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DOOM/DEATH  |  STUDIO

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HOODED MENACE - The Tritonus Bell (2021)
Par WËN le 8 Février 2022          Consultée 1982 fois

Il y a déjà trois ans de cela, nous avions laissé HOODED MENACE en proie à ses propres et moribonds démons, via un album plutôt ambitieux, aux longues leads gracieusement hantées, mais sur lequel nous ne sommes finalement que peu revenus (en partie à cause du son résolument ignoble dont souffre l’édition vinyle) (*). Revoilà la grisaille automnale et ses effluves houillées et quelle saison plus propice pour - au détour de quelques masures délabrées - déterrer une fois de plus la carcasse putride de notre fongique compagnon qui, ruminant sa haine des vivants, ne demande qu’à venir sonner le glas de la belle saison et débuter dare-dare sa moisson de peines ?

Un nom d’album évocateur (**), un artwork qui l’est tout autant (soupesez-moi cette cloche !!) signé Wes Benscoter (l’un des maîtres de l’horreur sauce-Metal s’il en est, cf. AUTOPSY, MORTICIAN, VADER ou BLOODBATH) : HOODED MENACE est en vie et, putain de sainte-mère, il n’est pas revenu pour lui brûler un cierge. Ce qui est appréciable avec cette bande-là, c’est que même si nous ne savons jamais d’avance à quelle sauce nous allons être dévorés - le quartette s’évertuant à diversifier sa formule à chaque album, pelletée par pelletée - nous pouvons néanmoins être sûr d’être toujours et d’emblée accueillis par ce Death/Doom de fond de caveau qui lui sied si bien.

Si, en terme de format de composition, la MENACE-EN-CAPUCHE poursuit l’effort entamé sur "Ossuarium Silhouettes Unhallowed", labourant gaiement et sans vergogne son terreau natal à jamais pétrifié par l’immuable successions d’hivers trop rigoureux pour revenir à une formule plus conventionnelle (7-9 minutes en moyenne), elle n’en va pas moins à l’essentiel (cinq titres + intro et conclusion de rigueur, pour 43 denses et grasses minutes au compteur), ne tardant guère à nous faire remarquer qu’elle a encore changé sa pelle d’épaule dans son approche, la coquine. Et pas qu’un peu.

D’une part, sous les lambeaux effilochés de sa lourde robe Doom, cramoisie et violacée, de nouveaux charmes décharnés ne manquent de se dessiner, à commencer par de crasses atours aux sévères prétentions Death Metal. Rongée par les vers, notre racoleuse carcasse suinte en effet le Death par tous les pores, transpirant davantage qu’une pute à l’église. Trémoussant sa gironde et crapuleuse silhouette boursouflée au gré de rythmiques parfois effrénées (l’épique "Chime Diabolicus", l’irréelle cavalcade de "Corpus Asunder"), nous l’apercevons là, presque sidérés, partir à l’assaut de la partition pour rapidement y assoir son hégémonie, eu égard aux académiques et cadavériques tempi plus généralement admis dans le style. Non pas que la partie Death Metal prennent le dessus à un quelconque moment - l’alchimie Doom/Death (ou bien est-ce l’inverse) demeure toujours ici si finement équilibrée -, mais avouons que son Doom extrême coutumier semble plus d’une fois cavaler éperdument, comme sous l’emprise d’une quelconque possession démonique.

Mais rangez-nous donc vos inquiétudes, cependant, car son groove toujours nonchalamment sépulcral reste un gimmick solidement ancré dans les compositions du quartette et à ce titre, les quelques ombres qui planent avec insistance sur cette nouvelle offrande, vous les reconnaîtrez vite. C’est d’abord celle de leurs compatriotes d’AMORPHIS/ABHORRENCE qui ne manque de déployer ses ailes, les relents de fond de tumulus d’un "Blood Ornaments" ramenant irrémédiablement aux antédiluviennes compositions de ces derniers. C’est ensuite celle des lords nécrosés de PARADISE LOST qui saura soulever son drap mortuaire, noyée sous ce feeling reconnaissable entre mille et accompagnée d’un chant d’outre-tombe qui ravivera ce cher Holmes à notre bon souvenir ; "Those Who Absorb The Night" paraît décidément creusée dans la même tourbe que les fosses communes d’Halifax.

D’autre part, notre cadavérique courtisane nous fait très rapidement entrevoir l’immonde semence de ses puritains d’amants, lui glissant sur le corps en de visqueuses leads de guitares aux mélodies bien léchées, comme le laisse transparaître ce "Chthonic Exordium" introductif ou cet "Instruments Of Somber Finality", son homologue en charge de clore le disque. D’une obédience toute Heavy 80’ (JUDAS PRIEST, MERCYFUL FATE), sulfureuse et parfois très appuyée, celles-ci vont jusqu’à profondément scarifier la chair même des riffs ("Chime Diabolicus", "Corpus Asunder"), se laissant finalement bien volontiers appréhender au détour de guitares peut être un peu moins taciturnes que leurs consœurs mais pour un résultat pas dégueu du tout. En découle une force d’accroche non négligeable, la formation sachant là, parsemer un tempo crépusculaire de guitares 'claires' avec une réelle grâce moribonde ("Blood Ornaments") et ici, repartir de plus pelle sur de la riffade catchy à souhait, trouvant ses origines quelque part entre ENTOMBED et ASPHYX, mention-AUTOPSY pour le détroussage de ses morts.

Et puisque nous y voilà, à ces ambiances mortifères et à cette douce résurrection des corps qui, via une imagerie dotée d’une appétence forte pour le cinéma d’horreur, ont fait la réputation de HOODED MENACE en ses jeunes années, notons que quelques âcres et pestilentiels panaches refont surface le temps de brefs pas de danse avec la Mort ("Scared Into Dark", le thème principal de "Chime Diabolicus"). Bref, en Finlande on sait s’amuser peu importe la rigueur des saisons qui s’abattent et s’ébattent glacialement sur cette souffreteuse partition. HOODED MENACE, s’il ne frappe pas là où on l’attendait, demeure néanmoins extrêmement bourru et sait ainsi fortifier sa place de référence du Doom/Death, pardon, du Death/Doom.


(*) Damned de Damned ! Chaque fin de face grésille de façon atroce. Season Of Mist, nous ne te remercions pas.

(**) Le triton, fameux intervalle (de trois tons) popularisé chez nous par le SABB’ dès son éponyme album et qui a fait couler tant de larmes bénites au sein des plus cléricales instances à travers les âges. Effectivement, le fameux ‘Diabolus In Musica’, écarté depuis la fin du Moyen-Âge pour ses dissonances jugées trop brutales et agressives, est banni jusque dans les clochers où il est hors de question que plusieurs cloches puissent sonner de façon si malsaine entre-elles . Enfin… sauf chez nos facétieux Finlandais.

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- Harri Kuokkanen (chant)
- Lasse Pyykkö (guitare, basse, claviers)
- Teemu Hannonen (guitare)
- Pekka Koskelo (batterie)


1. Chthonic Exordium
2. Chime Diabolicus
3. Blood Ornaments
4. Those Who Absorb The Night
5. Corpus Asunder
6. Scattered Into Dark
7. Instruments Of Somber Finality



             



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