Je ne peux pas dire que COMMUNIC m'ait beaucoup aguiché avec son retour aux affaires, après un "Where Echoes Gather" un peu pénible en 2017. Pas que les capacités du trio puissent être mises en cause néanmoins. L'inspiration, ça va, ça vient, et l'entité norvégienne, sur une terre bien plus fertile en Prog Metal qu'on serait tenté de le penser, celles des éminents PAGAN'S MIND et LEPROUS, revient revigoré avec son sixième album "Hiding From The World" qui ne va pour autant pas faire taire les surnoms de NEVERMORE norvégien qui lui collent à la peau. Il faut savoir que de base, je ne suis pas un immense fan des Américains, mais particulièrement de feu Warrell Dane.

Et surtout, COMMUNIC ne déroge pas à ce poncif du Progressif qui consiste à prendre le temps de développer ses titres. C'est bien simple, pour le plus court comptez quasi sept minutes, et vous poussez à dix pour les plus ambitieux. Mais attention, long ne veut pas dire Prog. Long, des fois, ça veut juste dire long. Et COMMUNIC a choisi sur "Hiding From The World" d'illustrer des textes pour le moins fournis. Et mécaniquement, comme guitare, basse et batterie accompagnent déjà les refrains (parfois nombreux, notamment sur "Hiding From The World" qui repose un peu trop sur sa mélodie certes très efficace) mais aussi les atermoiements du narrateur, et je dois bien l'avouer, parfois c'est un peu long.

Certaines pièces en tirent parfois un très bon parti, c'est notamment le cas du passionnant "Face In The Crowd" qui offre un parfait équilibre entre riff nevermorien appuyé et développement structurel et mélodique fûté. Mais si je regrette que la longueur se révèle trop souvent handicapante, en particulier quand un titre se repose trop sur une mélodie efficace, quitte à la répéter et la délayer jusqu'à l'écœurement, ce que le trio ne manque pas de faire sur le titre le plus long du disque. Alors certes, la formule à trois et les arrangements à la fois construits et équilibrés contribuent à laisser le temps aux titres de respirer, mais ce qui finit par se dégager, c'est cette omniprésence du chant.

Alors cet aspect, remarquablement géré par Oddleif Stensland qui a déjà fort à faire niveau guitare, n'est pas à négliger, car les mélodies, globalement de bonne facture et relativement originales, servent de guide et de repère le long de compositions pas franchement sinueuses en fait. L'aspect progressif se manifeste de manière plutôt subtile en fait, la guitare tantôt densifiant le tissu rythmique ou la batterie alternant afterbreat et blasts (oui). Ainsi, même sur un titre aussi bavard que "Born Without A Heart", ça fonctionne. Mais je dois avouer que c'est avec "Scavengers Await", le vrai temps fort de cet album après "Face In The Crowd" que mon avis évolue positivement et que je parviens à saisir enfin un peu mieux cette heure de Power Prog norvégien. D'autant que COMMUNIC nous a gardé le meilleur pour la fin, avec les ambiances bien plus travaillées de "Forgotten" (l'apport des claviers n'y est sans doute pas étranger).

Une nouvelle fois, COMMUNIC ne nous a pas rendu la tâche facile, mais son Metal à la NEVERMORE affine une certaine idée du style, en soulignant le propos lyrique et en restant d'une sobriété assez confondante, d'autant que la production moderne et sans aspérités tend à gommer un peu les nuances et la subtilité qu'aurait pu vouloir mettre le groupe dans son jeu. En cela, le contraste avec "Where Echoes Gather" est plutôt saisissant, et nous retrouvons une formation mature, qui ne compte pas sur le tape-à-l'œil pour s'imposer ou esbroufer l'auditeur. La contrepartie, c'est que "Hiding From The World" exige un gros investissement de votre part, même si la construction des titres vous le rendra finalement assez limpide au bout d'un moment.