L'inénarrable CC Deville... Mais oui, le guitariste complètement dingue et ingérable de POISON !
Comment ne pas se souvenir de ses clashs récurrents d'avec son chanteur, le non moins célèbre Bret Michaels ? Que ce soit dans les backstages ou même sur scène ou les meilleurs ennemis se jettent volontiers l'un sur l'autre. A l'époque fraîchement récupéré par ses collègues après des années d'errances narcotiques, CC revient à la Musique encore plus déglingué qu'avant, la cocaïne à haute dose ayant sans doute causé des dommages irréversibles sur son cerveau déjà bien malade...

Après un album de retrouvailles live agrémenté de cinq inédits en 1998 avec POISON, et avant un véritable album studio qui paraîtra en 2002, le très médiocre "Hollyweird", le musicien peroxydé monte un projet appelé SAMANTHA 7, en trio avec le bassiste Kryss Barrato et le batteur Francis Ruiz. Avec l'aide non négligeable du culte John Kalodner qui les aidera via la remise en route de son label « Portrait » à trouver un deal avec Sony Music pour les distribuer, les trois loustics vont pouvoir écumer les salles de concerts de l'oncle Sam et de l'Angleterre.

Souvent nommé dans la catégorie « pire guitariste de tous les temps », Deville n'est pourtant pas le manchot du Rock, mais sa personnalité imprévisible et infantile aussi n'aide pas ses nombreux détracteurs à changer d'avis à son égard. Azimuté à tous les étages, il gâche trop souvent son jeu de guitare en voulant toujours en mettre plein la vue, alors qu'il est un parfait guitariste de groupe, d'une grande capacité d'adaptation et assez complet lorsqu'il veut s'en donner les moyens, c'est à dire en temps normal. Sauf qu'il n'est jamais plus dans son état normal depuis quelques années (sic).

Cet album éponyme de SAMANTHA 7 est toutefois une grande réussite, qui déploie un Heavy-Rock brut et sans concessions, bourré de mélodies imparables, rappelant en plus moderne bien sûr le premier méfait de POISON, "Look What The Cat Dragged In", dont CC en a été le principal compositeur. Car il faut dire que même si les crédits ont toujours été collégiaux au sein de son groupe de cœur, il est le compositeur le plus talentueux du groupe, un mélodiste hors-pair.

Le trio fonctionne bien et les titres s'enchaînent avec un bel entrain, "Framed" et sa sonorité Glam 70's étant une parfaite entrée en matière. Moins de 3 minutes au compteur, concis et efficace comme un T REX de la grande époque. Marc Bolan aurait certainement applaudi en souriant !
Les textes sont assez drôles, relatant tour à tour la superficialité de la vie d'une Rock-Star, comme sur le satirique "I Wanna Be Famous", et la rédemption d'un homme faisant face à ses démons avec le très Heavy "Bury Me", sans doute le titre le plus réussi de l'album...
CC est un artiste attachant, bourré de défauts évidents, mais dans le même temps capable d'avoir beaucoup de recul sur lui-même, n'hésitant jamais à se mettre en scène pour se ridiculiser de la plus belle des façons. Il n'y a pas beaucoup d'Artistes, à fortiori américains qui seraient capables d'une telle audace, tellement confiants en eux qu'ils sont ! La fragilité et le doute permanent sont pour moi les qualités intrinsèques d'un Musicien, qui se cherchera toute sa vie...

On redevient plus léger avec "Good Day", où l'on voit le guitariste se remémorer sa jeunesse, tout en sachant pertinemment qu'elle ne reviendra jamais sonner à sa porte. Un bon titre qui l'interroge aussi sur son incapacité à mettre sur le papier ce qui résonne dans sa tête, où le syndrome de la page blanche... Quel musicien n'a pas connu cette étape plus que frustrante ? Aucun.
Sa voix n'est certes pas des meilleures, canardeuse et irritante la plupart du temps, mais un auteur chantant ses propres textes aura toujours plus de saveur qu'un simple interprète...

Alors que le futur de POISON est compromis à cause de son blond chanteur, qui préfère se consacrer à sa carrière solo, faite désormais d'albums de country-Rock, lorsqu'il ne revisite pas les hits de son groupe en les dénaturant totalement, les musiciens restants se retrouvent épisodiquement pour jouer avec un autre chanteur. Le batteur Rikki Rocket ayant d'ailleurs crée un projet musical du nom de DEVIL CITY ANGELS, chronique à suivre prochainement sur NiME !!!

"Samantha 7" est donc un excellent disque de Heavy-Rock simple, sans prétention, d'un format court, mais particulièrement efficace. Des chansons entraînantes, dépourvues de négativisme, pleines de vie. Un trio complice très à propos qui dégage une fraîcheur et une authenticité qui se fait rare de nos jours. Un très bon disque de Rock qui envoie valdinguer les discours et autres revendications sociales. Du divertissement pur et dur, de l'entertainment comme y disent !