Un des combos les plus prometteurs en Black Atmo/Pagan reprend du service en ce début 2016 avec ce qui DOIT être un "statement" comme disent les Anglais. Une pierre d'accise, un poing sur la table, le bon choix à la croisée des chemins, appelez ça comme vous voulez. Car avec l'inégal "Horizons Low", son deuxième skeud, le Finlandais DRAUGNIM avait déçu mes attentes élevées issues de son génial tremplin, "Northwind's Ire". Il m'avait tout de même ravi avec le long morceau de clôture "Bastion", que j'avais couronné comme meilleure pièce de 2010.

Partons de là, si vous le voulez bien, soit un groupe bourré de talent qui peut à l'occasion manquer d'inspiration lorsque le temps de la mêlée a sonné.

À six plages, "Vulturine" ne pouvait se permettre les mêmes largesses que sur "Horizons Low". Certes, il se devait d'être généreux, tout en ajustant le principal défaut du précédent : le manque de constance. Il n'y a rien de pire qu'un album inconstant. La pop déborde de ce genre de nanars sur lesquels on retrouve une ou deux bonnes chansons et basta.

Alors ? Ça prend de la patience, bien du courage et un certain parti pris pour accorder notre bénédiction à DRAUGNIM, mais au final, on se retrouve avec un album très bien réussi. Est-ce que le potentiel de revenez-y est puissant ? Pas certain. Mais si je note en fonction du présent et que je laisse mes guêtres de devin au vestiaire, je dois avouer que "Vulturine" renferme suffisamment d'atmosphères accrocheuses pour potentiellement marquer une majorité.

Et non seulement est-il homogène dans la qualité, mais il recèle une variété d'ambiances couvrant toute la gamme des émotions chevaleresques. Il y a de l'offensive dans ce Pagan Black, mais énormément de mélancolie et de regrets, un filin d'espoir, mais on sent bien que le climat est pesant, larmoyant. "Vulturine" est littéralement ce vautour planant au-dessus du champ de bataille rougi par la bêtise des hommes, témoin de morts innocentes laissant dans le deuil femmes, enfants et nation. DRAUGNIM joue ainsi les bardes racontant les vains exploits des cottes de maille ou des peaux de bête, dont les lames se sont entrechoquées pour masser l'orgueil des chefs, dont la haine et la soif de pouvoir ont mené leurs troupes à la perdition. Ce sont évidemment des tableaux familiers pour les fans d'univers épiques, aussi essaierez-vous de mettre le doigt sur les nuances dans la musique des Finlandais afin d'étancher votre désir de conquêtes.

DRAUGNIM n'est pas unique ni le premier à marier grandiloquence des synthés lyriques et des guitares mélodramatiques dans un écrin en acier trempé. Ça riffe et ça frappe en terrain connu, ça beugle comme un troupeau déjà dompté, mais merde, si on fait abstraction de ces stéréotypes et qu'on plonge dans cette grisaille poignante, on fait un sacré voyage.

Autre point majeur : la production d'Henri Sorvali est moins claire que sur "Horizons Low" et se rapproche ainsi des standards du Black Atmo guerrier. Il s'agit d'un excellent choix de DRAUGNIM, qui lui vaut les quatre étoiles. Avec des morceaux de taille tels que "That Name Is Hate", "A Passage In Fire" et le duo de choc de la fin, les Finlandais réussissent à planter leur olivier dans l'allée des justes.

Mais bordel que ce ne fut pas aisé de leur décerner ces louanges. Surtout que je suis persuadé que plusieurs ne leur accorderont pas ce mérite en les taxant de sous-MOONSORROW. Allons, allons, ne nous énervons pas et rendons à DRAUGNIM ce qui lui appartient : une victoire sur le rude champ de bataille du Black Atmo.

Podium : (or) "Drums Of Black Death", (argent) "A Passage In Fire", (bronze) "That Name Is Hate".