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BLACK ATMO/FOLK  |  STUDIO

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PANOPTICON - The Scars Of Man On The Once Nameless Wilderness (2018)
Par MEFISTO le 5 Juin 2018          Consultée 2621 fois

Déjà sept albums pour Austin Lunn depuis 2007. L'artiste le plus prolifique du Black Atmo américain, à part Adam Kalmbach de JUTE GYTE, est passé maître dans l'art de nous narrer l'histoire de son pays, celle du centre, conservateur et très branché sur ses racines folk. La musique de PANOPTICON puise son essence dans ce puits asséché, aigri par les mauvaises récoltes, les guerres et les espoirs déchus. Mais aussi les paysages bucoliques, agricoles, où le temps semble magiquement ralentir…

Austin Lunn embrasse carrément cette histoire mi-figue mi-raisin et nous la passe dans la machine à saucisson pour nous en offrir une appétissante version depuis ses débuts. Enfin, il faut aimer la viande produite localement, sans additif ni nitrite, il faut respecter la terre comme si on y avait grandi et il faut sacrément avoir pâti de la solitude caractérisant ces agriculteurs et bons vivants de l'Amérique profonde. Très profonde. Celle qui traverse les quatre saisons et qui se nourrit d'aridité et, on le devine aisément, d'avidité… Freinée par leur pacte avec un Dieu gouvernant toute création dans ces patelins asservis par la résignation sainte et la tradition.

Bref, c'est à une culture particulière que vous initie le multi-instrumentiste, qui manie aussi bien le Black Atmo rageur que le Folk acoustique émotif. Et sur "The Scars Of Man On The Once Nameless Wilderness", il se paie la traite du siècle avec un double-album. Le premier est typiquement Black Atmo root et le second, Folk du début à la fin, transpire la nostalgie. Un dégradé parfait nous entraînant dans les deux ventricules de ce créateur fidèle à ses origines, lui qui est né à Memphis au Tennessee, la ville d'Elvis.

Deux disques en antithèse, une heure chacun, bonjour le défi. Mon premier réflexe a été de me dire que je devrais chroniquer chaque album séparément. Mais après dix secondes de réflexion (chaque seconde a pesé, croyez-moi), il était clair que je n'aurais pas respecté l'objectif de Lunn ni l'intelligence du lecteur, qui, on le sait, est capable d'en prendre. Et imaginez-moi un seul instant en train de critiquer ces deux faces opposées de la Lunn… J'aurais eu l'air taré… Plus que d'habitude.

Bon, réglons le plus irritant…

En toute honnêteté, si je peux endurer un film se passant dans l'Amérique creuse, je suis incapable de jouir de 60 minutes de Folk sans arrêt. Ok, ça s'écoute bien d'une oreille distraite en cuisinant ou en lisant, mais pas passionnément, à la folie, avec une concentration intense. J'en viens à me questionner sur l'intérêt de ce second disque ! D'accord, Lunn nous y avait préparés sur ses albums précédents, sur lesquels il nous démontrait sa réceptivité face à une société brisée par la modernité, la machinerie et la spéculation… Sauf que, artistiquement parlant, c'est un véritable tour de force d'arriver à captiver l'auditoire pendant une heure avec de l'Americana pur jus dégoulinant de sueur, de rouille et de saleté.

Ce qui nous amène au premier CD, peuplé de huit titres, dont une intro et un interlude acoustiques, ce qui nous laisse six morceaux viandés de Black Atmo empestant la neige, la résine, le seigle, la fumée et le sang. Une musique organique, bourrée à ras-la-gueule de trémolos lyriques, de sentiments authentiques, de rage et de douceur, de batailles entre l'homme et la bête se chamaillant dans les tripes de Lunn. Comme le titre de la cinquième plage, un mouton dans une enveloppe charnelle lupine...

Si seulement ce premier disque avait pu être infusé de quelques compos du second et basta… Lunn ne nous aurait pas inutilement soûlés, tout en nous exposant ses deux facettes. Mieux, il aurait pu sortir chaque album indépendamment, comme plusieurs formations l'ont fait ces dernières années. Car ainsi lancé, ce long boomerang revient lourdement vers son propriétaire…

Je pense que le contrat était trop ambitieux. Le fan lambda aura de la difficulté à passer à travers, car le vétéran que je suis a trouvé l'exercice des plus fastidieux. La solution ? Réécouter le premier volet, bardé de médailles et d'affronts vertueux, et laisser le second aux mordus d'Americana.

Dommage que je doive être aussi sévère avec cette mouture 2018 d'un de mes artistes américains métalliques favoris. Austin Lunn a un talent immense et un don pour raconter. Assures-toi, cher ami, d'utiliser tes armes avec parcimonie.

Note : 3,5/5.

Podium : (or) "En Generell Avsky", (argent) "Sheep In Wolves Clothing", (bronze) "En Hvit Ravns Død".

Indice de violence
CD 1 : 3/5.
CD 2 : 0/5.

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- Austin Lunn (tout)


- Disque 1
1. Watch The Lights Fade
2. En Hvit Ravns Død
3. Blåtimen
4. Sheep In Wolves Clothing
5. A Ridge Where The Tall Pines Once Stood
6. En Generell Avsky
7. The Singing Wilderness
8. Snow Burdened Branches

- Disque 2
1. The Moss Beneath The Snow
2. The Wandering Ghost
3. Four Walls Of Bone
4. A Cross Abandoned
5. Beast Rider
6. Not Much Will Change When I'm Gone
7. Echoes In The Snow
8. The Itch
9. At The Foot Of The Mountain
10. The Devil Walked The Woods



             



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