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BLACK METAL INDUS  |  STUDIO

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1999 Split
 

- Membre : Djevel
- Style + Membre : Thorns, Emperor

THORNS VS EMPEROR - Split (1999)
Par PERE FRANSOUA le 9 Juillet 2016          Consultée 2353 fois

Je vais être direct, ce disque est excellent et indispensable car :
1. il constitue le premier véritable enregistrement studio du groupe le plus culte et le plus influent du Black Metal norvégien,
2. les morceaux cultes tirés des lointaines démos sont réarrangés, remaniés, revivifiés, dans des atours industriels inédits à l'époque,
3. Les conditions même de l'existence du disque sont exceptionnelles et témoignent d'une époque particulière du Black Metal norvégien.

Maintenant je vais être moins direct. Au moment de sa sortie bien des gens se sont dit "beuh, c'est qui ce groupe qui ose partager l'affiche avec le grand EMPEROR". Il fallait faire parti des premiers cercles de connaisseurs pour savoir que tout l'honneur était en fait pour les empereurs. Avec le recul de l'histoire tout le monde peut mesurer la portée de ce drôle de disque.

A la fin des années 90 il y eu une petite mode du split album constitué de reprises mutuelles (chaque groupe reprenant à sa sauce les morceaux de l'autre). Mais dans notre cas c'est plus compliqué: EMPEROR a déjà une discographie fournie (démos publiés, EP et deux magnifiques albums studios) et THORNS n'a rien, si ce n'est quelques démos introuvables. De plus les deux entités, plutôt que d’enchaîner les reprises, en profitent plutôt pour expérimenter ou réenregistrer du matériel.
Pourtant ce disque est fantastique. Mais pourquoi, Père Fransoua?

La star ici c'est THORNS. L'entité de Snorre W. Ruch, jeune homme sympathique et discret, a révolutionné le jeu de guitare et à fait école malgré lui, et ceux en l'absence de tout enregistrement correct. Par le seul truchement de démos brutes de pomme circulant sous le perfecto, les riffs libres et terribles ont influencé tous les futurs ténors du Black local. Ce n'est pas pour rien que l'autre grand responsable du style norvégien, feu Øystein "Euronymous" Aarseth, en a fait un membre d'honneur permanent de l'Inner Circle (Snorre s'étant toujours tenu à l'écart des agissements terroristes de ses camarades). Ce n'est pas non plus pour rien qu'il a incorporé MAYHEM comme second guitariste et a aidé Euronymous à terminer l'écriture de son album maudit "De Mysteriis Dom Sathanas". Malgré toute cette prudence, Snorre est monté un soir d’aout 1993 dans la vieille Golf de Kristian "Varg" Vikernes pour un aller-retour en Enfer, entre Bergen et Oslo, et s'est retrouvé, comme chacun sait, complice du meurtre barbare qui donna ses lettres de noblesse infâme à la scène norvégienne. L’autre membre éminent du groupe est le tristement célèbre Bård G. "Faust" Eithun, qui deviendra le batteur mythique d’EMPEROR, avant de finir en prison pour meurtre.

Puni pour complicité de meurtre (en réalité non-assistance à personne en danger), Snorre purgeait tranquillement sa peine dans une prison à visage humain, comme seul le permet la Norvège, lorsqu'il vit débouler le jeune, ambitieux et très persuasif Sigurd "Satyr" Wongraven, leader de SATYRICON et boss de son petit label Moonfog, des étoiles pleins les yeux, pour lui offrir tout le nécessaire pour faire à nouveau de la musique, lui disant en gros que ce serait un gâchis absolu de son talent unique et que ce serait un crime que de priver le monde de sa musique. Sa cellule fut équipée d'ordinateur, clavier et guitares, et c'est donc en prison que Snorre enregistra sa part du disque (on peut affirmer que sans Satyr, THORNS n’aurait jamais ressuscité.)
Snorre recruta un codétenu compositeur de musique (surnommé SA Titan, un type apparemment borderline et hyperactif mais très doué) pour l’aider au niveau des parties symphoniques.
Cerise sur le gâteau, Snorre a eu l'occasion de socialiser en zonzon avec un illustre prisonnier: Tomas "Samoth" Haugen, qu'on ne présente plus. De là est venue l'idée de croiser leurs travaux, de se reprendre les uns les autres (au niveau musical seulement, bien que l'histoire ne nous dit rien sur ce qu'il se serait produit dans les douches communes à l'époque, car on peut être Trve et aimer les tr... ) et d'expérimenter côte à côte dans une direction musicale fraîche et plutôt provocante à la fin des 90' (où régnait le Black Sympho).
La musique ainsi joué sur ce split est résolument industrielle, souvent électro et parfois symphonique. Il s'agit plutôt de l'esprit de THORNS qui a déteint sur EMPEROR qui se met à faire dans le remix ambiant-industriel.

Ce disque singulier présente deux version du titre mythique "AErie Descent", dont la genèse remonte aux fameuses "Grymyrk tape", enregistrements d'une répétition sans batterie ni vocaux, datant de 1991, d'abord intitulé "Home", puis remanié l'année suivante sur les "Trøndertun tape", cette fois avec un bassiste et un batteur de fortune (les membres "officiels" étant difficiles à réunir).
"AErie Descent" est labyrinthe sonore, chaque changement est inattendu, les riffs vicieux et les cascades de tremolos dissonants sont délivrés par une guitare au son ultra fuzzy mais puissant et affirmé (chaque note est audible). Le mid-tempo domine mais l'ensemble n'a pas peur de ralentir encore plus, créant des contrastes saisissant entre une rythmique lente et lourde et les envolées de trémolos supersoniques.
Sur ce split, Snorre se ré-empare donc de son petit chef d'œuvre de Black non-conventionnel sans modifier sa structure mais en lui insufflant une dose d'indus (batterie programmé, bruitages) et l'accompagnant de claviers symphoniques. Les textes sont déclamés de façon magistrale par la voix martiale et haineuse de Satyr. Ainsi revigoré, "AErie Descent" est un pur moment de jouissance.
La seconde version proposé sur le disque est une reprise en bonne et due forme par EMPEROR, classique et identique à la version de la "Trøndertun tape" de 1992 (pas d'éléments symphoniques ou indus), elle est parfaitement exécutée, avec une production idéale.

Le morceaux "Funeral Marches To The Grave" repris également de la "Trøndertun tape" devient ici "Melas Khole", un autre chef d'œuvre de Black versatile aux climats lourds et aux guitares formidables. Le titre est totalement passionnant, de son intro indus-ambiant à ses descentes notes sadiques en trémolo picking. Dans la même veine que "AErie Descent", les éléments symphoniques en moins, le morceau propose la même ambiance (oppressante) et le même rythme (pesant et lent). Les textes cyniques ("Hope is a serum that never heals") sont toujours déclamés par le maître de SATYRICON.

Le seul titre vraiment inédit est "The Discipline Of Earth", dont le style annonce déjà l'album tant attendu qui sortira en 2000, alors qu'il a été écrit avant l'incarcération.
Plus court, plus efficace, plus rapide, le morceau est un coup de fouet de Black Metal Indus martial et déstructuré, et qui s'offre le luxe d'un passage ambiant minimaliste entre deux salves. Les riffs développés ici sont dans la veine de ceux à venir sur le premier (et unique) album éponyme, et dont l'ami Teloch s'inspirera fortement sur "Esoteric Warfare" de MAYHEM des années plus tard: une rythmique cordes étouffées rapide qui se termine par un arpège dissonant (le tout poussé par une batterie martiale et arythmique).

A ces trois excellents titres s'ajoute la reprise de "Cosmic Keys To My Creation And Time" de EMPEROR. Pas la peine d'espérer une reprise classique respectant l'œuvre originale, comme à son habitude Snorre a totalement détourné la chose et leur fait carrément un enfant dans le dos. Prenant le titre sous un angle scientifico-philosophique, il tord le coup habilement aux textes Heroic-Fantasy puérile de sorcier maléfique qui a découvert la clé des secrets de l'univers. Reprenant le discours à la première personne, le nouveau texte déclamé posément par Satyr affirme avoir trouvé lui aussi la clés des secrets de l'univers: principes du déterminisme, le temps est mouvement, la vie est répétition d’habitudes.
Musicalement la reprise va encore plus loin: Snorre fait se répéter en boucle un riff de la chanson, joué très lentement et laissant toute sa place aux grésillement de la disto, le tout sur fond de Dark Ambiant minimaliste. Le pied-de-nez est total mais le titre est réussi.

La version rééditée par Peaceville (alias les champions de l'exploitation des trésors perdus du Black norvégien, en particulier du catalogue de Moonfog) est agrémentée du titre "You That Mingle May", repris de la "Thule Tape" de 1992 (dernière démo connu du groupe, en fait un enregistrement d’une répétition), réenregistré à l'occasion de la compilation "Moonfog", et performé par Snorre, Satyr et Monsieur Fenriz à la batterie. Cette chanson, d'un intérêt mineur, à l'apparente simplicité, enchaine les riffs dissonants et les rythmes en contretemps.
Pour finir la version de Peaceville nous gratifie de deux versions tirés du mixage en pré-production, sans les vocaux, de "AErie Descent" et "The Discipline Of Earth".

Je crois que je vous ai tout dit. Ah, non! J'ai oublié de vous parler des morceaux de EMPEROR! Blague à part, leur participation est plus là pour agrémenter les titres de THORNS. Mis à part la reprise classique mais bonne de ""AErie Descent", la contribution des Empereurs se limite à 3 pièces électro-indus correctes et à une version symphonique de "Thus Spake The Nightspirit" entièrement jouée aux claviers, sympathique mais qui dénote avec l'ensemble.
On sait que nos Empereurs ont eu peu de temps à consacrer à l'exercice et que, comme d'habitude, c'est Ihsahn qui a tout fait.

Ce drôle de split n'en est pas vraiment un. Il est avant tout un prétexte pour sortir du matériel de THORNS, qui était resté totalement inconnu du grand public jusque là, et de le présenter dans des atours nouveaux. L'ensemble annonce la tendance indus/électro/avant-garde/urbaine qui caractérisera le Black Metal proposé par les groupes de l'écurie Moonfog au tournant du millénaire, à commencer par le "Rebel Extravaganza" de SATYRICON, puis GEHENNA et DØDHEIMSGARD.

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   PERE FRANSOUA

 
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- Thorns##
- Snorre Ruch A.k.a S.w. Krupp (guitare, programmation, claviers)
- Satyr (vocaux)
- Sa Titan (programmation)
- Emperor##
- Ihsahn (guitare, basse, vocaux, claviers, programmation)
- Samoth (guitare)
- Trym Torson (batterie)


1. Exördium (emperor)
2. Ærie Descent (thorns)
3. I Am (emperor)
4. Ærie Descent (emperor, Reprise De Thorns)
5. Thus March The Nightspirit (emperor)
6. Melas Khole (thorns)
7. The Discipline Of Earth (thorns)
8. Cosmic Keys (thorns, Reprise De Emperor)
9. You That Mingle May (thorns)
10. The Discipline Of Earth (thorns, Pre-production Mi
11. Ærie Descent (thorns, Pre-production Mix)



             



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