GUN fait partie de ces combos de Hard Rock devenus cultes et dont le succès fut quelque peu occulté par l’explosion du Grunge et du Rock alternatif en général au début des années 90. Mené par Jools Gizzy et Mark Rankin, le combo fit parler de lui grâce à des albums réussis et personnels ("Gallus" et "Swagger" surtout) avant de splitter dans l’indifférence générale. Après s’être reformé une première fois autour des frangins Gizzy et du vocaliste Toby Jepson, c’est maintenant avec Dante Gizzy (qui passe de la basse au chant) comme frontman que GUN se présente à nous en cet été 2012, avec un nouvel opus de onze titres intitulé "Break The Silence" avec une volonté assez claire de retrouver le succès malgré la diaspora de ses membres (le groupe a de toute façon toujours connu de gros déboires à ce niveau).

Alors que vaut-il avec deux cordes vocales notre cher Dante ? Il s’avère un vocaliste très convaincant. Pas une tessiture de ouf (tout comme ses prédécesseurs) nonobstant certaines discrètes interventions qui peuvent évoquer Axl Rose ("Butcher Man", "Innocent Thieves"), mais une musicalité évidente qui donne corps et allant à la musique rock'n'roll de GUN. Pour le style on est au confluent du Hard Rock, d’un Rock plus typiquement British d’inspiration seventies comportant néanmoins quelques attributs typiques des années 80 et d’un résultat souvent proche de l’A.O.R. américain sans le côté Big Rock, c’est pourquoi on peut se sentir proche du AEROSMITH deuxième époque ou encore de groupes plus Pop comme TEXAS. Le groupe a visiblement cherché à retrouver l’essence de "Swagger", qui reste son chef d’œuvre, la voix de Dante Gizzy ayant tendance à gommer l’aspect un peu Grunge qu’on retrouvait dans le chant de Mark Rankin. Pour autant, "Break The Silence" n’est pas un album nostalgique. Sa production moderne mais chaleureuse vient nous le rappeler. Les mélodies entêtantes ciselées par la bande font mouche neuf fois sur dix (seule "No Substitute" est un peu moins percutante de ce point de vue).

Dès les premiers coups de caisse claire de Paul McManus, le nouveau batteur, qui assure son rôle de locomotive rythmique, la fête du Rock débute. Et tout au long des onze titres délivrés par le groupe, nous allons agréablement naviguer dans un univers bien homogène mais développant certains éléments en fonction du but recherché par les musiciens. "Butcher Man" est naturellement enlevée et évoque L.A. GUNS. "Lost & Found" nous rappelle le goût qu’il faut pour faire fusionner Hard Rock rageur et efficacité Pop comme les meilleurs groupes de Glam Rock des seventies savaient le faire (je pense à T.REX ou encore SWEET). Et GUN parvient à instaurer cette diversité avec une insolence dingue. L’un des bijoux de cet album, "How Many Roads", nous ramène aux songwriters Folk américains des sixties avec une musique simple qui transmet l’impression de vivre un road-trip sur la route 66 en compagnie de nos chers Écossais. Ce seul morceau un peu plus long (les autres affichant dune concision de 3:30 en moyenne), peut aussi évoquer la démarche similaire de U2 sur "I Still Haven’t Found What I’m Looking For" (le groupe étant en pleine période américaine à cette époque).

Plus que les anciens disques de la bande à Jools Gizzy (seul rescapé de la formation originelle), il se détache une prépondérance FM de ces compositions qui tend à adoucir la facette Hard du combo pour l’amener sur les rives de l’A.O.R. En cela la musique que GUN propose sur "Break The Silence" est extrêmement accessible sans toutefois sombrer dans les écueils d’un style souvent enclin à se vautrer dans sa propre facilité. Ici rien n’est sucré, tout se digère à merveille et si "Break The Silence" ne réclamera pas des millions d’écoutes pour dévoiler ses subtilités, tous les arrangements étant d’une limpidité peu commune, nul doute que vous passerez un très agréable moment de Rock'N’Roll en sa compagnie, GUN venant contre tout pronostic nous botter le cul avec l’album parfait pour passer l’été.