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2019 Rosalie Cunningham
2022 Two Piece Puzzle
 

2019 Rosalie Cunningham
2022 Two Piece Puzzle
2023 Live At Acapela
 

- Style : Alice Cooper, Cream, Heart, Iron Butterfly, Louise Patricia Crane, Twin Temple, The Tea Party
- Style + Membre : Purson

Rosalie CUNNINGHAM - Two Piece Puzzle (2022)
Par DARK BEAGLE le 10 Mars 2022          Consultée 2769 fois

Je m’apprête à m’ouvrir une Bombardier. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une bière anglaise ambrée, qui ne prétend pas être une grande ale, mais qui a le mérite d’avoir des goûts francs et simples à la fois. Un petit peu comme Rosalie Cunningham (sauf que elle, elle ne contribue pas à cet embonpoint né huit ans plus tôt quand j’ai dit au revoir à la cigarette). La jolie Britannique nous revient avec son deuxième album solo qui, désolé pour les fans, s’éloigne toujours un peu plus de PURSON pour mieux embrasser les goûts de l’artiste. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne vit pas vraiment dans notre époque d’un point de vue musical puisque "Two Piece Puzzle" lorgne plus que jamais vers la fin des années 60 et le début des ’70.

Même la pochette transpire une certaine forme de psychédélisme. Elle fait certes un peu fauchée, avec ces pièces de puzzle suspendues à des fils et Rosalie, très Emma Peel like mais sans le cuir, qui transpire le style qui va être pratiqué ici. Vous pouvez avoir la certitude que cela va sonner de façon vintage et il ne faut que quelques secondes pour en avoir la confirmation. "Start With The Corners" ressemble à une espèce de jam entre les musiciens qui repose sur un riff qui se veut assez épique, du genre que URIAH HEEP aurait pu pondre à une lointaine époque. Certains trouveront certainement dommage que ce riff ne serve qu’à un instrumental qui ne donne même pas tout à fait le ton de l’album, qui se veut bien plus bariolé. En revanche, en ouverture de concert, cela va clairement mettre le feu.

Je mentionnais un peu plus haut PURSON. L’ancienne formation de Rosalie Cunningham évoluait dans un trip plus sombre, bien volontiers occulte et tout de même plus agressif. Il devait très certainement représenter une facette de la jeune femme, mais ce qu’elle fait sous son nom propre semble refléter ce qu’elle est réellement avec plus de justesse. Il y a un côté à la fois léger et ironique, pour ne pas dire baignant dans une espèce de second degré typiquement anglais. Mais "Two Piece Puzzle" a tout de même du caractère, qui ne se traduit pas forcément par un aspect bien Heavy ou très Hard dans l’intention, mais au travers de l’écriture et surtout de l’interprétation, réellement habitée.

Pour faire simple, on pourrait dire que "Two Piece Puzzle" est la rencontre réussie entre le BEATLES psychédélique et les KINKS, avec la fantaisie d’un QUEEN de la première époque par moments. L’artiste a réalisé un gros travail sur le son. En fait, elle a décidé de ne pas faire de mastering pour conserver toutes les dynamiques et restituer le son le plus fidèlement possible sur vinyle et le choix s’avère payant. Il suffit de pousser un brin le volume et on est alors prêt à déguster une véritable déferlante de Rock absolument old school mais qui donne réellement l’impression d’être d’époque. Elle se fond littéralement dans cet univers, avec un naturel déconcertant, comme si elle venait d’une faille temporelle.

Rosalie va partager une fois de plus son univers, qu’elle avait déjà finement dévoilé sur son premier effort solo. Ici, l’effet de surprise est moindre, forcément, aussi il est appréciable qu’elle ne se contente pas de suivre des schémas préétablis. Ses compositions vivent, elles rebondissent, elles dévoilent toutes leurs richesses alors que les écoutes se succèdent. Elle ne dévoile pas tout, en tout cas, pas immédiatement, "Two Piece Puzzle" se mérite quelque peu. Les arrangements sont subtils, les constructions sont amenées à évoluer, avec parfois un esprit un peu Prog sans trop insister non plus dessus. Et pourtant, le tout est très équilibré, il y a une véritable logique dans ce qui est proposé malgré des discours musicaux qui divergent.

Certains titres fonctionnent par paires (d’où le nom de l’album). Si cela paraît évident pour "Donovan Ellington" et "Donny Pt Two", le rapport entre "War" et "Duet" semble un peu plus difficile à cerner et pourtant, les deux sont intimement liés. "War" donne les causes de la dispute à laquelle nous assistons sur "Duet", où Rosco Wilson (qui a coproduit l’album et joué dessus également) et Rosalie Cuningham se livrent une joute verbale assez amusante, entre les désirs de célébrité de l’une et le réalisme froid et cynique de l’autre qui ne tient pas franchement à vivre dans l’ombre d’une star (et de ce que cela implique). Ouais, difficile d’imaginer un tel texte au sein de PURSON.

Alors il est possible que la face B rassemble un peu plus les vieux fans du groupe d’Occult Rock (ou de Doom Psyché pour sonner plus Nightfall In Metal Earth) puisque non seulement elle se veut plus rageuse au niveau des guitares, mais qu’elle distille également des ambiances parfois plus sombres, plus éthérées également ("Tristitia Amnesia", "Scared Of The Dark"). Rosalie Cunningham ne semble pas calculer ou prévoir à quoi va ressembler son album, elle donne l’impression de suivre son instinct et mieux, ses envies et de parvenir à rester cohérente tout du long. Son univers étant foisonnant, elle nous le dévoile en partie, pour ne pas exposer toutes ses richesses. "Two Piece Puzzle" reste néanmoins facile d’accès, plus que son grand frère, ce qui étonnement réduit un peu son impact.

En effet, cet album semble un brin plus « facile », même si le terme n’est pas forcément le plus approprié. Les musiciens et Rosalie sont parfaitement à leur aise, le problème ne vient pas de là, si tant est que l’on puisse appeler cela un problème. Churchill le déplorerait certainement, mais l’effet de surprise est moindre ici tant le premier effort avait dévoilé la palette de talents de notre Anglaise. Comme si elle avait poussé un peu trop loin, que le coup était un peu trop parfait pour pouvoir rivaliser avec elle-même. Mais "Two Piece Puzzle" reste de qualité, avec de très bonnes chansons ne demandant qu’à être découvertes et apprécier.

Dernier point, un peu surprenant, mais il vaut mieux privilégier le support vinyle pour apprécier pleinement cet album, qui semble avoir été pensé pour lui. Le découpage entre les faces lui confère tout son équilibre, toute son élégance. Il met en valeur ses subtilités tandis qu’en streaming et en CD, il y a deux pistes supplémentaires (les moins bonnes en plus) qui viennent alourdir inutilement l’ensemble et briser toute la stabilité initiale. Vintage jusqu’au bout en somme. Cela n’empêche pas "Two Piece Puzzle" d’être une bouffée d’air frais, un disque agréable et terriblement sincère dans un courant Revival qui perd de plus en plus de son charme, la faute à une imagination souvent en berne. Ce n’est pas tout ça, mais j’en ai oublié ma Bombardier, moi…

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   DARK BEAGLE

 
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- Rosalie Cunningham (chant, guitare, claviers, basse, percussions)
- Rosco Wilson (guitare, chant, batterie)
- Antoine Piane (batterie)
- Pat Kenneally (batterie)
- David Woodcock (claviers)
- Ric Sanders (violon)
- Darren Jones (mandoline, bouzouki)


1. Start With The Corners
2. Donovan Ellington
3. Donny Pt. Two
4. War
5. Duet
6. Tristitia Amnesia
7. Scared Of The Dark
8. God Is A Verb
9. Suck Push Bang Blow
10. The Liner Notes



             



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