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- Style : Blacklodge, Thorns
- Membre : Aborym, Ulver, Borknagar
 

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MYSTICUM - Planet Satan (2013)
Par PERE FRANSOUA le 22 Juillet 2017          Consultée 1576 fois

L'abus de LSD peut provoquer un craquage psychique dont le cerveau ne se remet pas. Dans le milieu on parle de rester "qué-blo" ou "ché-per". Cela peut arriver durant un trip ou bien des années plus tard avec ce qu'on appelle un flashback ou "retour d'acide".
Il semblerait que les Norvégiens de MYSTICUM aient eu une remontée d'acide suffisamment grosse pour reprendre leurs guitares poussiéreuses et réactiver la bête. Mais durant toutes ces années il semblerait aussi que leurs cerveaux fussent restés "qué-blo" dans un délire collectif sur la planète de la défonce et du diable. Une planète où la gravité doit être différente car 18 années sur Terre semble s'être égrenées comme 18 mois tant l'eau - polluée - n'a pas coulé sous les ponts - rouillés - depuis le cultissime premier et unique album "In The Streams Of Inferno" paru en 1996.
Ce nouvel album reprend presque exactement la formule et le style unique pratiqué par le trio infernal. Rien de bien étonnant dès lors qu'on apprend en interview que trois titres du nouvel album datent en fait de la fin des 90s: "Fist Of Satan", "All Must End" et dans une moindre mesure "LSD", ce dernier a été fortement remanié.
Comme celui du Messie, le retour de MYSTICUM était attendu sans que personne n'y croit plus. Mais le miracle est arrivé et le retour se fit en grande pompe avec la réédition remastérisée de leurs précédents méfaits, et la sortie d'un véritable nouvel album longue durée, avec 8 vrais morceaux dedans (dont une outro d'Ambiant spatiale) pour 47 minutes sans aucune pitié.

Le disque commence avec un morceau dont le titre cash résume à lui seul l'esprit du groupe, à la fois hardcore et potache : "LSD", ou "Lucifer In the Skies with Demons" comme il est hurlé dans le refrain, parodiant les BEATLES. Dès que le titre déboule on sait que nos trois amis n'ont pas fait une cure de désintoxication sur l'astre du démon. Au contraire ils reviennent endurcis, comme après un gros Technival intersidéral, et nous envoie un shoot de leur came la plus pure et la plus dure.
Raffinée de longue date leur dope devient claire comme une crystal-meth grâce à une production plus appuyée où l'on ne perd plus aucun détail du bourdonnement des guitares et des froides percussions électroniques qui emplissent nos oreilles. En revanche les vocaux nous surprennent, comme un tonton aux cordes vocales niquées par le tabac qu'on n'aurait pas vu pendant des années. Les cris aigus pleins de reverb sont abandonnés pour se concentrer sur des vociférations plus graves ("LSD", "Annihilation"), simplement Black ("Far" et "Cosmic Gun"), ou les deux ensemble ("All Must End"). On découvre même un drôle de chant poussif quasi Punk sur "Fist Of Satan" délivré par le grand Cerastes.
Cette très légère évolution s'est faite dans la plus parfaite continuité avec "Black Magic Mushroom", leur titre inattendu sorti en 2003, sur lequel on pouvait déjà remarquer cette production plus nette, ces percussions plus piquantes et ces vocaux plus graves.

Je ne sais pas si j'adore ce nouveau disque ou si je le déteste. Mon avis basculant sans cesse entre le plaisir masochiste, l'overdose et la crise de manque. Au-delà du désir fluctuant de se laisser ou pas frapper le cerveau par cette musique de fou il m'est difficile de mettre le doigt dur ce qui me dérange, moi qui suis addict à "In The Streams Of Inferno". Ces airs entêtants hantent mes synapses depuis trop longtemps pour que je ne les trouve pas meilleurs que ceux de "Planet Satan". Ces derniers sont pourtant objectivement bons et deviennent vite prenants (impossible par exemple de résister au terrible "LSD").
Peut-être sont-ce ces nouvelles voix moins aiguës et moins mystiques, plus matures en somme, qui me plaisent moins. Mais là non plus il n'y a rien de crucial ou de rédhibitoire.
En fait je suis gêné par un agrégat d'éléments : les titres sont trop linéaires et n'ont pas ces breaks rafraîchissants et ces nombreux passages mid-tempo bien sentis qui donnaient de l'air au premier album, la production clinique coincée dans les hauts médiums fait cruellement ressentir le manque de basses, un manque de basse qui fait également défaut au niveau des percussions qui sont trop sèches et pas assez technoïdes à mon goût (surtout quand on est habitué à l'art de beat de BLACKLODGE). Leur son qui claque les neurones comme des coups de trique épuise encore plus qu'en 1996 et les arythmies nombreuses nuisent parfois au groove ou à l'impression de vélocité.
La trop sèche sulfateuse percussive qui sert de boîte à rythme règne en maître sauf à des moments notables où les pulsations électroniques sont entraînantes et présagent du meilleur, surtout lorsqu'elles se doublent d'un léger beat ("Annihilation", certaines parties über blastées de "Fist Of Satan"), que le mitraillage prend des allures de panzer digital (refrain de "Far", entrecoupé par des breaks au groove robotique) ou quand des vraies grosses basses distordues de Techno Hardcore nous écrasent la gueule au début et à la fin de "The Ether".

Pour son retour MYSTICUM a donc fait le choix de la radicalité sonique et de l'agression froide. Pour comprendre la pertinence de leur choix il fallût que je découvrisse leurs nouvelles prestations live. Habitué que j'étais à mater les mauvaises captations de leurs concerts de l'époque où les mecs jouaient torse-poil, dreadlocks et cartouchières dehors, avec zéro mise en scène (on retrouvera ces concerts en DVD bonus sur la réédition du premier album chez Peaceville), j'ai été stupéfié par le show proposé pour le retour du trio sur les planches. Cerastes, Prime Evil et Dr Best sont montés en gamme et offrent un spectacle total, inédit dans son genre. Les trois comparses balancent leur purée infernale et sidérante depuis trois promontoires, perchoirs cubiques et monolithiques, avec les guitaristes-hurleurs sur les côtés et celui qu'on entend le moins (le bassiste) au centre. Toute la scène et les musiciens sont noyés dans les images stroboscopiques (dans un noir et blanc minimaliste ) projetées sur le fond comme sur les trois estrades. La radicalité légendaire de MYSTICUM, qui a été encore poussée sur "Planet Satan", prend donc tout son sens en concert et y déploie enfin sa pleine puissance. Je ne peux que vous conseiller de mater les vidéos sur le net(*) pour vérifier mes dires et changer de point de vue sur leur musique.

Devant un tel spectacle, quatre mots nous sautent à l'esprit : inhumain, totalitaire, dépouillé et unique.
Inhumain, comme ces sons cliniques, ces hurlements déclamés avec la régularité d'une horloge et ces guitares tempêtes, abrasives comme un papier de verre à grains extra-fin, qui ne vous laissent pas respirer.
Totalitaire, comme cette boîte à rythme implacable au son incroyablement sec, frappes chirurgicales, véritables marteaux des Enfers modernes, pourvoyeuses de rythmes cassés et syncopés (à peu près partout, mais de façon emblématique sur "All Must End"), parfois de groove minimaliste ou de blast tellement rapide qu'il en devient feutré ("Cosmic Gun"),
Dépouillé, comme ces compositions simples et intenses, vous maltraitant avec le minimum d'éléments, avec pour sous-texte un nuage de riffs Black Metal grands pourvoyeurs d'airs malsains bien trempés dans les eaux maudites des 90s (accords glissés joués "cordes ouvertes" le plus vite possible, faisant disparaître toute rythmique.)
Unique, comme cette formule jamais égalée, restée intacte à travers les années et qui semble seulement s'être encore radicalisée.

18 années pour un comeback, cela laisse bien sûr libre court à toutes les attentes. Le fait que MYSTICUM n'ait quasiment pas évolué sera vu par certains comme une bénédiction, preuve que le groupe, faisant fi des modes, a su rester fidèle à son délire unique, a contrario il sera vu par d'autres comme un ratage où l'on déplorera le manque d'innovation et l'absence de prise de risque, prouvant une fois de plus que l'on ne peut pas être pionnier deux fois de suite. Pour ma part j'accueille avec plaisir ce nouveau bébé tardif et inespéré tout en étant conscient de ses qualités innées et de ces tares.
Était-ce un baroud d'honneur d'un groupe appartenant au passé ou était-ce une vraie résurrection ? Seul l'avenir nous dira si MYSTICUM en a encore dans la seringue. Ils nous ont promis une suite à "Planet Satan" rapidement mais à l'heure actuelle il n'y a rien de nouveau sous le soleil (de Satan).

Peut-être que nos trois mousquetaires de l'extrême se sont déjà envolés à bord de leur fusée acide pour passer un autre cycle spatial sur l'astre de Lucifer dont on ne sait s'ils reviendront un jour. En attendant qu'ils reviennent de leur space-trip diabolique on continuera d'écouter leur musique insupportable pour le commun des mortels, l'addiction pernicieuse faisant son chemin dans votre tête malmenée. Le poison musical deviendra votre réserve d'oxygène pour un voyage au bout de la nuit intersidérale, seul, perdu, à la fois prisonnier et maintenu en vie par son scaphandre astronautique, condamné à dériver vers la Planète baptisé "Satan".


(*)https://youtu.be/mZlT209XXEk

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   PERE FRANSOUA

 
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- Dr. Best (basse, programmation)
- Svartravn / Prime Evil (guitare, vocaux)
- Herr General Cerastes (guitare, vocaux)


1. Lsd
2. Annihilation
3. Far
4. The Ether
5. Fist Of Satan
6. All Must End
7. Cosmic Gun
8. Dissolve Into Impiety



             



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