'ROSES) pour faire des claviers ! Par contre la production est assez sourde et le groupe aurait mérité quelque chose de mieux c’est sûr.

On peut noter à la vue de la pochette européenne d’origine, sortie sur le label français "Axe Killer", (la photo du tatouage sur la poitrine de Tracii) que le chef du groupe c’est bien Guns et personne d’autre ; quand bien même Steve Riley le batteur historique du combo est là (enfin revenu, car parti entre temps : de 1992 à 1995). La pochette US si elle ne présente pas le tatouage est d’une indigence rare ! Pas d’argent pour l’artwork ?!!

Alors ce coup d’œil dans le rétroviseur est-il réussi ?
Le titre "Girl You Turn Me On", se révèle d’entrée de jeu comme un bon titre (quelques réminiscences de "Rip And Tear"). Le côté Sleaze, évidement indissociable de l’identité du groupe de Tracii se retourne aussi sur "I’ll Be There" et "California". On note sur ce dernier, une forte influence Slash ("Nightrain") sur le solo. Les chœurs font penser aux albums solos de Clarke ; malheureusement la production assez étouffée gâche un peu le plaisir.

L.A GUNS ayant surtout connu la gloire avec ses balades ce côté n’est pas oublié non plus. On trouve donc d’abord "Dreamtime". Chouette morceau qui met bien avant le côté doux de Jizzy ainsi que le travail de guitare de Tracii. Clarke fait aussi quelques pistes rythmiques histoire d’étoffer l’ensemble. On a également "Barbed Wire" : là les claviers d’Andreadis nous rappellent un peu "Over The Edge" tout comme l’effet sur la guitare de Tracii. Un bon titre… qui donne un gros coup d’œil dans le rétroviseur.

Bref tout ça montre que les L.A GUNS, quand il n’essaient pas maladroitement de suivre les modes, ont leur patte et savent encore être dépositaires de se son et de cette attitude Sleaze, Glam Punk à laquelle on les associe. "Decide" fait très "Kashmir" (d’ailleurs certaines versions et rééditions auront une reprise réussie du Zep : "How Many More Times"). Rappelons au passage que Page lui-même avait, l’année précédente, recyclé "Kashmir" en se compromettant avec Puff Daddy sur la B.O de "Godzilla" (en 1998) sous le nom de "Come With Me".

Des titres un peu différents il y en a aussi : "Bad Whisky" (un Blues Sleaze plutôt réussi) et "Cherries", titre qui est doté de deux ambiances bien distinctes et qui envoie vraiment bien. Évidement on n’évite pas plusieurs écueils. D’abord les morceaux qui rappellent les influences extérieures : "Big Lil Thing" fait carrément titre de LOVE & HATE, plus qu’autre chose. Puis, les morceaux plutôt génériques qui n’apportent rien à l’ensemble comme "It’s Hard". Le titre éponyme avec une tentative assez Funk n’est pas mémorable non plus (et ce malgré un solo qui au début paraphrase gentiment, le "Whole Lotta Love" de qui vous savez…).
Au final un album moyen : des titres sympas mais pas inoubliables, et qui côtoient du remplissage. Cependant il est déjà bien mieux que les deux précédents, et ce haut la main ! Mais L.A GUNS retrouvera sa verve et son talent sur les deux albums suivants qui seront mieux produits (surtout "Waking The Dead" avec Andy Jones, quand même) et qui verront le retour de Nickels (momentanément) et surtout de Lewis (plus longtemps) !
Anecdote drôle : le bassiste d’origine Kelly Nickels est… le neveu de Pierre Perret !

Morceaux préférés : "Barbed Wire", "Bad Whisky", "California" et "Cherries".