Deuxième pause de son groupe, deuxième album solo donc… Richie Sambora est un musicien doué, doublé d’un homme sympathique, toujours enclin à rencontrer des fans lorsqu’il est disponible.
Produit de main de maître par le légendaire Don Was, grand spécialiste de la guitare et homme de l’ombre des ROLLING STONES, "Undiscovered Soul" s’avère être un album plus que plaisant.

Aux antipodes ou presque de son premier opus sorti en 1991, celui-ci est beaucoup plus orienté Rock grand public, avec un penchant « larger than life » proche de TOM PETTY, voire d’un LYNYRD SKYNYRD par moments, notamment sur le très roots "If God Was A Woman". Et pourtant les textes sont très personnels.

Affichant clairement une volonté de renouer avec le succès commercial, avec l’omniprésence de compositeurs extérieurs et la crème des musiciens de studio, le guitariste s’aventure ici dans un registre Rock américain pur jus, bien gras aux encablures. Il excelle d’ailleurs dans cet exercice où il peut se lâcher complètement vocalement et musicalement tout du long de l’album, et particulièrement sur "Chained", où il éructe comme un chanteur. Je le taquine volontairement car il a suivi des cours de chant en amont de la réalisation de ce projet, pour être plus à même de canaliser sa voix. Non pas qu’elle soit mauvaise, elle est même très appréciable, mais le musicien a toujours été un « backing vocaler », ben quoi je dis ce que je veux ! Le résultat est plus que satisfaisant, d’autant que son timbre est à la fois chaud, rauque, et très saisissant. Jetez une oreille sur la « masterpiece » "Who I Am", au titre duquel tout musicien se pose la question… Privilégier le doute sera toujours la meilleure option et Richie l’a bien compris. Quelle décharge émotionnelle, quelle rage déployée, écoutez-là, vous en aurez vous aussi la chair de poule, à n’en point douter. Qui suis-je, dit-il, tandis que sa guitare tour à tour pleure, chante, sifflote…

Richie fait ici la pluie et le beau temps, enfin la plupart du temps dirons-nous. A ce titre, le title-track "Undiscovered Soul" est d’une réminiscence toute trouvée d’avec "I Believe" De BON JOVI, parue en ouverture du cultissime "Keep The Faith", tant son tempo et sa trame en sont similaires. Le son caractéristique de l’ère bénite "These Days" en sus… Le bas blesse en revanche sur les balades, à l’instar des très attendues "Fallen From Graceland" et "Harlem Rain", sympathiques tout au plus… Adoptant la majeure partie du temps un son clair, le « Jersey Man » s’en tire avec les honneurs sur les deux singles "Hard Times Come Easy" et "Made In America", plus que corrects et efficaces mais qui ne rendent pas suffisamment justice au talent du bonhomme, énorme mais fait de plein de paradoxes qui font son charme… Alors oui, Richie n’est jamais aussi bon que lorsqu’il officie en tant que bras droit de luxe de son despote de chanteur, mais qu’importe…
Il aurait sans doute pu devenir un requin de studio, au vu de sa dextérité et de son talent, mais sa sensibilité exacerbée l’en a probablement empêché…
Personnage attachant, il restera un acolyte fidèle et loyal à son groupe, à son patron relativiserons-nous, pendant près de trente ans, et c’est déjà beaucoup.

Victime collatérale de la maladie commune des chanteurs et de ses propres faiblesses comportementales, le génial guitariste n’a pas dit son dernier mot, et il est fort à parier que nous le retrouverons bientôt dans les bacs et sur les plate-formes de téléchargement. On sera là Richie, ne t’inquiète pas.