Je vois rouge quand je pense aux RODS ! Tout porte la couleur de l'enfer, du feu, du sang. On est dans le bastion du Heavy Metal pur sucre, made in NWOUSAHM.... Que c'est à se demander pourquoi il existe une NWOBHM, et pas l'équivalent outre atlantique ! Je ne vous mentirai pas, les gars, il est fort probable que jamais le groupe new-yorkais ne connaisse une postérité digne de ce nom, moi même, je n'ai jamais cité ce groupe comme un essentiel, mais il n'en demeure pas moins vrai que le style, le look, l'approche musicale du trio sont un véritable symbole du Metal en ces débuts eighties, la meilleure décennie qui soit ! Bref, c'est tout rouge et tout cru, c'est "In The Raw", la troisième offrande des RODS.

Et ça déménage fort dès le titre d'ouverture qui porte bien son nom : "Huricane" ne redéfinit pas les standards du Metal mais fait du bien partout ou ça passe, c'est carré et donne envie d'headbanguer. Puis l'énorme batteur Carl Canedy passe au micro sur "Hot City", le riff bien pachydermique et l'élan dynamique de cette chanson nous font passer un agréable moment.

Quelques titres sont dignes de notre mémoire collective : on est définitivement Hard Rock sur "Can't Get Enough Of The Fun", le plan en riff ultra carré, des soli incendiaires, un chant matraqué comme on ne les fait plus, c'est franchement réussi dans le genre, les chœurs du trio font l'effet désiré sur le refrain qu'on a envie de tous reprendre. Avec "Street Fighter", on rentre vraiment dans le domaine de la NWOUSAHM. Il aurait fallu inventer cette appellation ! Cet instrumental rappelle sans effort les premiers du genre composés par Russ Tippins et Steve Ramsey pour SATAN.

"Witches Brew" porte le même nom qu'un des standards du mighty MANILLA ROAD... Et, curieusement le titre est épique à donf ! Paul chante à la manière de son ami Ronnie James DIO et l'effet est tout à fait saisissant. Il lui manque une certaine ampleur dans la voix mais on apprécie beaucoup cet instant assez magique. Voilà un titre totalement phare dans la disco des machos new-yorkais, mais sommes nous si loin des premiers MANOWAR au final ? Pas du tout ! Le meilleur titre de cette galette !

Mais il y a aussi un peu de déchet. On pense à SAXON sur la trépidante "Hot Love", mais on déplorera un tant soit peu la simplicité de la compo. Le bassiste Garry Bordonaro passe à son tour au micro sur "Evil Woman", mais sa voix plutôt douce et posée convient moins à l'agressivité du groupe que celles de ses comparses, d'autant que le refrain ne casse vraiment pas de briques, alors que Feunstein s'éclate sur le solo. Je ne suis pas trop fan des compositions telles "Hold On To Your Life", elle manque à mon sens d'une vraie mélodie et vivote sur des riffs peu mémorables. "Go For Broke" nous ramène vers des considérations plus KISS-iennes. et "Another Night On The Town" sonne à nouveau comme made in Detroit par le baiser, en mieux, les chœurs sont efficaces et le refrain se retient pas mal.

Moins brillant que son prédécesseur "Wild Dogs", ce troisième album reste fort digne. Les RODS y démontrent toute leur maîtrise des divers genres issus du début des années 80. Bien entendu, leur style reste très carré et simple d'accès, à l'image d'un SAXON d'outre atlantique, mais il manque aussi probablement d'un aspect plus original pour casser la baraque. Ceci explique certainement pourquoi le groupe, malgré un following conséquent, reste encore cantonné dans les smicards du Metal. Un 3 plutôt solide.