Après "Riitiir" d'ENSLAVED sorti en 2012, "Riitii", second album des Finlandais de PAARA. Simple constatation, là se brise le miroir.

Car non, PAARA n'officie pas dans le registre unique et longuement mûri d'ENSLAVED. Le sextette, qui aligne un chanteur et une chanteuse, lorgne plutôt du côté éthéré et mélancolique pour propulser son Pagan Black au firmament. Et quelle pluie d'étoiles, mes chers amis…

Ceux qui me connaissent savent que depuis que j'écoute et chronique du Black, ce qui me comble entièrement est le combiné intensité/mélodicité/émotions/puissance (à ne pas confondre avec intensité). Eh bien, tout comme chez TARDIGRADA l'an dernier, je retrouve tous ces ingrédients chez PAARA, ma trouvaille 2018 en Black underground jusqu'à maintenant.

Dans la plus pure tradition finlandaise, PAARA allie la violence raw des classiques en ne ménageant aucun effort pour épouvanter. Sauf que sa facette tendre est davantage dominante, et pas seulement en raison de la présence réconfortante d'Hahtezan, car l'excellent registre d'Helmouth nous fait passer des tréfonds forestiers à la voûte céleste en un tournemain ; les mélodies très romantiques et poignantes des guitaristes nous entraînent dans un cortège où on ne doit pas oublier nos mouchoirs…

Ne vous fiez donc pas à la pochette primaire de "Riitii" (que je qualifierais de complètement à côté de la plaque), PAARA n'est pas simplement un groupe à défonce de seconde zone dont les compos sont brouillées par une prod' pourrie et une agressivité mal contrôlée. Au contraire, oh putain… Rarement entendrez-vous un équilibre aussi maîtrisé entre riffs lames de rasoir, atmosphères prégnantes au synthé, envolées scotchantes et bastons hyper vifs à renforts de trémolos, de simples et efficaces notes au synthé et de hurlements habilement dosés. J'insiste sur les envolées, qui raflent ici la palme d'or.

C'est simple : "Riitii" est l'album parfait à écouter soit d'une oreille distraite, soit au casque en pleine transe, tellement la profondeur des mélodies nous donne envie de nous bourrer la panse des heures durant. Il est ainsi un disque caméléon et s'infiltre avec succès dans chacun de nos pores par toutes les manières inimaginables. En près de 42 minutes, les Finlandais nous prouvent qu'on peut avoir l'air occulte sans en livrer le suc parfois indigeste et bizarre. PAARA est tout sauf déjanté, il est simplement doux dans la tourmente, un poète assumé qui sait manier le fléau comme un chef. Un superbe barde à fleur de peau.

Comme c'est heureusement le cas dans les albums Black moderne que je critique depuis quelques années, le groupe sait varier les tempos et surtout, les degrés d'expression et les spectres qu'il projette adroitement sur les murs de notre cerveau. La qualité des trouvailles pullulant sur ce skeud est si hallucinante, en 2018 de surcroît, qu'il est ardu de ne pas se pâmer, à genoux.

N'eut été de ma présence abusive en Sélection du site ces temps-ci, PAARA aurait mérité amplement cette mention. Un groupe qui a tout pour conquérir le cœur des Blackeux les plus durs.

Note : un immense 4,25 qui a envie de prendre du ventre pour atteindre le 4,5.

Podium : les quatre titres se valent, je n'ai aucun doute dans mon verdict.

Indice de violence : 2,5/5.