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2005 1 France
2016 1 L'Envers

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2012 Décade(Nt)
 

- Style : Misanthrope, Type O Negative
- Membre : Ataraxie, Öxxö Xööx, Melted Space

WORMFOOD - Décade(nt) (2012)
Par PERE FRANSOUA le 13 Février 2020          Consultée 1045 fois

Alors que le groupe était en jachère, après la désintégration de son line-up rouennais originel, relocalisé à Paris autour de son chanteur El Worm, faisant patiemment macérer dans l’ombre sa prochaine offrande, une alliance avec le sympathique (mais récemment fermé) label Apathia Records permit de creuser parmi les décombres de la dernière décade afin d’en extraire quelques trésors compilés sur cette galette malicieusement baptisée "Décade(nt)".

Une décade de décadence donc, qui se concluait, comme se conclut ce disque, avec une reprise de "La Décadanse" de Serge GAINSBOURG. Une décade qui n’est pas couverte de façon exhaustive car il s’agit ici d’unir d’inédits ou d’introuvables méfaits en faisant le grand écart entre les débuts très débutants (l’absolument introuvable premier album) auquel vient s’ajouter la déflagration en direct-live du meilleur de "France", leur album fort, et deux reprises impressionnantes.
On s’arrête donc avant "Posthume" et l’on saute le brouillon (au sens premier) "Jeux d’Enfants" qui restera définitivement dans les limbes.

Il faut savoir que l’histoire discographique de WORMFOOD est un peu atypique. Le premier album n’en est presque pas un puisque s’il a été publié à l’époque c’est certainement de façon confidentielle et il n’existe pas d’autres versions que celle exhumée, dépoussiérée et gravée sur "Décade(nt)". Le second album, "Jeux d’Enfants" n’en est pas non plus un (de second album) puisqu’il est tout autant introuvable, jeté aux oubliettes pour cause de réenregistrement total en la qualité de "France" (2015), opus magnum souvent considéré comme le premier vrai disque sérieux, toujours publié par Code666 (une division de Aural Music.) Rassurez-vous, après c’est facile (ou presque), c’est l’excellent "Posthume" et le délitement total du groupe. Laissé pour mort le retour avec "L’Envers", avec une nouvelle équipe autour de Emmanuel "El Worm" Levy, fut d’autant plus flamboyant.

Au commencement était le début, et vice-versa, et le début ça commence par le premier album éponyme en 2003, qui constitue le morceau de choix de "Décade(nt)".
On apprend en interview qu’il a été composé et enregistré par les trois membres originels (Emmanuel Levy, Romain Yacono et Alexis Damien) enfermés ensemble pendant une semaine afin de voir ce qui allait en sortir. Et il en sortit une sorte de gros Metal multifaces trempé dans du Death simple mais correct, aéré par des passages "autres". C’est plutôt sympa, mais on est encore loin de la folie de "France" et du reste, d’autant que le chant est quasi exclusivement en anglais, un anglais grogné par El Worm avec un gros accent frenchy (les quelques incursions en français sont anecdotiques.) On salue évidemment la double prestation de Levy, seul responsable des guitares, avec des vocaux de brute de très bonne tenue.

Le morceau le plus abouti est sans nul doute le premier : "Human Circus" qui est en fait le brouillon de ce que sera "Le Miroir De Chair" sur l’album "France". Un très bon brouillon puisque tout est déjà là, le gros du texte (certaines paroles seront directement traduites en français) ainsi que la structure alambiquée aux multiples tableaux. La musique sera simplement dégrossie et transfigurée en conte cinématographique. Même l’annonce acide du Monsieur Loyal qui invite les badauds à venir voir le phénomène dégoûtant, située au cœur du morceau, est là (ce sera un des rares passages en français.) Pour l’heure, cette première version plus brute s’appuie d’autant plus sur ces gros riffs Doom qui soulignent si bien la complainte introspective de la bête de foire.
Autre recyclage, on verra de manière discrète "The Dead Bury The Dead" presque entièrement repris pour constituer le cœur de "Ω=Ø” (sur "France"), avec des textes différents (mais en restant sur le thème de la mort.)

Le reste est plus direct et un peu moins intéressant, mais ça s’écoute bien, surtout grâce au son impeccable et bien remastérisé (par le fameux Alex Wursthorn en son studio Walnut Groove). Les guitares sont vraiment grosses, les claviers, quand il y en a, sont déjà élaborés et sonnent pro.
Ça sent souvent le Thrash ("Hunger Anger", "Licking The Bones"), sur "The Night Of The Elderly" le mélange Death/Black + claviers simples mais hantés est plutôt efficace avec une vibe des 90s et on se demande pourquoi il y a ces drôles de petites transitions Electro par moments, incongrues les coquines réapparaîtront sur d’autres morceaux. Parfois ça ralentit pour faire Doom et si l’on rajoute de l’orgue on est chez le TYPE O NEGATIVE le plus vampirique (un passage de "Abortion Exit").

Dès le titre dixième on fait un petit bon dans le futur avec six titres live (dont une intro) enregistrés en 2005 lors du Blast Fest. La fine fleure de "France" y est jouée avec sérieux et énergie et ce petit côté bordélique et fiévreux qui rend le tout vibrant et sympathique.
Le son est vraiment pas mal, assez peu retouché il me semble, voire pas du tout, en mode prise directe où l’on entend beaucoup le public. Les guitares ont de la patate, c’est vrai qu’on a Frédéric Patte-Brasseur de ATARAXIE à la six-cordes, la basse de Romain est costaude et El Worm se donne à fond, changeant de voix et de personnages comme de chemise (à jabots) tout en tenant l’autre guitare. La théâtralité de "France" est interprétée avec faste, Manu s’éclate, pendant et entre les morceaux, à coups de mises en scène inquiétantes, Monsieur Loyal de cirque sadique ("Le Miroir De Chair"), chansonnier pederaste (sur la comptine précédant "Le Vieux Pédophile", chantée sur l’album par feu Corbier du Club Dorothée.
La folie de "France" et ses breaks foufous font des merveilles aussi en concert, comme ces dialogues du "Bourgeois Gentilhomme" de Molière sur le génialissime "TEGBM" (pour "True Evil Gay Black Metal".)
Bref, si comme moi vous aimez "France", ces versions live très vivantes vous seront indispensables.

Déjà seize titres de passés, un premier album inédit pas dégueu mais pas indispensable non plus et un concert galvanisant, on pense qu’on en a déjà pour son argent. Et voici qu’on nous gâte avec deux reprises (sorties initialement en bonus de la version japonaise de "France") et qui impressionnent par leur qualité sonore.
Je passe rapidement sur "La Décadanse" repris de Serge GAINSBOURG, magnifique hymne à l’amour (et au cul) qu’il avait chanté en duo avec Brigitte Bardot puis Jane Birkin, transformé par WORMFOOD non pas en hybride métallisé mais en mélopée cinématographique, nappes de cordes puis beats Electro, on dirait du Eric Serra ("Le Grand Bleu"). Plutôt respectueux, restant dans l’ambiance de pureté et de douceur du titre original, pour glisser vers plus de froideur et de pesanteur, c’est bien fait mais il n’y a pas de valeur ajoutée.

En revanche, quand Emmanuel Levy reprend son groupe fétiche et ami, c’est tout bonnement exceptionnel. "Christian Woman" est LE titre qui a rendu mondialement célèbre TYPE O NEGATIVE en lui ouvrant les porte des radios et du public non Metal. Bien plus qu’une reprise c’est une reapropriation où nos Français révèlent le potentiel latent du titre tout en le WORMFOODisant violemment. Le morceau à tableaux devient carrément un morceau à musées tellement les contrastes sont exagérés. Psychédéliques avec sitar (jouée par Paul Bento de TYPE O lui-même), Doom de messe noire, ferveur de religieuse et vocalises divines, rythmiques nerveuses, textes pour partie en français et en anglais, voix claires et narration growlée (celle qui fera merveille sur "L’Envers").

C’est donc en résumé une offrande affriolante, généreuse et intéressante, de beaux ossements qui méritaient de sortir de leurs oubliettes pour venir enrichir la galerie aux horreurs du groupe français le plus passionnant mais aussi le plus rare.
En historiens passionnés, ils nous restent le passé glorieux à explorer, encore et encore, la prochaine étape pour moi sera de vous parler du magnifique "Posthume".

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   PERE FRANSOUA

 
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- Pour 'eponym'
- Emmanuel 'el Worm' Levy (guitare, vocaux, claviers)
- Romain Yacono (basse)
- Alexis Damien (batterie, programmation)
- Pour Le Live (blastfest 2005)
- El Worm (guitare, vocaux)
- Romain Yacono (basse, chœurs)
- Alexis Damien (batterie, chœurs)
- Frédéric Patte-brasseur (guitare)
- Timmy Zecevic (claviers, chœurs)


1. Carpathian Carousel
2. Human Circus
3. Abortion Exit
4. Grandpa's Remission
5. The Night Of The Elderly
6. Hunger Anger
7. Schlachthaus
8. Licking The Bones
9. The Dead Bury The Dead
10. Acouphène
11. Intro (live At Blast Fest 2005)
12. Bum Fight (live At Blast Fest 2005)
13. Tegbm (live At Blast Fest 2005)
14. Miroir De Chair (live At Blast Fest 2005)
15. Comptine (live At Blast Fest 2005)
16. Vieux Pédophile (live At Blast Fest 2005)
17. Femme Chrétienne (christian Woman - Type O Negativ
18. La Décadanse (serge Gainsbourg Cover)



             



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