Mes plus plates excuses pour le retard pris dans la rédaction de cette chronique de l'excellent troisième album des Canadiens de BOREALIS, mais si cet album m'a instantanément plu, c'est par l'entremise de Stan W Decker, ami designer en vogue qui a réalisé l'artwork sobre et remarquable de "Purgatory", qui m'a conseillé d'écouter ce groupe qui avait a priori tout pour me plaire. Mon histoire avec la bande de Matt Marinelli aurait pu commencer plus tôt pourtant, quand au PPM Fest, le chanteur, qui se produisait déjà avec BOREALIS, participait surtout à un concert spécial d'EPYSODE où la totalité des protagonistes étaient présents. J'avais ce soir-là été particulièrement embarrassé pour le jeune homme qui souffrait de problèmes de micro particulièrement sévères (cf le report du PPM FEST 2014 publie en ces pages). Mais il fallait d'abord que je me familiarise vraiment avec la musique du combo qui comptait déjà deux albums.

BOREALIS a sans doute parfaitement intégré les réserves que je n'ai sans doute pas dû être le seul à émettre concernant "Fall From Grace", peut-être en avait-il même conscience lui-même. Toujours est-il que "Purgatory", qui s'ouvre sur une ambiance glauque de fin de vie (à l'image du "8 Deadly Sins" de MANTICORA dans un genre un peu différent), corrige allègrement les défauts de son deuxième album. Chaque titre est puissant, les riffs sont gras, groovy surtout, l'intelligence de composition a savamment dissimulé les subtilités rythmiques de "My Peace" par exemple pour que l'attention de l'auditeur reste focalisée sur l'essentiel : une mélodie porteuse savamment arrangée et orchestrée.

Pas un seul titre à jeter sur cet opus, une concision bienvenue qui rend l'album à la fois très digeste et catchy au possible. Le chant, à l'image des autres instruments, se fait plus versatile, et l'intensité des lignes vocales rapproche encore le groupe d'EVERGREY. Mais cette fois-ci, l'élève a rejoint le maître ; les claviers inventifs de Sean Werlick n'ont rien à envier à ceux de Rikard Zander, son homologue suédois, et les soli mélodiques et sentis rappellent les plus belles heures de "Recreation Day".

Difficile de sortir un titre du lot, même si "From The Ashes" ou "My Peace" ont peut-être ce petit quelque chose de spécial qui les rend attachants. "Purgatory" devrait figurer en bonne place dans les référendums de cette fin d'année, car dans le genre Progressive Power Metal on n'a pas eu d'albums de cette trempe à se mettre dans les feuilles. Ce genre de disque d'une jeune formation fait du bien, car si l'alliage de ce Dark Heavy Metal moderne hérité d'EVERGREY, qui peut être en lui-même un gage de qualité, et de la réappropriation d'un lointain passé symphonique fonctionne à merveille, c'est parce que BOREALIS le peaufine depuis 2009. C'est l'alliage créé et maîtrisé par les Canadiens qui donne son cachet à cet album.

"Purgatory" fait vraiment du bien dans le Heavy, car il prouve que tout en étant profondément marqué par l'une de ses influences, son héritage unique lui permet encore de dégager sa personnalité et de parvenir à écrire de beaux morceaux de Metal Prog avec.