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NWOBHM  |  COMPILATION

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2015 Save The Khan

TRIARCHY - Save The Khan (2015)
Par CITIZEN le 28 Novembre 2016          Consultée 1824 fois

On essaye de vous vendre tous les groupes de NWOBHM comme n’ayant pas besoin d’être présentés, les vrais savent, de toute façon ceux qui y étaient s’en rappellent, et tout ça. Pourtant si la deuxième division "établie" de la NWOBHM, malgré ses galères et son enlisement rapide, connaît aujourd’hui une large reconnaissance du public averti au-delà de la petite île britannique, la majorité des bidasses du genre reste plongée dans les ténèbres, n’ayant jamais sortie d’album et incarnant le fonctionnement essentiellement underground du mouvement, à coups de concerts endiablés dans les bars de tous les recoins de l’Angleterre et de quelques singles brillant un court moment au sein d’une production pullulante. Comment choisir quoi chroniquer là-dedans, étant donné que la plupart arrêtent leur rattrapage métallique à IRON MAIDEN et autres trucs du socle commun comme un alibi Heavy Metal entre deux groupes de Black/Core/Gaze, préférant explorer l’underground actuel que l’underground du passé ? Figé dans une stase éternelle, des centaines de singles attendent désespérément d’être dépoussiérés par de gentils labels qui donnent à cette première génération de combos empreints de la vertu métallique la plus inflexible qui soit la modernité méritée. Et d’ouvrir des archives et de présenter aux hardos qui n’en demandent pas tant moults archives jamais entendues auparavant.

TRIARCHY est un groupe issu de l’école la plus primitive de la NWOBHM, formé en 1972 (!) et ayant commencé à sortir sa musique avant que les groupes anglais se divisent entre les poids lourds et la majorité laissée pour compte qui devait vite péricliter. Il était envisageable pour TRIARCHY de se faire un nom dans ces circonstances et le groupe tente naturellement de passer en force à l’aide de singles mémorables et sont donc avant tout des songwriters motivés par la production de chansons toutes extrêmement fortes et sans fioritures, aucune trace de concept ou de conneries et un côté garage et heavy mal luné et puissant qui n’empêche pourtant pas le groupe de faire étal de sa dextérité. Il n’y a limite pas besoin de s’étendre sur les chansons autre que le single principal mais pourtant le répertoire de TRIARCHY est assez fort pour nécessiter de détailler un peu sa musique au-delà de son premier effort. Mais "Save The Khan" domine tout de même en maître. Save the Khan, save the khaaaaan, haaaaanhaan !

Contrairement à la compilation sortie précédemment sur le même label, cette nouvelle anthologie présente en avant-garde le single essentiel du groupe qui fait usage d’emblée de la force de composition et la spontanéité rafraîchissante typique d’un morceau de NWOBHM. "Save The Khan" n’est certainement pas le meilleur morceau de Heavy ni de hard du monde mais qui ira s’en plaindre ? Qui ne se sent pas pousser des étriers et chevaucher le vent qui vous met des tartes à la gueule à travers toute la steppe épée brandie vers le danger et l’inconnu en gueulant "Save the Khan, haaaan-haaaaan, save the Khan !" avec cette voix nasale grise comme un brouillard à dissiper à grands coups de sabre, sans préoccupation, sans effets excessifs, un appel serein, convainquant sans aucun mal. Une basse musclée, une batterie qui communique un appétit de liberté insatiable, imprévisible et qui vous éclate sous ses contre breaks ravageurs comme sous les sabots de la Horde Dorée. un single excellent, qui ne paye pas de mine mais qui recèle d’une fraîcheur et d’une majesté impériale sous son austérité apparente. Et que serait un groupe de NWOBHM sans un single remarquable ? Pour TRIARCHY "Save The Khan" est clairement ce morceau-là et ils s’en rendent bien compte. Merci à eux pour nous faciliter la tâche (et merci pour cette putain de chanson).

La suite est beaucoup plus variée et semble couvrir une bonne partie des errances stylistiques de la NWOBHM, entre des chansons extrêmement plombées (presque anachroniques en fait) et d’autres tubes du même calibre, cependant pas rassemblés dans une logique de continuité stylistique. Pas de face complètement heavy rentre dedans donc ni de face purement doomisée, on pioche au petit bonheur ce que TRIARCHY a fait dans la clandestinité qui méritait de ressortir, puisque la discographie officielle du groupe tient sur deux singles, une démo ainsi que quatre morceaux entièrement inédits. Le groupe est inspiré dans la plupart de ses idées et ce manque de cohérence permet une écoute assez légère en passant de l’un à l’autre et en se vidant un peu la tête des chansons les plus heavy et hargneuses ("Metal Messiah" et ses riffs tourmentés, à noter que le chanteur y prend des accents évidents de Bobby Liebling !) où l’assaut purement Metal prend forme aussi bien grâce à un certain acharnement rupestre qu’à un son intense supérieur à celui de certains albums de cette même époque et qu’à un chanteur possédé, en un contraste saisissant avec l’image du groupe à cette époque indécise et conquérante (le batteur encravaté, les coupes à la Beatles !!).

J’ai plus de mal à choisir un morceau favori après son ouverture magistrale. Il y a de quoi prendre sur chaque chanson et la grammaire du groupe comprend une étendue d’ambiances assez large. Les claviers sur "Juliet’s Tomb" renvoient à des groupes qui tâtonnent entre mélodies, prog, hard burné et soli pré-métalliques très inspirés tels que MARQUIS DE SADE (sans doute d’autres chez les plus gentils de cette scène) et avec une voix plaintive et torturée cette chanson plus dramatique fait office de contrepoint parfait à sa A-side vaillante et débridée. "Marionnette" reprend le versant plus gentil et tubesque.

Finalement c’est la conclusion de la compilation qui apporte peut-être le morceau le plus formidable, épique et mélancolique à se maudire, cette chanson "Hiroshima" a été d’ailleurs enregistrée en 1995 plus de dix ans après les autres morceaux, apparemment dans une session à l’occasion d’une première compile mais les infos sont rares. Une chanson impressionnante et pleine de maturité qui offre une sorte de suite logique plus débroussaillée et plus maîtrisée à tous les essais les plus massifs et distordus qu’on trouve parmi les anciens morceaux du groupe. Une manière de refermer l’histoire de celui-ci en présentant en tout dernier un morceau qui fait pâlir le single initial par son intelligence et ses rebondissements. TRIARCHY, un ex-groupe à suivre parmi tous ses pairs donc. A défaut de voir une suite, cette compilation honore déjà bien ce combo et est recommandable pour tout fan de vieux Heavy Metal embrumé et sans conneries avec à la fois quelques réminiscences un peu kitsch et le son plombé à fond qui allait devenir la norme.

Encore un album qui va vous faire dire "putain, comment on est passé de ça à SA***ON ? ", à juste titre. Sans doute mineur à tous les points de vue, TRIARCHY n’en est pas moins un groupe qui retiendra l’attention de tous les explorateurs intrépides du passé. Et si y a moyen de créer un paradoxe temporel et d’avorter tout le hellfestcore de notre ère c’est pas moi qui vais le regretter.

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- Mark Newbold (batterie)
- Mike Wheeler (chant, synthé, basse)
- Graham Legg (guitare)


1. Save The Khan
2. Juliet's Tomb
3. Metal Messiah
4. Sweet Alcohol
5. Hellhound On My Trail
6. Play To Win
7. Wheel Of Samsara
8. Rockchild
9. Ghost Of An Emotion
10. Marionette
11. Before Your Very Eyes
12. Hiroshima



             



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