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DEATHCORE SYMPHO/BLACK  |  E.P

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- Style : Mental Cruelty, Chelsea Grin, Angelmaker, Disembodied Tyrant, Slaughter To Prevail, Synestia

LORNA SHORE - ...and I Return To Nothingness (2021)
Par T-RAY le 17 Janvier 2022          Consultée 4793 fois

"...Et je retourne au néant". Telle est la traduction du titre mensonger du dernier E.P. de LORNA SHORE, tout premier disque du combo américain chroniqué sur notre site, qui a encore un long chemin à faire pour se mettre à la page du Deathcore. Il faut dire que le Deathcore n'a pas encouragé beaucoup d'entre nous à s'y mettre, tant la qualité reste l'exception dans ce sous-genre relativement honni par les gardiens du temple du Metal. Mais comme je ne goûte pas trop hurler avec les loups et que j'aime bien me faire l'avocat du diable, je trouve toujours quelques disques de Deathcore à apprécier par-ci par-là, au gré de mes écoutes. Et dans le genre, "...And I Return To Nothingness" est sans aucun doute l'une des principales sorties de l'année 2021, malgré sa durée de moins de vingt minutes.

En vérité, contrairement à son intitulé, cet E.P. ne renvoie en rien LORNA SHORE au néant, mais l'en fait définitivement sortir, tellement il regorge de qualités. De premiers longue-durée relativement insignifiants à ces trois dernières compositions bien plus marquantes, la formation a parcouru un beau bout de chemin et laissé sur le bord de sa route la totalité de ses membres fondateurs et plusieurs de ses autres piliers. Dernier en date à faire ses valises : le vocaliste CJ McCreery, dégagé pour suspicions d'abus sexuels. Au micro sur un seul album, l'appréciable "Immortal", le bonhomme a laissé sa place à un certain Will Ramos, qui se montre encore plus convaincant. En vérité, Ramos – j'y reviendrai – est l'une des principales raisons pour lesquelles "...And I Return To Nothingness" est la meilleure galette jamais sortie par LORNA SHORE.

Oui, trois titres peuvent suffire à transformer un disque de transition en pierre angulaire d'une discographie, lorsqu'ils sont aussi frappants. Car LORNA SHORE frappe fort avec les trois morceaux de "...And I Return To Nothingness". Si fort que le clip de "To The Hellfire" a été vu plusieurs millions de fois en ligne et que le groupe a pu se classer dans le Top 10 du "Viral 50" Spotify avant même la sortie de l'E.P.. Sur NIME, l'on se moque bien de ce genre de futilités car elles ne jouent en rien sur notre appréciation d'un disque, mais il faut reconnaître que s'il y a une chose que LORNA SHORE est parvenu à faire en 2021, c'est attirer la lumière sur lui et sur son Deathcore encore plus sympho qu'avant. Ce caractère symphonique, qui devrait me rebuter d'emblée tant il peut servir de cache-misère à trop de groupes, est devenu l'un des atouts cœur du jeu de LORNA SHORE.

Déjà très développé sur "Immortal", l'aspect symphonique de la musique du quartette prend ici une ampleur inédite. D'autant qu'il s'accorde à merveille avec la part de Black Metal qui accompagne le Deathcore de LORNA SHORE depuis plusieurs disques déjà. Ce Blackened Deathcore Sympho impose toute sa grandiloquence et sa majesté dès le fameux "To The Hellfire". Introduit par une ligne de guitare clean menaçante, le morceau explose rapidement. Les blast beats déboulent en rafales, les vociférations de Will Ramos, qui passe de pig squeals intenses à growls ultra caverneux, font l'effet de baffes dans la gueule et, déjà, apparaît cette capacité qu'ont guitares et synthé à se compléter, quand les deux instruments évoluent ensemble ou que leurs mélodies se succèdent. Tout cela ferait presque oublier l'abus de breaks typiquement Deathcore sur le final du morceau, qui coupe son ultime élan.

Néanmoins, ces fameux breakdowns n'empêchent pas "To The Hellfire" d'être un véritable tube qui se fout d'apparaître comme artificiel, et c'est tant mieux. Car, oui, le style LORNA SHORE a ici quelque chose de tout-à-fait artificiel, de ces nappes symphoniques à cette batterie ultra-triggée, de ces chœurs trop bombastic pour être vrais aux vocaux irréels (car partiellement trafiqués) de Ramos. Or, c'est cette accumulation d'aspects über-propres et clinquants qui ajoute au charme des morceaux de "...And I Return To Nothingness". L'introduction du morceau-titre, à coups de beats technoïdes, porte au paroxysme cette artificialité assumée. Et c'est sans doute sur celui-ci que l'ensemble des composantes de la musique du groupe trouvent la plus belle osmose. La mélodie principale, portée par les claviers et bien secondée par des guitares qui se fendent de leads saisissants, s'accorde parfaitement aux riffs d'Adam De Micco et aux vocaux plus Black que jamais de Will Ramos.

S'il fallait toutefois convaincre les amateurs de Metal Extrême encore réticents à se laisser apprivoiser par LORNA SHORE, car rendus méfiants par le taux de breaks suspects encore un poil trop élevé et l'aspect surproduit de sa musique, cette petite tuerie qu'est "Of The Abyss" devrait faire tomber les barrières. Parce que sa dynamique est parfaite. Et parce que la formation du New Jersey y affiche sa maîtrise du riffing Melodeath (merci Adam De Micco !) tout autant que sa capacité à tâter du Slam Death (ces ralentissements subits mortels !), sans oublier de fournir ces élans quasi-Black dont on savait déjà LORNA SHORE capable. Tout cela sans renier les fondamentaux Deathcore. Et ces vocaux malfaisants signés Ramos, alors ? À se damner tellement c'est bon de les entendre ! D'autant que le refrain du morceau est catchy en diable.

Plus encore que par le passé, cette nouvelle itération de LORNA SHORE dévoile une capacité d'accroche hors du commun en maximisant ce que ses membres savent faire de mieux. Si on ne sait toujours pas qui tient les claviers, la personne qui s'en sert le fait avec un sens de l'à-propos remarquable. Austin Archey est toujours aussi véloce derrière sa batterie et s'il est bien aidé par la technique, son goût pour le break assassin, souvent bien placé quoique parfois abusé, fait mouche régulièrement. Les rythmiques de guitare d'Andrew O'Connor jouent leur rôle de marteau-pilon avec fracas. Et les soli techniques et très mélodiques dont nous gratifie Adam De Micco apportent un côté dramatique supplémentaire qui colle parfaitement aux airs de fin du monde que colportent ces trois morceaux...

J'en oublierais presque de distinguer une dernière fois ce satané Will Ramos ! Auguste suppléant heureusement titularisé, il offre à LORNA SHORE un surplus de méchanceté bienvenu, que ne lui apportaient pas ses précédents hurleurs. Aussi bidouillées soient certaines de ses parties vocales, la fureur et la folie qu'il met dans son interprétation n'appartiennent qu'à lui et font un bien fou au groupe. Cet énième E.P. du combo ricain est tellement puissant et addictif qu'on voudrait qu'il n'ait jamais de suite. Impossible d'être aussi jouissif sur un longue-durée, au risque d'être épuisant. Il y a des fois où l'on préfèrerait qu'un groupe se sépare plutôt que de faire moins bien. Avec "...And I Return To Nothingness", LORNA SHORE a atteint ce point. Celui – bien vain espoir – du retour au néant.

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   (4 chroniques)



- Adam De Micco (guitare lead)
- Austin Archey (batterie)
- Andrew O'connor (guitare rythmique, basse)
- Will Ramos (vocaux)


1. To The Hellfire
2. Of The Abyss
3. ...and I Return To Nothingness



             



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