Après un "Swagger" très convaincant, voyant le groupe atteindre un certain succès commercial, notamment grâce à sa reprise énergique de "Word Up" de CAMEO mais pas seulement heureusement, GUN nous revient avec un nouvel album studio au titre étrange.
Pensez-donc, il s’agit d’un numéro de téléphone, "0141 632 6326". Une ligne spécialement mise en place par le groupe pour interagir avec ses fans, qui peuvent ainsi laisser des messages aux membres qui y répondront, belle initiative !

D’entrée de jeu, on constate que l’excellent batteur Mark Kerr, frère de l’illustre Jim, s’est fait la malle, dommage… Et c’est un autre Kerr qui fait son apparition ici, Stuart, qui n’est autre que le batteur de TEXAS, dont la chanteuse est la cousine de Mark Rankin, vous suivez ?
Un changement peu important finalement car, nous y reviendrons, cet album propose des éléments de langage artistiques douteux. Deuxième fait important : l’album est entièrement produit par Andrew Farris, claviériste et tête pensante de… INXS ! Choix étonnant me direz-vous, et vous aurez raison, tant son implication va compromettre à jamais le début d’une reconnaissance que le groupe a mis tant d’années à gagner. "Rescue You" ouvre ainsi les hostilités, et nous haussons immédiatement les sourcils face à ce refrain trop facile et ces nappes de claviers désuètes et surréalistes. "Steal Your Fire" et autres "Find My Way" semblent bien loin, les gars évoluant désormais dans un registre totalement Pop pas vraiment assumé, et l’interprétation s’en ressent grandement. Il faut attendre le single "Crazy You" pour passer un bon moment, encore une fois complètement incongru, mais sympa !

Que Giulano dit Joolz, le guitariste du groupe, a dû s’ennuyer ferme durant l’enregistrement de ce "141…", son frère Dante à la basse ayant plus d’espace de jeu. C’est bien simple, il n’y a plus aucun riff, tout juste des petites touches de Wah Wah dispensées parcimonieusement, comme sur "Seventeen" où les Écossais touchent le fond artistiquement parlant. Comment une formation aussi talentueuse peut ainsi se fourvoyer de la sorte ? Ah ben c’est sautillant pour sûr, mais c’est groovy comme un RED HOT des mauvais jours, et quand ces mecs-là sont en dedans, ils ne le sont pas à moitié !
Paradoxalement, les GUN sont d’excellents compositeurs, et ce ne sont pas foncièrement les titres qui sont à mettre en défaut ici, mais une mise en son inadéquate qui fait qu’inexorablement, on ne peut décemment pas apprécier cet album de façon tranchée.

"My Sweet Jane" est agréable, mais où sont passés les riffs, les ponts émotionnels, les soli explosifs ? Farris n’a de cesse de pianoter sur son « Bontempi » pour défigurer des chansons acceptables et parfois inspirées et épiques, "Come A Long Way" en témoigne dignement d’ailleurs, mais ses arrangements boursouflés nous empêchent de prendre notre plaisir.

Les musiciens sont pourtant partie prenante de cet opus « abracadabrantesque », avec quelques fulgurances bienvenues, telles "All I Ever Wanted", balade efficace sur le fond, mais surtout son épitaphe, le bien-nommé "Always Friends", chanté par Dante, un signe du destin ? Surtout quand on sait que l'album sera le dernier enregistré avec Mark Rankin au chant. Alors, même si les conseilleurs ne sont pas les payeurs, écoutez cet album d’une traite comme si de rien n’était, et vous en retirerez un petit plaisir caché, dont on a pas forcément envie d’en démontrer les mérites, mais qui sont finalement là, même s’ils sont tabous… Un 3/5 mais ne le dites à personne hein ?