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DOOM PSYCHÉDÉLIQUE  |  STUDIO

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2000 Godlike Snake
2004 Snailking
2017 8
2022 Fenice

UFOMAMMUT - Godlike Snake (2000)
Par NEURO6 le 16 Septembre 2020          Consultée 881 fois

Des riffs massifs et cycliques, inlassablement répétés, des claviers aux sonorités bizarres, un chant éraillé qui fait écho aux tambours frénétiques et mécaniques… Voici le menu du premier album des Piémontais d’UFOMAMMUT. Vous me direz, pas de quoi fouetter un chat. Nous sommes en 2000 et l’hybridation entre le Stoner et le Doom n’est pas une nouveauté (SLEEP et ELECTRIC WIZARD, entre autres, étant passés par là). Pourtant, la sortie de "Godlike Snake" ne passe pas inaperçue.

Si ce premier opus a marqué les esprits, c’est déjà à cause de la nationalité des protagonistes. Bien que la scène Metal transalpine a vu naître un mouvement Doom dans les années 1980 (*), il faut avouer que l’Italie ne figure pas parmi les pays européens ayant le plus contribué au genre. L’émergence d’un groupe aussi insolite n’a donc pas échappé à l’attention.
L’autre singularité du groupe, c’est son nom. UFOMAMMUT, c’est le mastodonte cosmique, un intitulé bien étrange qui associe le passé (le mammouth), fossilisé dans la terre, et le futur, le fictif (l’OVNI), s’échappant dans les cieux. UFOMMAMUT c’est donc l’union de deux opposés, le Yin et le Yang, le terrestre et le céleste. Mais surtout, c’est l’association du lourd (leur Stoner goudronneux) et de l’étrange (leurs claviers psychédéliques).
Le groupe piémontais s’est ainsi forgé, avec ce premier album, une patine, un son distinctif assuré par le mélange entre la brutalité portée par le guitariste Poia et le batteur Vita (comme sur "Zerosette") et l’étrangeté des sonorités électroniques insufflées au synthétiseur monophonique par Alien (notamment sur le morceau d’ouverture), membre qui a par la suite quitté le groupe. L’ultime couche déposée, c’est le chant lointain et halluciné d’Urlo, parfois imperceptible (ce qui pourra en gêner plus d'un), mais toujours psychédélique (comme sur "Nowhere"). Il sert de liant entre ces deux facettes de leur musique.

Avec ses breaks, ses ralentissements, ses répétitions, ses accélérations, UFOMAMMUT nous mène dans des montagnes russes musicales, nous faisant traverser des univers encapsulés les uns dans les autres : le très hétérogène "Superjunkhead", avec ses sonorités angoissantes à la guitare, ou la piste "Smoke", un morceau instrumental très Post Rock, mais dont certains passages rappellent BLACK SABBATH, illustrent l’étendue de son univers.
Également, l’expérimentation constitue sans aucun doute l’un des postulats du groupe. Afin d’accompagner la parution de ce premier album, le quartette transalpin a sorti une vidéo hallucinatoire, "Where?", qui reprend quelques passages du titre "Nowhere" (*). "Godlike Snake", sorti à l’origine chez Beard Of Stars Records, a été ensuite remixé et remasterisé par Urlo en 2017 (c’est cette version qui est ici chroniquée, avec ses neufs morceaux). La pochette est quant à elle l’œuvre du collectif d’artistes Malleus, qui regroupe notamment deux des membres du groupe : leur approche artistique n’est donc pas seulement musicale mais globale et fait la part belle à l’expérimentation.

En réalité, c’est la folie qui s’empare de l’ensemble de cet album, avec pour point d’orgue l’ultime morceau (vingt minutes tout de même), une plongée dans les entrailles funestes et torturées du groupe. Le titre fait référence au mont Hozomeen, l’un des sommets de la chaîne des Cascades dans l'État de Washington, mentionné à plusieurs reprises dans les romans de Jack Kerouac. L’auteur passa deux mois comme guetteur d’incendie dans les années 1950 face à ce sommet inquiétant émergeant des ténèbres.
Le morceau démarre progressivement, avant que l’irruption lourde du Stoner boueux des Italiens ne vienne tout bousculer. Puis, un break laisse s’échapper le rire timbré du Joker. Tout l’univers d’UFOMAMMUT est concentré ici, dans cette sensation de folie aérienne. La basse minimaliste prend alors place, accompagnée des vagues de synthé toujours aussi planantes et de notes orientales. Le voyage se poursuit. Progressivement, ne persiste qu’un faible battement cardiaque, s’épuisant à son tour au bout de plusieurs minutes. Alors, la musique reprend ses droits. Poia gratte furieusement sa guitare ; on croit alors assister à une course poursuite haletante digne de la bande-son d’un film de la fin des années 90. En fait, j’ai l’impression d’écouter une synthèse de la B.O. de "Fight Club" (The DUST BROTHERS) renforcée à la fonte ductile. Le rythme progressif, les sons vrombissants de la basse et les claviers ondulants renforcent le côté « visuel » de leur musique. Tout finit dans un maelstrom industriel, saturé et strident. Rien que pour ce morceau, l’écoute de l’album vaut le détour.

Sans apporter de bouleversement au genre, UFOMAMMUT a su créer dès son premier opus une musique singulière - bien que perfectible - et un univers complexe sur lesquels les Italiens ont su naviguer durant vingt années, tout en les bonifiant continuellement. En 2020, le groupe a annoncé le départ du batteur Vita, sans que cela ne paraisse nuire à la poursuite de leur projet. Une fois lancé, un mammouth est inarrêtable.

(*) Voir le dossier paru sur HornsUp : Le Doom italien des années 1980 à maintenant (2018).

(*)[url:https://youtu.be/jKe5gafiky8]

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- Poia (guitare)
- Urlo (basse, chant)
- Vita (batterie)
- Alien (synthé)


1. Ufo Pt.1
2. Satan
3. Oscillator
4. Snake
5. Zerosette
6. Smoke
7. Nowhere
8. Superjunkhead
9. Hozomeen



             



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