Qu'il est bon de retrouver et surtout d'entendre à nouveau Jack Russell, chanteur emblématique du fameux GREAT WHITE. Nous ne reviendrons pas sur son départ forcé du groupe il y a maintenant plusieurs années, ni sur les drames qui ont émaillé sa carrière, maintes fois étayés. Après avoir gagné le procès contre Mark Kendall et Michael Lardie qui voulaient l'empêcher d'utiliser le nom du groupe, le revoici aujourd'hui en forme, lui qui a rencontré beaucoup de problèmes de santé par le passé. Jack Russell's GREAT WHITE, l'autre mouture voit donc le jour...

La première bonne nouvelle concernant ce "He Saw It Coming" est de voir le retour en ses rangs du bassiste Tony Montana, officiant désormais à la guitare, une amitié sincère et de longue date qui perdure aussi sur disque aujourd'hui. Le titre donnant son nom à l'album est assez surprenant, aux influences multiples, faisant penser aux 70s avec cette approche vocale aux chœurs grandiloquents, une belle surprise ! Le Mulk avoue qu'il s'attendait (à tort) à un album classique de Hard Bluesy, la marque de fabrique de son géniteur, mais que nenni, dans un enrobage sonore très moderne, le terrier s'approprie des territoires qu'on ne lui connaissait pas, tout du moins dans la forme. Il faut dire aussi que le talentueux chanteur, (une des plus belles voix du Rock des trente dernières années) s'est bien entouré, avec des musiciens plus que compétents, et cela s'entend ! Tour à tour Hard, AOR, Glam et Classic Rock également dans le traitement très élaboré des chœurs, on se dit que Jack n'a rien perdu de sa superbe, et a su conserver au fil des années sa voix si personnelle et émotionnelle avec une forte conviction.

On revient en terrain plus connu avec "My Addiction", mid-tempo sympathique où le blond chanteur nous raconte son histoire de vie, mais le classicisme est de courte durée en entendant "She Moves Me", sorte de croisement entre un KRAVITZ des 90s et un Rod STEWART des 70s, surprenant mais très appréciable. Là où GREAT WHITE, le groupe originel sortait des albums honnêtes mais offrant peu de surprises à l'auditeur, Jack est avide de nouvelles aventures musicales, et c'est tout à son honneur."Spy Vs Spy" est de cet acabit, et fait penser à un SAIGON KICK cher à mon cœur, en partant dans tous les sens, avec une mélodie Pop et un solo Heavy, sans que cela ne paraisse à aucun moment incongru ! On aurait pu craindre le pire dans ce genre d'exercice d'équilibriste, mais pas du tout au contraire, les titres déroulent naturellement, et "Don't Let Me Go" avec sa trame mélodique très accrocheuse nous réconcilie avec le Rock des 70s encore une fois, une petite pépite sautillante remplie de bonnes intentions, avec ses réminiscences à la REO SPEEDWAGON, mon Dieu que ça fait du bien ! "Godspeed" est une récréation presque a capella, tandis que "Crazy" avec ses chœurs soignés et ses guitares duellistes presque à contre vent viennent surprendre une fois de plus nos esgourdes curieuses.

Maintenant, une question se pose bien évidemment, Jack Russell doit-il réintégrer GREAT WHITE ou continuer à jouer avec son groupe actuel en utilisant partiellement le nom du groupe ? Franchement, à l'écoute de ce "He Saw It Coming", avec l'adjonction de l'excellent guitariste Robby Lochner, qui est un ersatz parfait de Mark Kendall, (attention Mark est intouchable cependant pour moi), Et le départ du très talentueux et compatriote Terry Illous qui avait succédé à Jack au sein du Grand Blanc il y a quelque temps, on ne sait pas trop sur quel pied danser, d'autant que cet album fait montre d'un éclectisme musical jusqu'alors presque insoupçonné de la part du chanteur encore une fois. À méditer mais cet album mérite qu'on y prête une oreille attentive, pour peu qu'on soit fan du groupe ou de son charismatique chanteur. Après toutes ces années difficiles Jack, Bravo, la rédemption, la résilience, tout ça a du sens et résonne à nos oreilles de fans avec la bienveillance qui est la nôtre. Note réelle 3/5 arrondie à 4 pour la prise de risque.