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- Style : The Black League, Alfahanne
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TRIBULATION - Where The Gloom Becomes Sound (2021)
Par DARK BEAGLE le 29 Mai 2021          Consultée 1960 fois

TRIBULATION est un groupe un peu à part dans le paysage du Metal Gothique contemporain. Jugé aujourd’hui trop mou par ceux qui aimaient l’aspect direct et sans fioriture de "The Horror", trop extrême par ceux qui ne supportent pas le chant de Johanness Andersson, la formation ne plaît pas autant qu’elle le devrait avec sa formule canon. Ajoutez à cela que le principal compositeur, Jonathan Hultén, quitte le navire juste après l’enregistrement de ce "Where The Gloom Becomes Sound" et vous comprendrez aisément que TRIBULATION n’est pas seulement à part, mais qu’il se trouve en plus dans une situation assez délicate même si un remplaçant a été trouvé en la personne de Joseph Tholl (un ancien d’ENFORCER).

Si Hultén, certainement très étonné par le succès rencontré par son album solo, a décidé de partir, il ne le fait pas comme un chien. Il a beaucoup travaillé sur ce nouvel opus des Suédois à la pochette intrigante. Elle ne met pas mal à l’aise, elle n’est pas une promesse d’horreur comme la majorité des précédentes, mais elle est loin de respirer la gaieté. En tout cas, elle donne envie de placer le disque sur la platine et de découvrir ce qu’elle cache, de savoir quels trésors elle recèle. Et la première impression, au bout d’une écoute, est une certaine forme de déception. Pas totale, mais disons qu’il est très facile d’avoir un avis très mitigé sur ce "Where The Gloom Becomes Sound".

Alors non, ce disque n’est pas mauvais. Il est plutôt bon même, dans son ensemble avec des parties instrumentales à se damner. Cependant, il apparaît clairement que TRIBULATION est devenu une formule. Pour être plus clair dans mes propos, je dirai que le groupe a trouvé sa maturité sur "The Children Of The Night" en 2015 et qu’il la répète depuis, avec plus ou moins de variations. Alors bien entendu, ceux qui apprécient leur style seront aux anges vu que tous les ingrédients sont là pour qu’ils prennent un gros pied, mais si l’on veut être critique une minute ou deux (et ne pas profiter simplement de la musique), on a légitimement le droit d’être un brin déçu.

Rien de bien méchant cependant, c’est juste que "Where The Gloom Becomes Sounds" est assez prévisible dans le genre, jusqu’à la place que va prendre l’instrumental de rigueur dans cet exercice de style (la cinquième position, pour ceux qui ne suivent pas). Parlons-en deux minutes. "Lethe" est une pièce délicate, où l’on suit une mélodie mélancolique produite par un piano triste. Comme d’habitude, cet instrumental propose un break aérien pour permettre à l’auditeur de reprendre son souffle avant de déguster la seconde partie de l’album, aux relents Heavy Metal parfaitement digérés. Un certain travail a été fait sur les mélodies, qui sont souvent assez prenantes (les attaques de guitares sur "Daughter Of The Djinn" sont particulièrement jouissives).

Et si de plus en plus la musique de TRIBULATION semble immuable, le groupe parvient de temps en temps à tordre le cou aux préjugés, au travers de compositions qui jouissent d’un souffle plus épique, qui apporte plus de profondeur. C’est le cas par exemple de "The Wilderness" qui est un petit bijou du genre, les parties instrumentales étant de toute beauté et offrant quelques couleurs à cet ensemble fait de gris. Attention ! Ce n’est pas forcément un défaut, le gris étant une couleur qui correspond assez bien à l’ambiance que dégage la formation au travers ces dix compositions taillées pour la scène.

En revanche, quitte à refroidir les envies de certains, la voix de Johannes Andersson ne bouge pas. Elle est toujours assez écorchée, un peu plus que celle qu’avait Taneli Jarva sur le "Amok" de SENTENCED. D’ailleurs TRIBULATION se rapprocherait assez de cette formation, avec ce sens de la mélodie très typée Heavy pour finalement accoucher d’un Metal Gothique finement ciselé et qui s’écarte souvent des clichés du genre, tout en conservant un chant plus extrême pour rappeler d’où le groupe vient. Alors oui, on aime, on n’aime pas, chacun est libre d’avoir l’appréciation qu’il veut à ce sujet.

Et la magie commence à opérer dès la seconde écoute. TRIBULATION n’est pas un groupe à refrains que l’on chante sous la douche. Son truc, c’est plus de raconter une histoire, de distiller une ambiance noire et horrifique le long de ses albums, et si cette dernière tend à s’effacer de plus en plus, il n’en demeure pas moins que les Suédois développent un univers qui leur est propre et que l’on finit par reconnaître dès les premières notes, pour peu que l’on se soit laissé charmer par les opus précédents. On commence à pardonner les gimmicks, on se laisse facilement envoûter par certaines lignes mélodiques, on apprécie le soin apporté aux soli, on relève toujours la tête quand ce sombre piano entame les premières notes de "Lethe"…

Et plus on passe du temps sur cet album, plus les perles commencent à briller. "In Remembrance", "Hour Of The Wolf"… Autant de morceaux qui sonnent de façon très classique mais qui ont ce petit quelque chose qui fait que l’on accroche, qu’on laisse une chance à un album qui semblait de prime abord bien mal engagé. "Where The Gloom Becomes Sound" n’est pas un chef d’œuvre, mais il possède ses moments forts qui couvrent aisément ses faiblesses, à commencer par cette impression de redite infernale qui hante cette première écoute qui est pourtant sensée être celle de la découverte.

On peut alors comprendre la lassitude de Jonathan Hultén et son envie de partir. Peut-être est-ce un mal pour un bien, peut-être que TRIBULATION saura rebondir en beauté après cette situation pour le moins délicate et se découvrir une nouvelle inspiration pour le futur. C’est tout le mal que je leur souhaite. Mais il apparaît clairement que "Where The Gloom Becomes Sound" est un disque de fin de cycle, qu’il clôt un chapitre qui commençait à s’éterniser et qui aurait pu s’arrêter avec le "Alive & Dead At Södra Teatern", le Live publié par le groupe en 2019. Comme quoi tout n’est qu’un éternel recommencement.

Note réelle : 3,5/5.

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- Johannes Andersson (chant, basse)
- Jonathan Hultén (guitare, claviers)
- Adam Zaars (guitare)
- Oscar Leander (batterie)


1. In Remembrance
2. Hour Of The Wolf
3. Leviathans
4. Dirge Of A Dying Sun
5. Lethe
6. Daughter Of The Djinn
7. Elementals
8. Inanna
9. Funeral Pyre
10. The Wilderness



             



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