Comment faire une chronique sur un album de Metalcore, genre sur lequel tout a été plus ou moins dit, au moins dans sa forme classique, ce qui est le cas ici ? Car autant l’affirmer tout de suite, les Écossais de BLEED FROM WITHIN ne réinventent rien. Les allergiques à ce style tant décrié peuvent immédiatement passer leur tour. Pas de fusion avec un autre style comme peuvent parfois le proposer HEAVEN SHALL BURN ou AS I LAY DYING, ni d’envolée électronique à la BRING ME THE HORIZON, le groupe est plutôt le cousin des Gallois de BULLET FOR MY VALENTINE, soyons clairs, en peut-être un peu moins racoleur.

Alors pourquoi gâcher son temps à écrire et même à lire cette chronique ? Le Metalcore, c’est un peu comme les chasseurs. Il y en a des bons et des mauvais. Le mauvais groupe de Metalcore, il ne fait que brailler et bastonner des gros riffs et breakdowns. Le bon groupe de Metalcore, rien à voir ! Il te crie dessus sur des gros riffs et des breakdowns. Et BLEED FROM WITHIN, c’est un bon groupe de Metalcore.

Plus sérieusement, deux éléments me semblent dignes d’intérêt chez les Britanniques : la sincérité de la démarche, et l’efficacité de la formule poussée à l’extrême. Mené par Scott Kennedy au chant, et seul membre fondateur restant depuis la création du groupe en 2005 avec le batteur Ali Richardson, la musique vise l’impact à chaque note, sur chaque titre. Et ça fonctionne plutôt bien. Les riffs sont saignants ("Pathfinder"), même si les guitares sont parfois un peu en retrait dans le mix. La batterie enchaîne des plans relativement standard, mais sait relever la sauce quand il le faut. Et le chant laisse ressentir une colère non feinte, pour le coup. C'est d'ailleurs l'un des atouts de cet album.

En revanche, certains chorus à base de chant clair et de chœurs ne servent pas le propos et affaiblissent les morceaux, au lieu de les sublimer (comme sur le trop produit title track "Fracture" ou sur le premier single, "The End Of All We Know"). C’est pénible, cette manie qu’ont les groupes de vouloir en coller à tout bout de champ pour remplir le cahier des charges, n’est pas ARCHITECTS ou TRIVIUM qui le veut.

En parlant des Floridiens, Matt Heafy leur leader vient nous gratifier d’un joli featuring sur le meilleur titre de l’album : "Night Crossing" via un solo bien inspiré. Ce titre représente vraiment ce que BLEED FROM WITHIN sait faire de mieux : une lourdeur sur les couplets, la basse bien en avant, des petites touches électro-produites pas inintéressantes, de la variété à la batterie, et un refrain crié qui touche. On n’échappe pas au bridge à la double-pédale pour venir lancer le sieur Heafy sur des bases très mélodiques. Du très bon boulot ce titre, qui montre qu’on peut encore faire de bonnes chansons dans le genre, sans nécessairement révolutionner la formule. "Into Nothing" fait bien le taf aussi, en nous épargnant également toute voix claire sur un refrain qui restera malgré tout dans les têtes dès la première écoute. Comme quoi, chanter en clair n’est pas indispensable pour pondre un chorus fédérateur. Un très bon morceau pour headbanguer bêtement, une pinte à la main. BLEED FROM WITHIN sait aussi surprendre en allant chercher des structures moins linéaires, ou au moins des ponts orignaux, comme sur le dernier titre cité.

Autre point positif, la production est relativement solide, même si on aurait aimé entendre des guitares un peu plus brutes, et dans l’ensemble, les effets électroniques sont plutôt bien dosés, tout du moins si on n’y est pas allergique de principe. Vu la capacité des guitaristes à proposer des riffs tranchants, on aurait aimé qu’une plus belle place encore leur soit offerte. La voix est en revanche parfaitement mixée, et réussie. Les growls sont profonds et relativement bien alternés avec des passages plus typiquement Hardcore.

L’artwork est plutôt réussi, avec cette créature transpercée de toute part par les lances sorties de 300, sur un fond rouge sang. Le ton est donné, et dans l’ensemble, le cahier des charges est respecté.

"This is not a war, it’s a victory", comme ils disent. Bon, soyons honnêtes, pas tout à fait, mais l’effort mérite d’être chroniqué, et salué. En espérant qu’ils se concentrent sur ce qu’ils font de mieux, à savoir crier et tabasser, plutôt que d’aller chercher des refrains mélodiques entendus mille fois. Être un bon chasseur, en somme.

Meilleurs titres : "Night Crossing", "Pathfinder", "Into Nothing".