Recherche avancée       Liste groupes



      
SLUDGE  |  STUDIO

Commentaires (1)
Lexique doom metal
L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

 Site Officiel (440)
 Bandcamp (351)

VILE CREATURE - Glory, Glory! Apathy Took Helm! (2020)
Par NEURO6 le 17 Août 2020          Consultée 4557 fois

VILE CREATURE est un groupe relativement jeune de la scène Metal canadienne. Fondé en 2014 par deux personnes originaires de Toronto (KW à la guitare et au chant et Vic à la batterie et également au chant), ce duo baigne dans une dimension politique assumée (défense des droits LGBTQ et de la cause animale, véganisme) exprimée sur les réseaux sociaux à grands renforts d’humour sarcastique et de photos de chats (visitez leur site, il est incroyable). Ce contraste avec leur musique (on y vient) renforce la singularité de VILE CREATURE et l’attachement qu’on lui porte.

Le groupe tire des expériences d’oppression et de résistance des deux membres une rage et une inspiration bienvenues. Leur musique raconte l’Histoire du point de vue des opprimés, s’inscrivant dans les interrogations qui traversent actuellement la société occidentale. Le duo utilise le Sludge et le Doom afin d’opérer dans une perspective politique, exprimée derrière une narration obscure et une interprétation pleine de fureur. Ces deux sous-genres, auxquels le Stoner est également affilié, constituent au demeurant un terrain d’expression politique faisant la part belle aux idées radicales, contestataires, féministes ou encore écologistes, de manière plus ou moins assumée (à l’instar de THOU, HIGH ON FIRE, SUBROSA ou encore SAMSARA BLUES EXPERIMENT, pour ne citer qu’eux). VILE CREATURE se situe dans cet héritage. Trois albums sont nés de la collaboration de KW et de Vic : "A Steady Descent Into The Soil" (2015), "Cast Of Static And Smoke" (2018), et donc "Glory, Glory! Apathy Took Helm!" sorti en 2020 chez Prosthetic Records.
L’artwork de Stephen Wilson, épatant à la fois par la qualité du cliché et par le malaise qu’il provoque, illustre bien la dualité de leur musique. D’ailleurs, afin de s’immerger davantage dans son univers, le groupe proposait à la vente des bonbons en forme de lombric (des délices végétaliennes, bien entendu), assurant de reverser les profits aux associations qui protestent contre le racisme systémique de la police américaine.

Frayons-nous un chemin dans ce tourbillon boueux et psychédélique. Pas de surprise, l’album démarre dans la fureur, tel un jet d’acide projeté au visage. On y retrouve les ingrédients qui seront mijotés durant les trois quarts d’heure de "Glory, Glory! Apathy Took Helm!" : hurlements, riffs lents et pachydermiques, percussions belliqueuses. Toutefois, le groupe distille quelques passages mélodiques (par exemple, à 4’33 sur le premier morceau), tout autant de pièges permettant de mieux nous replonger dans leur fange vénéneuse. L’album se nourrit de textures crasseuses et de répétitions hypnotisantes que l’on retrouve bien dans les deux premiers morceaux. Ceux-ci se répondent dans leur minimalisme apocalyptique, dans la rage mise dans le chant et dans leur format (onze minutes chacun). Les riffs y sont gras comme des moines, ce qui n’est pas sans rappeler YOB (à 8’40 sur "When The Path Is Unclear"). À la fin du second titre, une voix off nous invite même à changer de face, le groupe rappelant son attachement au disque microsillon. C’est surtout l’occasion de clore ce premier fragment de l’album divisé en trois parties.
"You Who Has Never Sleep", qui a fait l’objet d’un clip avec la danseuse Anita Nittoly, articule l’ensemble de l’album autour d’un Sludge plus classique, parfois bluesy, mais néanmoins efficace, rappelant INTER ARMA, avec ses tambours martiaux introductifs. Les riffs massifs de KW apportent une énergie explosive et font monter la tension avant que le duo ne lâche ces quelques vers emplis de rage :
« We will not stand for this / We will not be bystanders, we will not stand idly by. »

Cette formule ouvre le bal à l’ultime chapitre de l’opus, constitué des deux derniers actes qui, ensemble, forment un seul et même morceau, consacré en juin dernier par une vidéo des plus stylées.
Et cette ultime offrande des Canadiens est époustouflante, c’est le moins que l’on puisse dire ! "Glory Glory!" est porté par le chant clair et éthéré de l’interprète canadienne Laurel Minnes et de sa chorale, Minuscule. Elles sont discrètement accompagnées par quelques arpèges à la guitare, disséminés çà et là, créant une ambiance de western post-apocalyptique. Les voix angéliques et féminines offrent un repos bienvenu, sorte de messe envoûtante propice à la méditation mélancolique. On se laisse porter par ce moment de grâce apparu au cœur d’un torrent de boue… Car la clôture du morceau est un retour aux amours fondamentales du groupe, bien que les chœurs féminins demeurent présents, cette fois-ci en support. On se retrouve donc avec un incroyable morceau de Sludge symphonique, excusez du peu ! Les guitares varient entre mélodie et riffs syncopés et s’accompagnent de grandes orgues ondulantes, créant une atmosphère tempétueuse. Le final est exceptionnel, puissante fusion des registres empruntés tout au long de cet album qui nous transporte par sa grâce et son caractère inédit. On en sort groggy.

Le contraste est particulièrement marqué dans cet album. Inquiétant et austère, pesant et sombre, entrecoupé de passages explosifs, tout est pourtant retourné au moment où se font entendre les chœurs lumineux. Le double morceau final du duo ontarien constitue clairement la valeur ajoutée de cet opus assez inclassable, une bouffée d’air frais bienvenue dans le genre. La grande complicité entre les deux membres fonde toute l’alchimie de cet album fascinant, hors du commun. De fait, "Glory, Glory! Apathy Took Helm!" dégage une grande personnalité, malgré sa complexité, et une émotion viscérale qui va crescendo. Les compositions sont très bien élaborées, autour de flux et de reflux dramatiques portés par la guitare bourdonnante, tandis que la batterie facilite l’immersion. Plongez-vous corps et âme dans cet album et, par la même occasion, dans leur univers décalé et éclairé par la douleur et par l’espoir. Et bravo à eux !

A lire aussi en DOOM METAL par NEURO6 :


YOB
Clearing The Path To Ascend (2014)
Ascension émotionnelle




YOB
Atma (2011)
Réverbération éternelle


Marquez et partagez






 
   NEURO6

 
  N/A



- Kw (guitare, chant)
- Vic (batterie, chant)


1. Harbinger Of Nothing
2. When The Path Is Unclear
3. You Who Has Never Slept
4. Glory! Glory!
5. Apathy Took Helm!



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod