Après un "Immerse In Infinity" des plus balèzes sorti en 2009, les Polonais de LOST SOUL daignent enfin nous présenter son successeur. Arrivé près de 18 mois après sa date de sortie prévue, "Atlantis" avait la lourde responsabilité de devenir l'album de la consécration pour ce groupe méconnu.

La tâche s'annonçait lourde et pas remplie d'avance, surtout qu'"Atlantis" est un album-concept sur un des mythes les plus fascinants, celui de l'île supposément engloutie dans la Grèce antique, dont Platon a immortalisé le récit. La table était donc mise pour une potentielle odyssée épique dont les relents passés nous éclaboussent l'imaginaire encore aujourd'hui. Deux commandes se dressent alors : celle d'un album aussi puissant que "Immerse" et un contenu à la hauteur de la fresque imagée sur la pochette.

La marchandise est livrée à 75%.

Réglons la question de la thématique, car c'est principalement là que les Polonais perdent des points. La facette homérique de l'ensemble n'est pas exploitée comme on était en droit de s'attendre. Non pas qu'on doive placer la barre très haute, surtout que le groupe n'est pas reconnu pour ce genre de démonstration, mais quand même… Quelques petites notes colorées et ethniques ici et là et des chœurs passionnants ne peuvent remplir toutes les cases. Désolé. Surtout que ce que je retiens le plus de mon aventure sur "Atlantis" est le riffing nerveux « à la suédoise », les soli de malade et la batterie, qui m'avait déglingué sur "Immerse".

Parlons-en de ce brio des zicos. Il permet à l'album de se sauver avec les quatre étoiles, car si la cible a été partiellement atteinte au niveau des atmosphères, la furie que déclenche la bande à Jack Grecki est à encaisser avec un gilet pare-balle. À la limite du Death Mélo, du Death Brutal et du Death Technique, la musique de LOST SOUL est une vraie tempête. OK, les puristes trouveront que le duo de guitaristes en met parfois trop en faisant chuinter les cordes pour rien, mais cette hyperactivité rend ce Death pétillant et surtout, lui injecte une profondeur inouïe. Déjà que le disque est passablement long pour ce genre de Metal, la qualité des lacérations ruant fort dans les aigus et bourdonnant comme un essaim entier, vous fera saigner tous les sens. Et encore, vous n'avez pas juxtaposé les pioches de dactylo de Garofoli, qui s'avère ici un remplaçant à la hauteur. Bref, pour la maîtrise du style, on flirte avec la perfection et on ne s'ennuie pas trop.

Je reste toutefois sur ma faim, car les plus suédois des Polonais semblent parfois s'égarer dans les méandres de leur idée de départ. Dommage, il n'aurait pas fallu tant d'ajouts que ça, un minimum aurait suffi à contenter la fine bouche que je suis lorsqu'on me placarde un concept mortel devant les yeux. "Atlantis", ce mini-éléphant blanc…

Petite déception donc que cette galette, à moins qu'on entame notre découverte du groupe avec cet "Atlantis". Mais je dois remettre le tout en contexte, car pour un cinquième album, étant donné le talent évident du quatuor, on aurait pu peindre le paysage avec plus de ferveur.

Une version deluxe avec trois titres supplémentaires vous permettra de pousser l'expérience au maximum. Perso, après dix baffes, j'étais k.o.

Note réelle : 3,5/5, arrondi à 4 parce que c'est, vous le savez maintenant, encore bien foutu.

Podium : (or) "The Next Generation", (argent) "Hypothelemus", (bronze) "Atlantis".