Fort de leur excellent EP "Metal Conquest", il fallait désormais que les Suédois de HEAVY LOAD confirment avec un véritable second album. Cela fut bien sûr chose faite, et voilà donc qu'un an plus tard déferlait dans les terres nordiques ce "Death Or Glory" : album légendaire pour tout amateur de Heavy Metal traditionnel et épique. Le paysage musical d'alors ne permettait pas encore à un groupe scandinave de briller en dehors de ses terres, et HEAVY LOAD ne pouvait prétendre à l'exportation, bien que cela ne l'empêcha pas de se faire remarquer par la presse spécialisée française (avec un peu de retard, Enfer magazine et Metal Attack n'existaient pas encore à la sortie de l'album). HEAVY LOAD était donc de ce genre de trésor longtemps méconnu, sauf en Suède où il restera longtemps culte. Et cela, il le doit à ce trio gagnant que fut "Metal Conquest", "Death Or Glory" et "Stronger Than Evil".

D'aucuns trouveront que l'illustration choisie pour la pochette fait dans le kitsch avec ce viking, le torse nu au milieu d'un paysage enneigé (on y croit !), aux prises avec un redoutable ours blanc (on ne rigole pas, l'ours blanc est un animal réellement impressionnant et qui peut être très dangereux pour l'homme). Pourtant, cette pochette illustre plutôt bien le contenu de cet album : tranchant et tout en puissance à la fois.

HEAVY LOAD met d'emblée tout le monde d'accord en proposant un hymne à la gloire du Heavy avec le bien nommé "Heavy Metal Angels" : un titre qui à lui seul synthétise de nombreuses qualités du groupe. Cette capacité à écrire des riffs très simples mais absolument redoutables, dévastateurs. Le morceau est à la fois d'une simplicité désarmante dans son riff, son couplet et son refrain, mais montre aussi que, derrière cette simplicité apparente, l'on a affaire à des musiciens chevronnés et inspirés, bien plus fins qu'ils en ont l'air, comme le prouve le magnifique pont central où vient surgir un piano d'entre les anges. Le chant agressif de Ragne ne trompe cependant pas sur les intentions du groupe. Impossible d'ailleurs de ne pas faire un focus sur le chant : tout comme sur "Metal Conquest", il est partagé entre les frères Whalquist et le guitariste Eddy Malm, qui ont certes des timbres à la fois proches, mais tout de même distincts (Ragne étant de loin le plus agressif, Malm étant plus doux). Là où le groupe nous met KO, c'est quand les trois vocalistes mêlent ensemble leurs voix pour former des chœurs majestueux, jusqu'à atteindre des harmonies vocales alors quasiment jamais vu dans le Metal jusque là, notamment sur le fantastique "Traveler" qui vous met le frisson, impossible de ne pas vibrer. C'est grandiose.

La qualité des lignes de chant et l'imbrication entre les trois voix, outre son originalité, n'est pas le seul point fort de l'album. La puissance des riffs est écrasante ! Il y a moins d'urgence que dans le premier album, ici on mise sur la lourdeur et la force épique (cela dit, les rythmiques rapides ne sont pas abandonnées, en témoigne "Might For Right"). Chaque riff sonne comme un coup de hache. Ca tranche net, précisément. "The Guitar Is My Sword" porte ainsi merveilleusement bien son nom. Le groupe peut alors se contenter de soli classiques, qui font le job sans briller, tant pour le reste il se surpasse. Car la section rythmique n'est pas en reste du tout, et notamment l'excellent jeu de batterie de Styrbjörn qui apporte un groove évident à l'ensemble, variant son jeu d'un titre à l'autre. Ce même Styrbjörn qui a la part belle sur "Bleeding Streets" sur lequel il assure tout le chant à un rythme effréné. Ce même "Bleeding Streets" montre aussi que même au niveau des lyrics HEAVY LOAD est au-dessus du lot avec ce titre qui évoque des junkies semblables à des morts-vivants, et oui, les Suédois ne racontent pas que des histoires de guerriers.

Petite curiosité concernant cet album : le 33-tours était vendu accompagné d'un 45 tours comprenant les morceaux "Take Me Away" et "Trespasser", sauf au Japon où ces deux titres figuraient directement sur le 33-tours. Le premier, avec son refrain répété à outrance, semble clairement être pensé pour la radio, il n'en demeure pas moins excellent. Beaucoup plus rentre-dedans, "Trespasser" est peut-être le titre le moins intéressant au final de l'album, pas bien grave donc de le voir relégué à l'origine sur une face B de 45-tours, rien de vraiment mauvais cependant.

Au niveau du style, on ne peut pas vraiment dire qu'HEAVY LOAD ait changé par rapport à "Metal Conquest", mais il faut dire que ce dernier constituait un pas de géant par rapport au premier album. Le son s'améliore tout de même, les voix étant un peu moins noyées de reverb, ce qui n'est pas plus mal, et les guitares sonnent définitivement plus lourdes, sans parler du soin apporter aux harmonies vocales.

"Metal Conquest" était un EP fondateur en matière de Metal épique, "Death Or Glory" continue dans son sillage tout en proposant des morceaux encore plus marquants. HEAVY LOAD impose une nouvelle pierre essentielle à l'ouvrage du Metal Épique. Il faudra cependant attendre l'année 2019 (!) pour que cet album bénéficie enfin d'une véritable réédition digne de ce nom, la reformation récente du groupe pour quelques concerts n'y étant sans doute pas étrangère. L'histoire d'HEAVY LOAD ne s'arrête cependant pas à cet album.