C'est depuis les sombres terres glacées de Norvège que provient COMMUNIC. Créé en 2003 par le chanteur Oddleif Stensland et le batteur Tor Atle Andersen tous deux transfuges de SCARIOT, groupe dans lequel ils n'arrivaient pas suffisamment à s'exprimer, ce trio propose avec Conspiracy In mind un premier album de qualité.
Et quand on vient de Norvège, on peut s'attendre à une musique souvent torturée, à l'instar des nombreux groupes de Black Metal qui en sont issus depuis 15 ans. De musique torturée, il en est bel et bien question ici, mais certainement pas de Black Metal (je vois déjà fuir les plus sensibles d'ente vous, revenez !). Car l'univers musical de COMMUNIC est avant tout un heavy/power metal qui sait se faire puissant et saccadé à grands renforts de riffs trashs et/ou de passages mélodiques envoutants.
L'ensemble, toujours énigmatique et obscur lorgne largement vers NEVERMORE, le combo de Seattle étant une influence majeure du trio (qui ne s'en cache pas). Les vocaux, psalmodiants en longues plaintes éfilochées, savent aussi par moments se faire énergiques et sont souvent une copie carbone de la voix de Warrell Dane.
C'est largement flagrant sur la chanson titre "Conspiracy In Mind" qui ouvre l'album. Quoique parfois, la profondeur des vocaux et un côté plus lyrique peuvent évoquer un Messiah Marcolin (CANDLEMASS) en transe. Ajoutons au tableau quelques touches prog pas bien méchantes et qui ajoutent quelques teintes au décor, des introductions vraiment réussies et douces (qui préparent une future montée en puissance) comme sur le superbe "They Feed On Our Fear" et nous y sommes.

On pourra penser ce qu'on voudra : certains esprits chagrins ou mal intentionnés, toutes griffes dehors crieront au plagiat éhonté sans même creuser davantage cette mixture bouillonnante, voire prendront peur à la vue de la longueur des morceaux. Que ceux-là attendent la prochaine livraison Nevermoresque, on ne leur en voudra pas ... même s'ils passent somme toute à côté d'un disque vraiment honorable dans le style. D'autres peut-être plus sensibles aux charmes de la musique des Norvégiens s'enfileront le chapelet des 7 titres cul-sec (gourmands va), ou traiteront le sujet par petits bouts.
C'est comme celà que j'ai opéré personnellement : cela m'a permis de découvrir un groupe qui, malgré une identité encore un peu enfouie derrière l'ombre du groupe américain sus-cité sait faire preuve d'une maîtrise instrumentale magistrale, dispensant à grands coups de rythmiques ou d'arpèges de guitares mélodiques une leçon de heavy metal de haute volée. Indigeste lors des premières écoutes (j'avoue), on se laisse prendre progressivement par des climats metalliques développés avec maestria et les coups de boutoir de cette rythmique infaillible.

Envoutant, puissant ou intimiste, COMMUNIC a ici joué la carte du talent et du savoir faire, à défaut de trouver une voie réellement novatrice. Gageons qu'il saura dans un prochain album (en espérant que l'expérience ne soit pas qu'un feu de paille) montrer un peu plus de personnalité. Pour les fans de heavy musclé, mélodique, obscur et un peu prog, et pour les afficionados de NEVERMORE.