Bien lancé, FROZEN CROWN regrette que la scène milanaise se contente de copier ses aînés et ne profite pas de cette émulation qui aide généralement les jeunes groupes à parfaire leur art. Car s'il y a bien une chose dont ne manque pas FROZEN CROWN c'est d'idées. L'inspiration est une nouvelle fois la grande gagnante de ce deuxième effort des Italiens qui ne s'est pas fait attendre bien longtemps. Avec Scarlet Records pour le supporter, l'association doit permettre à ce nouveau venu d'affirmer sa domination sur une scène qui dispose d'artistes compétents, mais en manque de hérauts autant que de héros.

Pratiquant toujours ce Power Metal qui emprunte au Death Mélodique son urgence, ses tempi frénétiques et un riffing parfois plus thrashy, la créature de Federico Mondelli prend de l'assurance et donne ici une place plus généreuse aux claviers. Essentiellement une histoire de mixage, car en réalité il n'y a pas l'air d'y en avoir beaucoup plus que sur "The Fallen King", mais ils ont ici la place pour s'exprimer assez largement puisque l'instrumental "The Wolf And The Maiden" est même dénué de la moindre note de guitare. Production revue à la hausse également même si c'était déjà très honnête sur "The Fallen King". Andrea Fusini a haussé son niveau d'exigence lui aussi et "Crowned In Frost" sonne encore plus puissamment que son aîné, les guitares en profitant pour montrer les biceps. Mais ce qui marque encore plus c'est la dominance des vocaux de Giada Etro, qui supplantent totalement ceux de son mari Federico, là où la dualité de l'album précédent était intéressante. Disons gentiment que Federico n'est sans doute pas le chanteur de Heavy ultime, style sans doute le plus exigeant pour la voix humaine. En revanche la paire œuvre toujours en osmose, comme le single "Neverending" permet de rapidement le constater.

Difficile de pointer d'autres éléments significativement différents de "The Fallen King", si ce n'est que FROZEN CROWN maîtrise son sujet à merveille en sortant une nouvelle fois un album qui défile à la vitesse de la lumière. Pas le temps de digérer un brûlot que le suivant pointe déjà au portillon. Si la formation italienne s'est cette fois-ci autorisée à étaler un peu plus quelques compositions (la pièce-titre et "Winterfall"), jamais on a l'impression d'écouter un titre long, et la concentration énergétique de l'ensemble, où les 4:30 sont une moyenne, est à l'avenant de mélodies une nouvelle fois irréprochablement interprétées par une Giada dont le timbre et le phrasé ont indéniablement quelque chose de spécial, ce petit quelque chose qui arrive à transcender ce qu'elle chante pour atteindre l'auditeur à tous les coups. Il faut dire aussi une nouvelle fois que c'est très bien écrit et que l'ennui n'a jamais le temps de s'amener.

FROZEN CROWN, c'est cette nouvelle vague de formations héritière des réseaux sociaux, d'une autre façon de découvrir et de s'enrichir de la pléthorique offre musicale à disposition du metalleux lambda aujourd'hui, et elle a en conséquence une connaissance profonde du style qu'elle pratique, et tout le crédit doit revenir à Federico qui possède à la fois le talent et la personnalité pour écrire le Power Metal des années 2010 et, je lui souhaite, au-delà.