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BLACK SYMPHONIQUE  |  STUDIO

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- Style + Membre : Cradle Of Filth

HECATE ENTHRONED - Embrace The Godless Aeon (2019)
Par PERE FRANSOUA le 24 Juin 2019          Consultée 2889 fois

Salut les plus-trop-jeunes! Branchons-nous sur Fréquence Nostalgie, en ces temps de doute où l’on fait du neuf avec du vieux (n’en finira-t-on jamais de faire des remakes des films des années 80 et 90 ?).
Vous les croyiez disparus, évaporés, oubliés, relégués à un passé révolu, voici que reviennent les Anglais de HECATE ENTHRONED.

Quoi!? HECATE ENTHRONED ?!
Le clone de CRADLE OF FILTH qui a bien fait rire avec son clip ridicule ? Celui qu’on aimait quand même drôlement bien parce qu’il pondait des bonnes chansons ? Celui qui s’est perdu dans le Death et les changements de line-up ? Celui qui erre dans le terrible entre-deux du groupe qui bosse comme un pro mais qui vit comme un amateur ?
Hé, ben ouais.
Ils reviennent, et en plus ils renouent carrément avec le style de Black Sympho qui a fait leur renommée après presque quinze ans à faire une mixture Blackened Death musclée.

Nostalgie in excelsis Deo ! HECATE ENTHRONED c’est mine de rien un amour de jeunesse. Sans doute pas le grand amour, non, mais un beau souvenir d’une fraîche époque, malheureusement ternie pour s’être un peu paumé. La perte conjointe du chanteur qui criait comme Dani et du mec aux claviers qui plaquait de belles petites nappes frissonnantes amorçant un virage dans le grave et le costaud, plutôt sympa en soi mais qui n’avait plus rien à voir. Le succès se dissipant, la bande s’enfonça dans les limbes de l’underground après 2004 et ne ressortit la tête du marécage qu’en 2013 pour une tentative de comeback sur un label foireux. "Virulent Rapture" était son nom. Plus de Black dans le Death, un chanteur qui crie aigu et growle grave, un gros son qui claque, des grosses notes de clavier minimalistes mais efficaces, des compos correctes et pleines de patate. Et puis c’était reparti pour un gros hiatus jusqu’à ce début de 2019, un hiatus qui aurait pu être un peu moins long car le disque nouveau était enregistré de longue date, le groupe attendant juste un bon deal pour le sortir.

"Embrace The Godless Aeon" est un - presque - retour aux sources. On garde quand même un peu de la puissance acquise mais on dépoussière toutes les statues gothiques vermoulues du jardin en ruine et arrière toute vers du bon vieux Black Sympho des 90s, plein de majesté et d’épiques émotions.
Encore un nouveau chanteur, Joe Stamps, cette fois c’est le bon (il les accompagne en live depuis 2015), un qui crie très aigu et qui growle très grave (comme il se doit), une équipe stable et soudée, des couches de claviers qui font la loi, des guitares rapides qui charpentent, un batteur qui tient bon le blast, des mélodies qui finissent par rentrer dans le crâne.
On y est ! Sauf que... On est en 2019 et il en faut plus pour crier au génie.

D’ailleurs on n’avait jamais vraiment crié au génie avec HECATE ENTHRONED. Le groupe avait bien marqué sa place sur le market du Black Sympho à une époque où le style se développait à l’exponentiel (de 1996 à 1998) mais en périclitant il laissa la place à d’autres plus ambitieux. Et ouais, les gars, aujourd’hui, après deux décennies d’orchestrations pharaoniques ou terrifiques, la concurrence est rude et les comparaisons cinglantes. Demandez un peu à Mefisto ce qu’il en pense !

Durant sa grande époque son point fort était de savoir pondre des compos bien accrocheuses tout en restant bien Trve Black. "A Ode For An Hauted Wood" ou "The Spell Of The Winter Forest" sont des tubes, petits joyaux d’une époque où le Black se devait d’être accrocheur. En revenant à son style chéri-des-vieux-fans il fallait aussi assurer niveau songwriting. On y est presque, l’album s’écoute bien, à force certains airs nous marquent mais on passera à côté des coups d’éclat imparables et donc du gros panard espéré. L’on se contentera d’un disque vraiment sympa, par moments plutôt inspiré et malheureusement un peu longuet, les huit longues chansons (plus une intro) ne parvenant pas toujours à conserver notre attention sur la durée. Concédons qu’il n’y a aucun titre foncièrement faible et qu’à force d’écoutes certains morceaux se révèlent succulents, comme c’est le cas de "Revelation In Autumn Flame", choisi d’ailleurs pour un clip, qui se distingue par son intérêt rebondissant et l’excitation qu’il procure.

On se laisse d’autant plus volontiers griser que les Anglais maintiennent un haut niveau de pression tout du long, c’est rapide, c’est énergique et que même quand ça se calme la puissance n’est jamais loin. "The Shuddering Giant" envoie vigoureusement presque sans répit, le single "Temples That Breath" blaste farouchement. On remerciera le batteur très solide qui balance tout du long et la sonorisation des percus qui sait rester à sa place.

À l’exception de quelques airs en trémolos aux saveurs définitivement nostalgiques, la majorité des mélodies sont conduites par des claviers très présents qui font souvent la nique aux guitares qui bien que conséquentes sont souvent cantonnées dans un rôle de faire-valoir et qui ne percent que quand elles sortent les muscles. En tout cas les grattes sont en net recul par rapport au bien nommé "Virulent Rapture" et au cradingue "Redimus".
Les claviers ne font pas pitié (nappes de cordes fantomatiques, surtout, ou piano, parfois), dans un genre simple et efficace, ils font le job, en particulier quand il s’agit d’accompagner une grosse accélération (à partir de la moitié de "Whispers Of The Moutain Ossuary" par exemple), même si l’on est à mille lieues des orchestrations haut de gamme que bien d’autres ont pu proposer.

En misant sur le retour aux racines on se passe de l’originalité et le risque d’être trop référentiel est grand. Ainsi le spectre de CRADLE OF FILTH ne s’est pas dissipé et l’on pensera parfois à "Midian", mais c’est surtout à d’autres concurrents du Black Sympho de la fin du millénaire que l’on pensera tels DIMMU BORGIR ou COVENANT (/The KOVENANT). À ce titre "Goddess Of Dark Misfits" concentre à lui seul toutes ces références flagrantes, et ce n’est pas pour rien qu’on y retrouve Sarah Jezebel Deva (on la croyait disparue). Entre ces belles vocalises aux circonvolutions jazzy et orientales, les rythmiques costaudes et le petit piano qui court, on se croirait tout simplement revenu sur le délicieux "Nexus Polaris".
On pensera même à une infusion du ARCTURUS tout en puissance et claviers cosmiques de "The Sham Mirrors" sur le conséquent "Silent Conversation With Distant Stars" ou certains moments de "Revelation In Autumn Flame".

Dans ce florilège de Black Sympho éclectique on verra aussi percer, soyez rassurés, le bon vieux HECATE ENTHRONED millésimé "The Slaughter Of Innocence" qui nous fait un coucou mignon depuis le passé sur le très sympa "Enthrallement", entre ses quelques pointes de trémolos ou son break piano-basse-batterie bien romantico-gothique.

Allez, les gars, c’est du bon ouvrage.
Avec "Embrace The Godless Aeon" HECATE ENTHRONED ressort de l’oubli injuste et ravive la flamme Black Sympho à l’ancienne, épique, majestueux, respectueux des grandes heures du style et du groupe, sans pour autant révolutionner le genre.
Pari compliqué, entre le revival pas tout à fait accompli et la renaissance trop timide.
On sait bien que ce retour au style de votre âge d’or ne pouvait s’accompagner d’une résurgence magique du charme de vos vingt piges pour la simple et bonne raison que le line-up a beaucoup bougé, seul le guitariste Nigel Dennan étant là depuis le tout début en 1995 et que les autres membres anciens viennent de l’époque du glissement vers le Death.

Résultat des courses, les vieux Britanniques peuvent être fiers de ce nouveau disque très solide, très pro, correctement produit, super énergique, parfois accrocheur. Il y a du bien bon dedans ("Revelation In Autumn Flame", "Enthrallment") mais l’enthousiasme n’est pas toujours au max, une certaine linéarité dans les compos et une inspiration parfois modeste modéreront notre plaisir. Ça mérite de chaleureux encouragements mais pas les félicitations.

Et puis cela à aussi le mérite de nous donner envie de nous replonger dans leur discographie et la nostalgie inhérente ( cf les Kro-X nouvelles qui suivent.)

Note réelle : 3,5/5 arrondie au supérieur par c’est quand même vachement plus solide que "Kings Of Chaos" ou "Redimus".

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   PERE FRANSOUA

 
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- Nigel (guitare)
- Dylan Hughes (basse)
- Andy (guitare)
- Pete (claviers)
- Gareth Hardy (batterie)
- Joe Stamps (vocaux)


1. Ascension
2. Revelations In Autumn Flame
3. Temples That Breathe
4. Goddess Of Dark Misfits
5. Whispers Of The Mountain Ossuary
6. Enthrallment
7. The Shuddering Giant
8. Silent Conversations With Distant Stars
9. Erebus And Terror



             



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